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Se souvenir : les histoires de famille


« Se souvenir : les histoires de famille » est le dernier thème de cette exposition virtuelle. Il réunit les descendants de plusieurs immigrants de la Famine, tels que Bridget Ann Treacy, Margaret Conlon, Sarah Kaveney, ainsi que Rose et Barney Murphy, qui survécurent aux naufrages des bateaux Carricks et Hannah. Tous ont refait leur vie au Canada et en Ontario. Ce dernier thème met l’accent sur l’importance que revêt, pour les descendants d’immigrants de la Famine, la vie de leurs ancêtres, les souvenirs familiaux ou même certains objets significatifs. Les descendants partagent des histoires et un patrimoine semblables. Cette richesse mémorielle, transmise de génération en génération, est précieuse. La mémoire de 1847 et les histoires transmises depuis l’arrivée des immigrants irlandais sont importantes pour leurs descendants. Ce thème montrent comment les ancêtres sont parfois rappelés à la vie, aujourd’hui encore, grâce à des performances théâtrales, des discours, des chansons en langue gaélique irlandaise, des tatouages gravés sur la peau, des recherches de pierres tombales, etc. La résilience et la persévérance démontrées par les immigrants de la Famine sont source d’inspiration. La résilience remarquable des femmes immigrantes est d’ailleurs fréquemment soulignée par plusieurs de leurs descendants et descendantes.

Photographie en noir et blanc d’une jeune femme aux yeux bruns perçants, vêtue d’un bonnet et d’une robe foncée, épinglée par une broche et aux manches blanches.
Bridget Ann Treacy, « La Belle de Whitby ».

Des ancêtres inspirants :
« La Belle de Whitby »

Terry Smith se souvient de son ancêtre Bridget Ann Treacy, dite « La Belle de Whitby » et dévoile une carafe dorée, patrimoine matériel familial, apportée par Treacy, de l’Irlande jusqu’au Canada en 1847.

Bridget Ann Treacy est montée à bord du Jane Black avec sa sœur et sa tante, depuis Limerick jusqu’à Québec en 1847. Elles se sont établies à Whitby, en Ontario, là où Bridget est devenue infirmière. Elle était connue comme « La Belle de Whitby ». Son arrière-petite-fille Terry Smith chérit le portrait de son ancêtre ainsi que la carafe dorée qu’elle amena « comme souvenir de l’Irlande ». « Selon moi, notre patrimoine et notre histoire familiale tiennent dans cet objet », dit-elle, et « illustre aussi à quel point les familles ont su passer à travers les épreuves en émigrant de l’Irlande. » Bridget Ann Treacy a survécu à la traversée durant le temps de la Famine, mais son frère John fut laissé derrière et « fut perdu de vue pendant la cohue de l’embarquement sur les bateaux. » La seule archive qui le retrace est son baptistère, daté du jour de la Saint-Patrick 1842. Cela corrobore les informations, transmises de génération en génération et voulant qu’il se soit égaré sur les quais de Limerick au moment de l’embarcation. Malgré tout, le souvenir John est resté vivant dans la mémoire des descendants de sa sœur Bridget.

Bridget Ann Treacy a été enterrée au cimetière St. Michael, au centre-ville de Toronto. Cet endroit tranquille est rarement ouvert au public, mais Terry Smith a pu y accéder. Se tenant près de la pierre tombale de son ancêtre, elle raconte : « Bridget Ann symbolise notre famille, notre force et le respect que nous portons aux valeurs comme l’amour et le sens de la famille. C’est tout ce qu’une femme peut symboliser en une seule personne. J’y pense souvent lorsqu’il m’arrive des pépins. Je repense à ce que sa vie a pu être. Elle occupe une place spéciale dans mon cœur et dans le cœur de tous les membres de notre famille. Nous sommes vraiment chanceux de pouvoir se tenir près de sa pierre tombale aujourd’hui. » Le portrait de Bridget Ann Treacy et la carafe centenaire transmettent, en eux-mêmes, la mémoire familiale, selon Terry Smith. Elle s’inspire de son ancêtre et du legs de « la Belle de Whitby » lorsque surviennent des temps difficiles.

