Témoigner : Le journal de la Famine de Stephen de Vere (1847-1848)
La section intitulée « Témoigner : Le journal de la Famine de Stephen de Vere (1847-1848) » présente l’extraordinaire journal personnel, encore jamais diffusé, de Stephen De Vere. Stephen De Vere a partagé le quotidien des immigrants dans la cale d’un navire transatlantique, en 1847. Il a exposé les conditions désastreuses vécues à bord des bateaux-cercueils ; sa lettre écrite à Thomas Frederick Elliot, le 30 novembre 1847, a scandalisé les parlementaires britanniques, les forçant à amender les « Lois sur les passagers » afin de rendre la traversée en mer plus humaine. De Vere a aussi rédigé des notes détaillées, dans son journal personnel, sur son voyage et sur sa visite au Canada et en Ontario en 1847 et 1848. Ses riches écrits et sa façon de décrire les paysages, les coutumes sociales et le contexte politique canadien sont inédits. Ils permettent de saisir la nature et le Canada d’alors, au moment même où les immigrants irlandais y arrivaient pour refaire leur vie. C’est la première fois que les écrits personnels de De Vere sont publiés et rendus accessibles au grand public, à l’occasion de cette exposition virtuelle.
Docteure Jane Maxwell, conservatrice-en-chef de la collection des manuscrits et des archives de la bibliothèque de Trinity College Dublin, rappelle l’histoire du journal personnel de Stephen De Vere.
Le grand domaine terrien de Stephen De Vere à Curragh Chase, dans le comté de Limerick
Stephen De Vere (1812-1904) a été l’un des plus influents observateurs contemporains de l’immigration irlandaise de la Famine de 1847. Il est né au sein d’une famille aristocrate de confession anglo-protestante, qui possédait un grand domaine terrien à Curragh Chase, dans le comté de Limerick.
Malgré sa fortune, De Vere s’est montré solidaire aux Irlandais catholiques qui louaient des parcelles de terre sur son grand domaine, les aidant à fuir la « Grande Faim » en 1847.
Voyage dans l’entrepont d’un bateau-cercueil
En avril 1847, Stephen De Vere a pris le bateau avec ses anciens locataires, traversant l’océan Atlantique, voulant les aider à se refaire une vie au Canada. Il pouvait se payer une cabine personnelle à bord du navire, mais il a décidé de risquer sa vie en faisant le voyage dans l’entrepont. Il désirait voir de lui-même les souffrances vécues en mer par les émigrants irlandais. Il a personnellement accompagné ceux aux prises avec la malnutrition et les a aidés à se relocaliser à London, en Ontario. Il a espéré pouvoir en influencer d’autres, de son rang, à faire de même. Son journal personnel, à la couverture de cuir rouge, relate son histoire remarquable. Ce journal a été numérisé pour les fins de cette exposition virtuelle. Il expose les conditions désastreuses vécues à bord par les Irlandais et les Irlandaises, lors de la traversée transatlantique et après leur arrivée à Québec et en Ontario.
Stephen De Vere était un fin observateur de la société. Il a observé et détaillé les conditions vécues pas ses compatriotes à bord du navire sur le continent nord-américain. Il a aussi rédigé des notes précises de son voyage dans le fleuve Saint-Laurent, de Québec jusqu’en Ontario, en passant par Montréal, sur les bateaux à vapeur. De Vere a voyagé considérablement en Ontario en 1847 et 1848, avant de retourner en Irlande. Le 30 novembre 1847, il a écrit une lettre de Toronto, à Thomas Frederick Elliot, lui décrivant les horreurs qu’il a vues à bord des bateaux-cercueils et dans les bateaux à vapeur de l’Ontario. Des rapports écrits par des témoins visuels des événements de l’époque sont très rares, même si certains journaux tels que l’Illustrated London News ont parfois publié des dessins dépeignant les conditions à bord des bateaux-cercueils.