Terry Smith au cimetière St. Michael de Toronto, sur la tombe de son ancêtre Bridget Ann Treacy, partie de Limerick et arrivée au Canada, à bord du Jane Black, en 1847.

Des ancêtres inspirants :
Margaret Conlon, une orpheline de la Famine

Texte inscrit en blanc, sur une surface vitrée qui reflète le ciel bleu et les branches d’un arbre. Le nom de Mary Conlan (Blair) est visible parmi ceux qui y sont inscrits.
Le nom de Mary Blair Conlon inscrit sur le mémorial en verre dédié aux Irlandais et Irlandaises, Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais.

Brenda Sissons louange la résilience de son ancêtre, l’orpheline de la Famine irlandaise Margaret Conlon (aussi parfois épelé Conlan) qui a été emmenée de la Station de la quarantaine de Grosse-Île jusqu’à Montréal, pour ensuite être adoptée par son oncle à Toronto.

Brenda Sisson lit une lettre de son ancêtre Mary Conlon, écrite à bord du bateau de la Famine, l’Achilles, à leur approche de Grosse-Île au Québec en mai 1847. « Mon cher frère », écrit-elle, « je vous écris avec le cœur lourd, moi, veuve de trois jeunes enfants et qui donnera naissance à un autre orphelin, avant même que vous ne receviez cette lettre. Je ne sais pas comment vous relater mon histoire si mélancolique. Le 1er mai vers 10h, mon cher John se tenait à l’avant du bateau quand une vague l’a emporté, laissant mes enfants sans père. Tous les efforts ont été faits, mais rien qui vaille. Il est allé rejoindre Dieu. » Mary Conlon et plusieurs de ses enfants sont morts quelque temps après la rédaction de cette lettre. Sa fille Margaret est devenue orpheline et est restée seule sur Grosse-Île, jusqu’en juillet lorsque l’Évêque de Montréal, Ignace Bourget, l’a prise en charge, elle, alors décrite comme « frêle ».

Elle a été transférée à l’Asile protestant pour orphelins. Elle y est restée jusqu’au 21 octobre, au moment où son oncle de Toronto – l’homme à qui sa mère avait écrit – est venue la chercher. Elle a habité ensuite à Hamilton. Brenda Sissons rend hommage à son arrière-grand-mère : « Je trouve cette histoire si émouvante, car c’est finalement une petite fille de cinq ans – la fille de la mère qui a écrit cette lettre – qui a fondé une lignée maternelle à elle seule, dans ce pays. Elle n’avait pas seulement quitté son pays en si bas âge pour être élevée très loin de sa terre natale, mais elle a aussi perdu toute sa famille au complet. Elle a réussi à survivre à tout cela, elle a grandi et elle est devenue elle-même une maman – et c’est mon ancêtre, que je ne connais pas beaucoup, mais que j’ai envie de connaître davantage. Nul doute que c’est une survivante. »

Au pied de la croix celtique de Grosse-Île, au Québec, le professeur Mark McGowan décrit la souffrance vécue par les enfants orphelins de la Famine, comme Margaret Conlon.

Survivre au naufrage du Carricks :
Sarah Kaveney

Plan rapproché d’un document sur lequel il est inscrit : « Cap des Rosiers, le 27 avril 1947 ». Document écrit à la main et qui dit ceci : : « Cent ans se sont écoulés depuis l’arrivée des premiers Kavanagh en ce pays. Aime Dieu et ton prochain et va ton chemin. Arthur Kavanagh, Maire. »
Un patrimoine familial précieux, en lien avec le naufrage du Carricks : « Cent ans se sont écoulés depuis l’arrivée des premiers Kavanagh en ce pays », écrit Arthur Kavanagh en 1947, un siècle après le naufrage du Carricks sur la côte gaspésienne. « Va ton chemin », dit-il en conclusion.

Rose Marie Kilbride Stanley raconte l’histoire de ses ancêtres Patrick et Sarah Kaveney qui ont survécu au naufrage du Carricks sur la côte gaspésienne en 1847, ayant cependant perdu toutes leurs cinq filles en mer.