« Le voyage en mer n’en est pas encore rendu à la fin de sa première semaine que l’émigrant n’est déjà plus le même homme. »
La lettre que Stephen De Vere écrit en 1847 a eu des conséquences importantes sur les parlementaires britanniques, puisqu’elle a été lue à haute voix par le ministre des Colonies, Earl Grey, à la Chambre des Lords.
Elle fut aussi publiée dans la gazette parlementaire britannique. C’est encore le plus cité de tous les témoignages contemporains d’un voyage en mer, durant la Famine.
La lettre de Stephen De Vere, écrite à T. F. Elliot.
Premier rapport du Comité sélect de la Chambres des Lords sur la colonisation en Irlande, incluant les procès-verbaux. Session 1848.
(46. –I.)
Premier rapport du Comité sélect de la Chambres des Lords sur la colonisation en Irlande, incluant les procès-verbaux. Session 1848. Imprimé le 2 juin 1848.
(46. –I.)
Sur la colonisation de l’Irlande 45
461. Pouvez-vous donner une copie de cette Lettre au Comité ?
Je vais le faire.
La lettre se lit comme suit :
« London, Canada-Ouest, 30 novembre 1847
Mon cher monsieur,
Je vous remercie de m’avoir envoyé le Rapport du Comité sur la Colonisation de l’an passé et les témoignages qui sont inclus (même si je n’ai pas eu le temps de les lire en entier). Ils prouvent l’ampleur de l’émigration et confirment ce que j’ai déjà dit concernant les bénéfices qu’elle pourrait probablement apporter aux colonies.
L’émigration de l’an passé fut énorme, même sans l’aide gouvernementale. Le nombre de morts fut aussi très important. Il est probable que le nombre d’émigrants soit encore plus important l’an prochain et je crois que nous aurons encore autant de morts si nous répétons les mêmes erreurs et ne les corrigeons pas.
Je ne regretterai pas les désastres des deux dernières années si nous écoutons les avertissements qu’elles nous fournissent et nous aident à mettre un plan d’émigration efficace et menant à de futures colonisations. Tout cela, en guérissant les malades, en transformant l’état incurable de la société et en donnant avantages aux colonies, leur procurant la même richesse que celle de la mère-patrie.
Nous n’avons pas le droit de remédier aux maux de la surpopulation en décimant les populations, tout comme l’émigration ne rendra service au Canada que si nous leur envoyons des immigrants en pleine forme, autant sur le plan physique que mental. Je dis « autant sur le plan physique que mental » parce que des représentations faites au Canada réprouvent les malades, ainsi que leur indolence ; si j’admets que ces représentations soient parfois justes, je dénonce aussi l’injustice vécue par ceux qui clament ici que les plus jeunes et les plus vigoureux soient accompagnés des membres les plus affectés de leur famille, qu’ils devraient pourtant protéger ; et je dois dire que la famine et la fièvre ont été amenées par la Providence, à travers le monde entier l’an passé, et que les colonies ne peuvent pas, raisonnablement, ne pas être affectées, tout comme l’a d’ailleurs été la mère-patrie.
L’état effrayant des émigrants irlandais arrivant au Canada, malades et accablés, doit être attribué sans doute à l’indigence et aux maladies ayant cours en Irlande ; mais le tout a été aggravé par le manque de propreté générale, les déficiences de ventilation et par une mauvaise économie sociale lors des traversées. Ces conditions ont ensuite prévalu dans le pays en raison de la mauvaise gestion de l’aide donnée aux émigrants par le gouvernement. Ayant moi-même connu les conditions vécues dans la cale d’un bateau d’émigrants pendant deux mois, afin de m’informer sur l’état des émigrants depuis leur départ, je peux dire, pour l’avoir vu, que les règles qui devraient assurer le confort et la santé des passagers sont tout à fait inadéquates et qu’elles ne peuvent pas être améliorées sans le grand dévouement et les compétences des agents du Gouvernement.