Le 28 avril 1847, Patrick et Sarah Kaveney (écrit ultérieurement « Kavanagh »), ainsi que leur fils Martin, survécurent au naufrage du Carricks, un bateau de la Famine échoué en Gaspésie. Les cinq filles du couple, Mary, Margaret, Bridget Elizabeth, Catharine et Sarah sont toutes mortes noyées. Leur descendante Rose Marie Kilbride Stanley chérit une carte familiale écrite par Arthur Kavanagh, le petit-fils de Patrick et Sarah, lors du centième anniversaire du naufrage du Carricks et de leur arrivée au Canada. : « Cent ans se sont écoulés depuis l’arrivée des premiers Kavanagh en ce pays », écrit-il. « Va ton chemin ». Par cette carte, il a inspiré Stanley à écrire une pièce de théâtre intitulée « Emigrant », qui parle de la résilience de ses ancêtres face à la peine inimaginable qu’ils ont dû vivre. « Cette histoire illustre à quel point nos ancêtres ont dû manifester force et courage pour passer à travers de tels événements », dit-elle. Dans la pièce de théâtre, elle joue le rôle de Sarah Kaveney, pleurant la mort de ses cinq filles « dont les restes sont enfouis dans l’eau, dans ce cimetière d’eau ». Il s’agit d’une scène émouvante qu’elle a pu jouer dans les Caves de Keash, dans le comté de Sligo, là où vivaient ses ancêtres.

Plan rapproché d’un document sur lequel il est inscrit : « Cap des Rosiers, le 27 avril 1947 ». Document écrit à la main et qui dit ceci : : « Cent ans se sont écoulés depuis l’arrivée des premiers Kavanagh en ce pays. Aime Dieu et ton prochain et va ton chemin. Arthur Kavanagh, Maire. »
« Un patrimoine familial précieux pour la famille Kavanagh. Version française d'une carte écrite par Arthur Kavanagh pour sa postérité. »

Extrait de la pièce de théâtre intitulée « Emigrant », de Sara Marie Kilbride Stanley

Je suis la femme de Patrick Kavanagh. La mère de Martin. La mère de Mary, décédée. La mère de Margaret, décédée. La mère de Bridget Elizabeth, décédée. La mère de Catharine, décédée. La mère de Sarah, décédée.
Chaque matin, en me levant, mon premier souffle en est un de joie. Mais vient ensuite la réalité de l’horreur qu’est ma vie. Si ce n’était pour Martin et Patrick, je pourrais me noyer pour aller rejoindre mes filles à jamais.
Patrick ne parle pas du lieu de leur dernier repos, ou de ce qu’il a vu, sur la plage ce jour-là. Patrick parle peu. Martin a appris à ne pas parler.
Je ne peux pas retourner sur cette plage-là. Mais mon corps se souvient et je revisite cet endroit à chaque minute et à chaque heure de la journée.
Je suis comme paralysée, face à la vie elle-même.
Cela, je le sais. Soit mes filles sont enterrées dans les tranchées sous la grève, soit leurs restes sont enfouis dans l’eau, dans ce cimetière d’eau. Enterrées sur un sol consacré, près de l’église, elles pourraient au moins jouir de la paix éternelle.

Rose Marie Kilbride Stanley joue le rôle de Sarah Kavanagh, dans la pièce de théâtre « Emigrant », aux Caves de Keash, dans le comté de Sligo. Elle rend hommage à ses ancêtres, qui lui donnent encore aujourd’hui force et courage.

Survivre au naufrage du Hannah :
Barney et Rose Murphy

Un tableau peint en couleur, où figurent les deux mâts d’un navire pris en proue dans un iceberg et plusieurs personnes qui ont visiblement quitté le bateau pour se réfugier sur la glace. Un bateau de sauvetage est aperçu à l’avant-plan, à gauche, avec un homme qui tente de l’amener loin du navire, dans des eaux tumultueuses. Deux blocs de glace et un ciel de tempête sont aussi illustrés.
Le naufrage du Hannah, par Rodney Charman. Courtoisie de Rodney Charman et du Knights of Columbus Museum de New Haven, Connecticut.