Le voyage en mer n’en est pas encore rendu à la fin de sa première semaine que l’émigrant n’est déjà plus le même homme. Comment pourrait-il en être autrement? Des centaines de gens pauvres, des hommes, des femmes et des enfants, tous âges confondus, à partir du sénile délirant de quatre-vingt-dix ans jusqu’au tout petit bébé naissant, recroquevillés dans la noirceur, à court d’oxygène, ballotés dans la crasse, ne respirant qu’un air fétide, malades physiquement et aux âmes désespérées ; ce sont des patients fiévreux étendus aux côtés de passagers en santé sur des lits si étroits qu’ils rendent presque impossibles les mouvements pour tenter de calmer le mal incessant, leurs délires d’agonie perturbant tous ceux qui les entourent, les préparant mentalement à être plongés aussi dans la contagion ; des passagers qui survivent sans nourriture ou sans médication, à l’exception de celles offertes par charité humaine, qui meurent sans être apaisés par la grâce spirituelle et qui sont ensuite enterrés dans les profondeurs océaniques en n’ayant pas droit aux derniers sacrements de l’Église.
La nourriture est généralement mauvaise et rarement cuite correctement. L’eau, en quantité à peine suffisante pour la boire ou pour faire la cuisine, ne peut servir à se laver. Dans plusieurs navires, les lits crasseux, remplis de toutes les saletés possibles, ne sont jamais déplacés à l’étage afin d’être aérés. L’espace séparant les couchettes des boîtes empilées n’est jamais lavé ou récuré, dégageant pendant tout le voyage l’une de ces puanteurs moites et fétides, jusqu’au jour précédant l’arrivée à la station de quarantaine où les mains des passagers doivent être frottées pour avoir l’air propres devant les médecins et inspecteurs du gouvernement. La retenue morale n’existe plus. Les chants de prière ne sont jamais entendus. L’ivrognerie, qui mène à la déchéance la plus brutale, n’y est pas découragée puisque le capitaine tire lui-même profit du commerce de la boisson.
Dans le navire parti de Londres, en avril dernier, les passagers devaient compter sur de la nourriture offerte par les propriétaires, selon un contrat établi. La viande était de la pire qualité possible. L’eau à bord était abondante mais la quantité qui était servie aux passagers était si minime qu’ils devaient jeter leurs provisions de sel et le riz par-dessus bord (leur nourriture la plus importante) parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’eau pour cuisiner et pour boire après le repas.
Ils ne pouvaient se laver qu’à la condition de ne pas avoir d’eau pour cuire la nourriture. J’ai vu des personnes qui sont restées alitées pendant des jours dans leurs sombres couchettes, parce qu’ils y souffraient moins de la faim, tout en étant obligés de jeter leurs provisions de sel par manque d’eau. Aucune mesure de propreté n’existait. Les lits
n’étaient jamais aérés. Le Second du Capitaine n’est jamais entré dans l’entrepont pendant tout le voyage. La nourriture qu’il avait été convenu d’offrir aux passagers était donnée, pour la forme, mais les mesures n’étaient pas respectées (quand on offrait l’eau et différents aliments séchés). Par exemple, le récipient utilisé pour la distribution d’un gallon ne contenait que ¾ de gallon. Une fois ou deux par semaine, des spiritueux étaient vendus aux passagers et les scènes mettant des fripouilles en vedette sont indescriptibles ; aucune lumière n’était permise parce que le bateau était chargé d’allumettes et de poudre du Gouvernement, pour les besoins de la Garnison de Québec.
Les mauvaises conditions de voyage, dans mon bateau, n’étaient pas inédites ; au contraire, j’ai même eu l’information, de par des immigrants que je connais bien et qui sont arrivés cette année, que ce navire était l’un de ceux, arrivant au Canada, le mieux ventilé et le plus confortable.
Quelques-uns des problèmes pourraient être évités en inspectant mieux les bateaux et ses magasins avant de quitter le port initial, mais les ‘Actes sur les passagers’ ne sont pas assez fermes et ne sont pas respectés ; le système des agences de l’immigration est inadéquat et ne peut sévir pour faire respecter les ‘Actes sur les passagers’ quant à la préservation de la propreté et à la ventilation sur les navires. Ou de détecter les fraudes. Il est vrai qu’un assistant monte parfois à bord lorsqu’on arrive à un port ; il interroge le Capitaine et demande si quelqu’un veut loger une plainte. C’est une farce, puisque le Capitaine s’arrange ‘pour garder les gens à l’écart de ce gentleman’ et même s’ils le pouvaient, ils ne pourraient pas entamer des procédures, eux qui sont sans amis, sans argent, ignorants, découragés et seulement contents d’enfin pouvoir arriver à destination.
La maladie et la mortalité parmi les immigrants, ainsi que la propagation de maladies infectieuses au Canada, ne sont pas les pires conséquences de ce système atrocement négligent et mauvais. La conséquence la plus terrible consiste en l’état de pure démoralisation dans lequel se retrouvent les immigrants, autant hommes que femmes – en raison de la crasse, de la maladie et de l’avilissement qui les ont happés pendant deux mois de traversée. L’immigrant est affaibli, débiné et même si le physique tient le coup, il arrive ici sans en avoir le coeur. Il a perdu l’estime de soi et son esprit vif – il ne se tient plus debout – et se laisse aller en acceptant la pitance quotidienne du Gouvernement. Pour l’obtenir, il reste alité pendant des semaines sur les lits contaminés des lazarets où on soigne la fièvre.
Je sais que des amendements ont été apportés à ‘l’Acte sur les passagers’ pendant la dernière session, mais je n’ai pas encore pu les examiner. Ils ont probablement été adoptés pour régler les problèmes que je viens de mentionner ; ceci dit, je suggérerais, sur les bateaux, que l’on sépare les gens mariés, les hommes célibataires et les femmes célibataires ; que l’on nomme un ‘surveillant’, parmi eux, pour chacune des divisions ; que l’on mette à disposition un dispensaire pour les malades ; que l’on fournisse des poêles et des ustensiles, ainsi que des toilettes décentes ; que l’on nomme, aux frais du Gouvernement, un médecin expérimenté pour tous les navires ayant plus de 50 personnes à bord – qui serait en même temps l’Agent de l’immigration du bateau, aux pouvoirs d’enquête ou de poursuite en cas de plaintes, et travaillant de concert avec l’Agent de l’immigration du port, une fois le bateau arrivé à destination, afin que les mesures adoptées dans les ‘Actes sur les passager’ soient respectées. Je suggérerais enfin de payer un aumônier, issu de la confession pratiquée par la majorité des passagers. La vente de spiritueux devrait être interdite, sauf pour des fins médicales & l’on devrait fournir 4 quarts (un gallon) d’eau au lieu de ¾ de gallon.
Ces précautions adoptées, je crois que les cargaisons humaines débarqueraient dans un bien meilleur état moral et physique et qu’on éviterait de bien plus grandes dépenses encourues puisqu’il y aurait beaucoup moins de gens à l’hôpital ou demandant de l’assistance financière.
Le Gouvernement a adopté trois mesures pour aider les immigrants indigents qui arrivaient au Canada : érection de baraques de fortune, construction d’hôpitaux et mise en place d’un système de déplacement intercontinental. Ces mesures avaient été adoptées honnêtement et méritent notre gratitude et, si elles n’étaient pas parfaites, il faut aussi dire que les événements étaient uniques et imprévisibles ; mais j’aimerais démontrer que bien des décès, ayant affecté autant les vieux habitants que les immigrants, peuvent être attribués aux erreurs encourues dans l’implantation de ces mesures.
J’étais à la Station de la quarantaine de Grosse-Île en juin. Les soins médicaux et les établissements hospitaliers étaient inadaptés. Sur les bateaux, les inspections médicales étaient effectuées rapidement et de façon superficielle – presqu’aucune question n’était posée – et le médecin se promenant sur le pont, examinait superficiellement ceux qui ne lui semblaient pas en forme et leur demandait de descendre du bateau, en direction de l’hôpital. Deux conséquences fâcheuses découlaient de cette inspection rapide : des gens qui n’étaient pas malades ont été mis en danger et plusieurs personnes malades de la fièvre ont pu, quant à eux, poursuivre leur route.