Le 29 avril 1849, le bateau le Hannah est entré en collision avec de nombreux blocs de glace dans le Golfe du Saint-Laurent, après sa traversée depuis Warrenpoint, dans le comté de Down, en Irlande. Le Capitaine Curry Shaw a quitté le vaisseau en optant pour un bateau de sauvetage, laissant ainsi périr les immigrants irlandais à bord. Au moment de couler, plusieurs d’entre eux ont pu échapper à la mort en s’agrippant à la glace. Dans les heures suivantes, les parents ont dû se battre pour sauver leurs enfants et ainsi protéger leurs familles. Malheureusement, plusieurs ont péri, morts noyés ou morts de faim et de froid, sur des bancs de glace à la dérive. Le lendemain, des survivants ont été rescapés par le Capitaine William Marshall, du bateau Nicaragua. Cent vingt-sept passagers ont survécu et quarante-neuf sont morts.

L’un des survivants s’appelait Bernard (Barney) Murphy, sauvé des eaux glacées par madame Henry Grant. Elle l’a sauvé en pensant qu’il s’agissait là de l’un de ses propres enfants ; ses quatre enfants sont morts durant le naufrage. Rose, la sœur de Barney, a aussi survécu à la tragédie, mais elle est restée muette pour quelques années après l’événement. Plusieurs des survivants du Hannah se sont établis à Westport, en Ontario. L’un de ceux-là était Barney Murphy. Paddy Murphy, son descendant, y a marié Jane Cawley en 1962 et ils ont voulu transmettre l’histoire de la famille et du naufrage du Hannah à leurs enfants et aux futures générations. Jane Cawley continue d’honorer la mémoire de Paddy Murphy, désormais décédé, ainsi que celui de son patrimoine familial en rappelant l’histoire de la tragédie du Hannah. Comme elle l’exprime dans ses propres mots :

« Malheureusement, ils ont frappé de la glace. Le bateau était en train de couler. Ils ont sauté du bateau. John Murphy a mis ses deux fils sur un banc de glace à la dérive et il ne les a jamais revus de sa vie.
Rose (Murphy) fut si traumatisée par l’événement qu’elle est restée muette jusqu’à l’âge de trois ou quatre ans. Barney (Murphy) avait deux ans lors du naufrage et a été tiré des eaux par une dénommée Henry Grant, du nom de fille de McEwen. Elle avait perdu ses quatre enfants et elle pensait que Barney était l’un d’eux. Elle l’a tiré des eaux et lui a sauvé la vie.
Dix ou douze de ces familles se sont établies ici, sur la colline de Westport, en Ontario. Plusieurs de leurs descendants habitent encore ici. Nous avons appris cette histoire, mon mari et moi, la semaine de notre mariage en 1962 et en avons été secoués.
Mon mari souhaitait ardemment aller en Irlande et faire une recherche sur le sujet. Mon mari Paddy voulait transmettre cette histoire à ses enfants. Grâce à lui, ils connaissent maintenant l’histoire de leurs ancêtres irlandais, du côté des Murphy. »

Jane Cawley Murphy raconte l’histoire de Bernard et Rose Murphy, les ancêtres de son défunt mari, qui ont survécu au naufrage du Hannah et qui ont refait leur vie à Westport, en Ontario.

Le patrimoine de la Vallée de l’Outaouais

Une photographie en couleur d’un jeune homme barbu, aux courts cheveux bruns, fixant la caméra. Il porte un t-shirt bleu pâle et des tatouages sont aperçus sur ses deux bras. Derrière lui sont aperçus un calice argenté, dans un présentoir vitré, ainsi qu’une plaque explicative de couleur brune.
Grant Vogl, gestionnaire des collections et expositions du Musée Bytown, se souvient de ses ancêtres irlandais de la Famine et de son histoire familiale, par ses tatouages dépeignant un plant de pommes de terre et la traversée transatlantique.

Le gestionnaire des collections et expositions du Musée Bytown, Grant Vogl, dévoile ses tatouages, symboles de l’histoire de sa famille et de ses ancêtres irlandais de la Famine.

Grant Vogl est le gestionnaire des collections et expositions du Musée Bytown, sur le Rideau Canal, à Ottawa. C’est un descendant des immigrants de la Famine. Il entretient des rapports personnels avec l’histoire de la Grande Famine d’Irlande. La plupart de ses ancêtres maternels – et d’autres de la lignée paternelle – sont de l’Irlande. À peu près tous ont fui l’Irlande durant la « Grande Faim » pour s’établir au Canada. Ses ancêtres ont pour la plupart quitté les provinces de l’Ulster et de Leinster. La lignée maternelle provient de Drumsnat, du comté de Monaghan. Déménagée en la paroisse de Kildallan, dans le comté de Cavan, ses ancêtres maternels y ont pratiqué l’agriculture, sur un lot d’une acre. Ils y ont tissé le lin et y ont élevé des enfants. Jusqu’au « Black ‘47 », qui les contraignit à fuir. Ils sont arrivés à la Station de la quarantaine de Grosse-Île pour ensuite repartir vers le canton de York, avant de s’établir à Hogg’s Hollow, au Canada-Ouest.

La famille de sept enfants a traversé l’Atlantique en un mois. La plus jeune de tous est morte à bord du bateau-cercueil. Grant Vogl tient à commémorer ses ancêtres par des tatouages : « Je me suis fait tatouer à plusieurs reprises, pour rendre hommage aux souffrances endurées par les membres de ma famille qui ont dû refaire leurs vies ici. Le premier tatouage, gravé sur ma poitrine, se lit comme suit, en langue irlandaise gaélique : ‘Cuimhnigh ar na daoine óna dtáinig tú / Souviens-toi des tiens qui sont venus avant toi’. Le deuxième tatouage, sur mon bras gauche, dévoile les doigts d’une main qui tient un trèfle, une ancre et des vagues, qui symbolisent, dans l’ordre : l’Ulster et la chance des Irlandais (ou plutôt, l’ingéniosité des Irlandais, comme je préfère le dire) ; les bateaux-cercueils ; ainsi que la traversée en mer. Le troisième tatouage montre un plant de pommes de terre déjà affecté par le champignon. C’est évidemment une façon de me souvenir des membres de ma famille, qui sont jadis venus au Canada. »

Mary Holmes parle de son ancêtre Catherine Timlin

Mary Holmes tient un portrait de son arrière-grand-mère Catherine Timlin, qui a émigré d’Irlande en 1847 pour s’établir dans la Vallée de l’Outaouais, à Cantley, au Québec. Ni son mari Francis O’Boyle ni ses enfants ont survécu à la traversée. Elle s’est remariée à William Holmes en 1848 et elle a refait sa vie sur une ferme à Cantley, qui reste toujours aux mains de la famille, aujourd’hui. Mary explique que Catherine « voulait vraiment que ses descendants connaissent son histoire. » Mary poursuit en disant : « J’ai toujours été inspirée par Catherine et par son histoire. Elle est arrivée seule. Ici, elle a dû continuer de vivre et d’avancer dans la vie. Comme le disait l’une de mes tantes, elle devait continuer puisque, de toute façon, elle ne pouvait plus retourner dans le passé. Il n’y avait pas moyen de retourner en Irlande, non plus. Elle a persévéré. Elle a vécu de grandes difficultés, très tôt dans sa jeunesse. »

« Elle a survécu à la Famine, qui lui a coûté son mari et ses enfants. Elle s’est remariée et deux de ses jeunes enfants sont aussi morts, ici même. La souffrance et la peine l’ont poursuivie. Mais elle a persévéré. Elle voulait que ses descendants connaissent son histoire. Elle en parlait et elle en a laissé des traces écrites. Elle a écrit une liste, nommant toutes ses grands-mères et arrière-grands-mères des 5 ou 6 générations antérieures. Elle n’a pas fait la même chose pour les hommes. Juste pour les femmes. Elle avait une force de caractère importante et elle s’est impliquée au sein de l’Église, fervente pratiquante. Je suis certaine que cela a dû l’aider à passer à travers tout ce qu’elle a dû endurer. C’est un modèle pour moi et pour toutes les jeunes femmes de la famille : il faut faire ce que l’on a à faire et il faut avancer, dans la vie. »

Le châle de Galway :
langue gaélique et musique irlandaise

Eithne Dunbar, de la Brockville Irish Cultural Society, raconte l’histoire de la Famine irlandaise via la chanson populaire « The Galway Shawl ».