Les baraques de fortune étaient pitoyables, si légèrement construites qu’elles laissaient autant passer l’air froid que la chaleur. Aucune mesure prise pour trier les malades des gens en santé, ou de désinfecter et nettoyer les lits après le départ des malades pour l’hôpital. La paille sur laquelle ils étaient allongés devint souvent le lit du prochain malade ; j’ai connu plusieurs familles pauvres qui préféraient se terrer sous les tas de roches empilés sur la rive plutôt que d’aller se réfugier dans ces baraques infectées.
Il est certain qu’il aurait été difficile de fournir le nombre d’abris nécessaires à la foule de personnes indigentes qui sont arrivées en pareilles circonstances, l’an passé ; mais j’espère que des refuges réglementés seront construits dans le futur, au lieu des abris temporaires et ce, même se si le nombre d’immigrants surpassait celui connu l’année dernière.
Je dois toutefois louanger les efforts pour soigner et nourrir les malades dans les baraques. Cette tâche épuisante et dangereuse, requérant un bon jugement de la part de l’agent en poste, a été effectuée avec bon sens, dans le plus grand dévouement et la plus grande humanité possibles.
Je dois maintenant faire allusion à la grande mesure prise par le Gouvernement – la mise en place d’un système de transport et déplacement intercontinentaux.
Les ‘Actes sur les passagers’ admettent ce grand principe : les lois régissant les navires de passagers relèvent de l’État. Le Gouvernement impose de sérieuses peines lorsque les lois sont transgressées ; mais lorsque le Gouvernement entreprend de déplacer les immigrants de Québec à Montréal, Kingston et Toronto, comment cela se passe-t-il ? En conformité avec l’opinion de l’infatigable agent de l’immigration de Toronto, M. McElderry, victime de la maladie après avoir démontré autant de dévouement et d’humanité, je déclare que le Gouvernement a pris entente avec un seul individu pour déplacer tous les immigrants – emmenés en Amérique sous les lois de l’État –, dans les bateaux à vapeur, sans règles précises. Le Gouvernement a offert à ce seul individu un montant pour chaque immigrant transporté. Les conséquences furent effrayantes. J’ai vu des bateaux à vapeur non-ventilés, petits et exigus, arriver au quai de Toronto, après un trajet de quarante-huit heures en partance de Montréal. Des bateaux fétides chargés de 1 000 à 2 000 émigrants de tous âges et des deux sexes, envoyés par le Gouvernement. Les gens en santé, tout juste arrivés d’Europe, étaient entassés auprès de gens à moitié guéris et tout juste sortis de l’hôpital. Personne ne pouvait s’étendre et presque personne ne pouvait s’asseoir. Des cas de fièvre ont été remarqués sur à peu près tous les bateaux – certains sont morts – les cadavres et les vivants serrés les uns sur les autres. Parfois, les passagers étaient installés sur des barges à aires ouvertes, remorquées par les bateaux à vapeur, rassemblés comme des cochons qu’on entasse sur les quais de paquebots à Cork ou à Bristol. Une pauvre femme est morte à l’hôpital ici, déjà faible et défaillante, après avoir été écrasée dans l’une de ces barges. En accompagnant l’Agent de l’immigration lors d’une visite sur l’un de ses vapeurs, je l’ai moi-même vu chanceler à cause de l’air fétide qui se dégageait sur le pont. J’affirme avec certitude, et c’est aussi l’avis de tous les hommes que j’ai rencontrés, incluant les agents du Gouvernement et les membres du personnel médical, qu’une grande partie des gens infectés par la fièvre l’ont attrapée sur les bateaux à vapeur du fleuve Saint-Laurent. Assurément – assurément que l’on doit éviter de répéter cela dans l’avenir. Si le système entier de la navigation par bateaux à vapeur continue d’être laissé aux mains d’un seul individu, comme ce fut le cas cette année, et que celui-ci refuse une entente raisonnable assurant la bonne ventilation, le confort et de bonnes conditions sanitaires, je suis alors d’avis que c’est le Gouvernement qui devrait s’en charger complètement, en mettant ses propres vapeurs à l’eau. Il pourrait ainsi déplacer les immigrants pour la moitié du prix qu’il a payé cette année et, ceci, sans parler des économies qu’il fera en dépensant moins pour les soins offerts dans les hôpitaux.
Les causes à la source de l’immense émigration sont encore présentes et le nombre de personnes qui partiront l’an prochain excédera peut-être celui de cette année. Nous répéterons les mêmes scènes de désolation à moins que des mesures ne soient prises immédiatement. Mais le Gouvernement ne devra pas s’arrêter là ; quelque chose doit être fait pour que les immigrants puissent être embauchés de façon profitable. Les soutenir ne consiste qu’en une aide temporaire ; ils doivent être en mesure de devenir de bons citoyens pour la colonie.
Ayant colonisé le sol, ils deviendront capitalistes grâce aux aménagements de transport et les produits qu’ils auront aidé à créer par les grands travaux auxquels ils ont pris part. Devenus capitalistes, ils seront ensuite les patrons et embaucheront des ouvriers, sachant dorénavant la valeur du travail. Leurs produits seront acheminés aux ports, stimulant ainsi l’économie et un capital commercial qui aideront à leur tour à améliorer les conditions sociales et la colonisation future. Le Canada pourra alors accueillir les milliers de personnes que le pays rejetterait à l’heure actuelle, ces personnes qui, de loques humaines dans le Vieux Monde, deviendront des abeilles travaillantes dans le Nouveau Monde.
Si des mesures adéquates et rapides sont adoptées sur le plan des transports et de l’économie ; si le système pour venir en aide aux émigrants est amélioré ; et si un élan est donné pour stimuler de grands travaux au Canada, je n’ai pas de doute que le Gouvernement pourra alors soutenir directement l’émigration, et les effets seront profitables, soulageant la détresse de l’autre État, contribuant à la mise en place d’un grand système de réformes sociales au Canada tout en développant rapidement son agriculture et ses richesses commerciales. Cela assurerait à l’Angleterre une grande quantité de produits importés, au moment de l’année où elle en aurait le plus besoin.
Je ne m’excuserai point de vous écrire si longuement, puisque vous m’avez demandé de vous donner mon avis sur le sujet ; parce que j’ai aussi patiemment réfléchi à la question, ici, avant d’écrire mes observations et ce, sans le moindre jugement et sans ambition intéressée ; enfin, parce que j’ai pu voir de mes yeux, ici, ces faits qui ne vous ont probablement jamais été détaillés par un témoin aussi entièrement désintéressé.
Veuillez croire, mon cher Sir,
Sincèrement vôtre,
Stephen E. De Vere »
Selon De Vere lui-même :
Le voyage en mer n’en est pas encore rendu à la fin de sa première semaine que l’émigrant n’est déjà plus le même homme. Comment pourrait-il en être autrement? Des centaines de gens pauvres, des hommes, des femmes et des enfants, tous âges confondus, à partir du sénile délirant de quatre-vingt-dix ans jusqu’au tout petit bébé naissant, recroquevillés dans la noirceur, à court d’oxygène, ballotés dans la crasse, ne respirant qu’un air fétide, malades physiquement et aux âmes désespérées ; des patients fiévreux étendus aux côtés de passagers en santé sur des lits si étroits qu’ils rendent presque impossibles les mouvements pour tenter de calmer le mal incessant, leurs délires d’agonie perturbant tous ceux qui les entourent, les préparant mentalement à être plongés aussi dans la contagion…
« Rassemblés comme des cochons » Les immigrants irlandais sur les bateaux à vapeur canadiens
J’ai vu des bateaux à vapeur non-ventilés, petits et exigus, arriver au quai de Toronto, après un trajet de quarante-huit heures en partance de Montréal. Des bateaux fétides chargés de 1 000 à 2 000 émigrants de tous âges et des deux sexes, envoyés par le Gouvernement. Les gens en santé, tout juste arrivés d’Europe, étaient entassés auprès de gens à moitié guéris et tout juste sortis de l’hôpital. Personne ne pouvait s’étendre et presque personne ne pouvait s’asseoir. Des cas de fièvre ont été remarqués sur à peu près tous les bateaux – certains sont morts – les cadavres et les vivants serrés les uns sur les autres. Parfois, les passagers étaient installés sur des barges à aires ouvertes, remorquées par les bateaux à vapeur, rassemblés comme des cochons qu’on entasse sur les quais de paquebots à Cork ou à Bristol. Une pauvre femme est morte à l’hôpital ici, déjà faible et défaillante, après avoir été écrasée dans l’une de ces barges. En accompagnant l’Agent de l’immigration lors d’une visite sur l’un de ses vapeurs, je l’ai moi-même vu chanceler à cause de l’air fétide qui se dégageait sur le pont.