Eithne Dunbar rend hommage à ses ancêtres irlandais de la Famine en chantant une pièce musicale en langue irlandaise. Elle a émigré d’Athlone dans le comté de Westmeath, pour s’établir à Brockville, là où elle a fondé Brockville Irish Cultural Society. C’est une chanteuse accomplie et elle aime la langue irlandaise. Elle donne les profits de son album au Gaeltacht Thuaisceart on Oileán Úir, aussi nommé Gaeltacht permanent de l’Amérique du Nord à Tamworth et Erinsville, Ontario, fondé en 2007. Eithne chante « The Galway Shawl » en l’honneur des femmes du temps de la Famine et des moments difficiles qu’elles ont dû traverser. Elle raconte aussi en anglais et en irlandais gaélique que de contribuer à faire revivre la langue irlandaise au Canada est aussi une marque de respect pour les gens qui sont morts pendant la Famine.

Comme elle le dit : « Je suis vraiment fière de faire partie de ce projet du Gaeltacht, qui s’efforce de refaire apprendre la langue irlandaise, une langue qui a été délaissée par plusieurs durant la Famine. À l’époque de la Famine, il était évidemment plus important de ne pas mourir, tout simplement, que de faire vivre une langue.

Mes actions sont une façon de dire aux victimes de la Famine que nous ne les avons pas oubliés, ni leur langue. En recommençant à parler la langue irlandaise, nous honorons les victimes de la Famine qui n’ont pas pu transmettre la langue irlandaise aux générations suivantes. »

La photographie d’une dame aux cheveux foncés, portant des lunettes et un foulard vert, fixant la caméra. Un arrière-plan violet est aperçu. Les mots Songs for Ireland sont écrits au-dessus de la photographie et le nom Eithne Dunbar est inscrit au bas de l’image.
Eithne Dunbar et ses chansons pour l’Irlande.
Le mot Gaeltacht est inscrit en noir sur une enseigne routière rectangulaire, de couleur blanche et érigée sur deux poteaux de bois. La forêt est aperçue à l’arrière-plan.
Enseigne du Gaeltacht Thuaisceart on Oileán Úir, aussi nommé Gaeltacht permanent de l’Amérique du Nord près de Tamworth et Erinsville, en Ontario.

Eithne Dunbar, de la Brockville Irish Cultural Society, parle de l’impact de la Famine irlandaise sur la langue irlandaise et de la fondation du Gaeltacht Thuaisceart on Oileán Úir, aussi nommé Gaeltacht permanent de l’Amérique du Nord – région irlandophone - près de Tamworth et Erinsville, en Ontario.

À la recherche de tombes d’immigrants

Une imposante pierre de couleur grise est aperçue, avec les dates 1847-1997 qui y sont inscrites. Il est aussi gravé, en doré, sur une plaque verte, le texte suivant : 1847-1997. Ce monument commémore le 150e anniversaire de la Grande Famine en Irlande. En 1847, plusieurs émigrants irlandais fuyant la Famine sont morts dans les baraques de fortune aménagées près de cet endroit, alors connu sous le nom de ‘Hospital Point’. Tout comme les immigrants irlandais qui les ont précédés ou qui les ont suivis, les survivants et survivantes ont contribué au développement et au patrimoine de la région. Ils ont laissé une ville et une région fortes de grandes valeurs communautaires et familiales, en héritage. Plaque érigée par le Peterborough Canadian Irish Club, 1997. De la neige et un lac gelé sont aperçus à l’arrière-plan.
Le monument et la plaque aux Irlandais de la Famine à ‘Hospital Point’, Peterborough. Courtoisie de Barbara Dickson.
Inscription sur la plaque : « 1847-1997. Ce monument commémore le 150e anniversaire de la Grande Famine en Irlande. En 1847, plusieurs émigrants irlandais fuyant la Famine sont morts dans les baraques de fortune aménagées près de cet endroit, alors connu sous le nom de ‘Hospital Point’. Tout comme les immigrants irlandais qui les ont précédés ou qui les ont suivis, les survivants et survivantes ont contribué au développement et au patrimoine de la région. Ils ont laissé une ville et une région fortes de grandes valeurs communautaires et familiales, en héritage. Plaque érigée par le Peterborough Canadian Irish Club, 1997. »
Un tableau en couleur illustrant des tentes érigées à la hâte sur une petite péninsule s’avançant dans un lac marécageux. Une tente jaune et de la broussaille sont aperçues à l’arrière-plan.
La quarantaine des Irlandais de la Famine à ‘Hospital Point’, Peterborough. Tableau peint par George Elliott (2017). Courtoisie de George Elliott.

Barbara et David Dickson parle de leur recherche pour trouver des pierres tombales d’Irlandais et Irlandaises de la Famine, en Ontario.

Barbara et David Dickson, ainsi que Tony O’Loughlin, rendent hommage à leurs ancêtres irlandais de la Famine en Ontario, en localisant et en identifiant les tombes de plusieurs immigrants. Barbara et David ont traversé le Canada et l’Ontario, à la recherche de cimetières irlandais, qu’ils documentent et transmettent pour la postérité. « Nous voulons nous souvenir d’eux et d’elles », dit Barbara. « Nous voulons nous souvenir d’eux et d’elles. Nous voulons transmettre cette histoire incroyable, qui porte à réfléchir, sur la façon de vivre des Irlandais, leur arrivée, l’endroit où ils ont péri ou la manière dont on veut se souvenir d’eux. En fait-on assez sur ce plan-là ? », ajoute-t-elle. Tony O’Loughlin a fondé la Kingston Irish Famine Commemoration Association, qui a contribué à l’érection de la plupart des monuments de la Famine à Kingston. Il souhaite, lui aussi, montrer toute l’importance des cimetières de masse d’Irlandais(es) de la Famine dans l’histoire de Kingston, en commémorant les défunts avec dignité et respect. En localisant et identifiant les tombes de ces immigrants, ces individus contribuent à honorer la mémoire de leurs ancêtres, venus ici au temps de la Famine irlandaise.

Dans cette section, intitulée « Se souvenir : les histoires de famille », les descendants d’immigrants de la Famine rendent hommage au courage démontré par leurs ancêtres. Le portrait que fait Terry Smith de son ancêtre Bridget Ann Treacy est saisissant, tout en montrant à quel point un objet comme la carafe centenaire renferme en elle-même tout un legs et une histoire familiale. Brenda Sissons nous fait part de la lettre émouvante écrite à bord d’un bateau par Mary Ann Conlon, avant que celle-ci ne quitte pour toujours sa fille Margaret, rendue orpheline. Rose Mary Kilbride Stanley chérit la carte familiale signée par un aïeul et rappelant le naufrage du Carricks qui a coûté la vie à cinq des filles de Sarah Kaveney. Jane Cawley Murphy raconte l’histoire remarquable de ses ancêtres Bernard et Rose Murphy, des survivants du naufrage du Hannah. Mary Holmes chérit l’histoire de Catherine Timlin qui « n’a jamais cessé de souffrir », mais qui a tenu à raconter son histoire « pour que ses descendants la connaissent ». Grant Vogl dévoile ses tatouages de la Famine, gravés sur son corps. Tous ces artefacts, ces images ou ces objets attestent de la persévérance des immigrants de la Famine, qui sont aujourd’hui vus par leurs descendants comme des modèles de résilience.

Une imposante pierre de couleur grise est aperçue à l’avant-plan, parmi les fleurs et le gazon vert, avec les dates 1847-1997 qui y sont inscrites. Il est aussi gravé, en doré, sur une plaque verte adjacente, un texte explicatif. Une étendue d’eau est aperçue à l’arrière-plan.
Le monument et la plaque aux Irlandais de la Famine à ‘Hospital Point’, Peterborough. Courtoisie de Barbara Dickson.
Inscription sur la plaque : « 1847-1997. Ce monument commémore le 150e anniversaire de la Grande Famine en Irlande. En 1847, plusieurs émigrants irlandais fuyant la Famine sont morts dans les baraques de fortune aménagées près de cet endroit, alors connu sous le nom de ‘Hospital Point’. Tout comme les immigrants irlandais qui les ont précédés ou qui les ont suivis, les survivants et survivantes ont contribué au développement et au patrimoine de la région. Ils ont laissé une ville et une région fortes de grandes valeurs communautaires et familiales, en héritage. Plaque érigée par le Peterborough Canadian Irish Club, 1997. »
Une photographie d’une plaque historique, de couleur foncée et où il y est inscrit des informations en doré, flanquée de deux croix celtiques en haut, à gauche et à droite.
La plaque aux Irlandais et Irlandaises de la Famine, érigée près de l’Hôpital général de Kingston, là où 1 400 immigrants ont été enterrés dans une fosse commune. En 1966, plusieurs des restes ont été ré-inhumés dans le cimetière St. Mary. Afficher la transcription

Tony O’Loughlin parle du travail effectué par la Kingston Irish Famine Commemoration Association

Une croix celtique de couleur grise, dans la neige et entourée de conifères et d’une rivière, à l’arrière-plan. Il y est inscrit, à sa base : The Great Irish Famine, 1845-1848, et d’autres informations supplémentaires en plus petits caractères.
La croix celtique, monument aux Irlandais et Irlandaises, à Cornwall, en Ontario.
Inscription sur le mémorial : « La Grande Famine irlandaise, 1845-1848. Entre juin et octobre 1847, 234 immigrants irlandais ont atteint les rives de Cornwall après avoir fui l’Irlande en raison de la Famine irlandaise de la pomme de terre. Ce monument a été érigé à la mémoire des 52 individus décédés durant l’été à l’hôpital de la Pointe Maligne, ainsi qu’à ceux et celles qui les ont soignés. »
La photographie d’une sculpture de couleur blanche, représentant une statue angélique qui tient un livre ouvert en ses mains et qui fait face au visiteur.
La sculpture de la Famine nommée Angel of Mercy, au cimetière St. Mary de Kingston.
Une imposante croix celtique de couleur grise, toute ornementée et où un texte est inscrit à sa base. La croix est érigée sur une dalle circulaire en ciment gris. Des arbres ainsi que de l’herbe verte sont aperçus à l’arrière-plan.
La croix celtique, monument à la Famine, à Maidstone, Ontario (près de Windsor). Courtoisie de Christine Quinlin Gordon, qui a aidé à son érection en 2000.
Inscription sur le monument de la croix celtique : « Nous, les descendants et les descendantes d’immigrants irlandais, dédions cette croix celtique à la mémoire de nos ancêtres en ce 23e jour de juillet de l’année 2000. Le monument marque le 150e anniversaire de la Famine dévastatrice ‘An Gorta Mor’ en Irlande, 1845-1852, alors que 2 millions de personnes sont mortes et un autre 2 millions de personnes ont été forcés à émigrer. Nous pleurons la perte de tant de vies précieuses autant que la perte de notre pays d’origine, de nos traditions, ainsi que de notre langue. Nous remercions Dieu pour la survie de nos ancêtres directs et leur arrivée ici. Avec gratitude, nous reconnaissons le courage, l’amour et les sacrifices dont nos ancêtres ont fait preuve, nous permettant de nous retrouver ici. La liste suivante porte les noms des familles qui ont fondé la paroisse St. Mary à Maidstone Cross, avec l’espoir de préserver la foi en Dieu, qu’ils ont amenée avec eux d’Irlande, pour les générations futures. Ces noms ont été trouvés dans les archives de l’église et datent de 1846 à 1910. Prière d’excuser toute erreur ou toute omission qui auraient pu se glisser. »