Le journal de la Famine de Stephen de Vere
Malgré l’influence certaine de Stephen De Vere, le journal personnel qu’il a écrit lors de sa traversée de l’Irlande au Canada en 1847-1848 est demeuré très peu connu. Son histoire du voyage en mer et les observations qu’il a faites en Ontario, ont été rédigées dans un ouvrage, à la couverture de cuir rouge. Il n’a pas été publié et c’est la première fois qu’il est rendu accessible au public grâce à cette exposition virtuelle.
En avril 1847, Stephen De Vere a pris le bateau avec ses anciens locataires, aux prises avec la malnutrition, voulant les aider à se refaire une vie près de London, en Ontario. Il a espéré pouvoir en influencer d’autres, de son rang, à faire de même. De Vere a voyagé considérablement en Ontario en 1847 et 1848, avant de retourner en Irlande.
S. De. V. P O’Neill et son épouse, J. Hanly J. Hanly
Roger Kennedy J. Fitzgerald Johnny McDonagh
Jeudi soir, 29 avril 1847
Nous sommes arrivés à Londres par le train
De Bristol et nous avons pris le Bark Birman
Sommes descendus ce soir à Gravesend
Hanly est malade
Vendredi, 30 avril
Soupé ce soir avec Stephen S. Rice
Hanly est encore malade
Samedi, 1er mai
Pris la mer
Mercredi, 9 juin
Le Cap Breton est en vue. Nous avons dépassé les côtes de Terre-Neuve le 3 juin.
Samedi, 12 juin 1847
À l’ouest de Gaspé
À environ à 250 milles de Québec
Très calme. De la brume dense et constante
Des bourrasques terribles et soudaines
Du nord – qui ont duré 5 minutes
Navire en grand
Danger.
Jeu de voiles.
On a repris graduellement.
Dimanche, 13 juin
On a pris un pilote à bord
À bord ce matin.
Le fleuve se rétrécit – vastes
Forêts, des montagnes jusqu’aux
aux berges, avec des rochers blancs et de la neige brillante
Entretemps : une foule
De bateaux amenant des cargaisons
De maïs de l’Europe.
Mercredi, 16 juin.
Arrivé à la Station de la quarantaine de Grosse-Île
vers 7 heures du matin. Retenus jusqu’au soir pour voir le médecin,
alors qu’il nous a inspectés et nous a dit qu’on était en santé
– près de 40 bateaux sont retenus ici – des villages de tentes blanches sont disposées sur la plage pour les malades.
Environ 150 décès quotidiens.
Un navire, le Sisters of Liverpool, est retenu ici.
Tous les passagers et les membres d’équipage ont contracté la fièvre.
Tout le monde, sauf le Capitaine et une fille, est mort.
Nous sommes retenus près du « Jessy »,
un bateau qui compte de nombreux malades.
Terribles visions que sont ces bateaux remplis
de malades qui débarquent ici,
pour ne jamais en revenir. Épouses séparées de leurs maris
et enfants séparés de leurs parents.
Apprendrons sûrement
dans une enquête ultérieure que les ressources manquaient aux agents
et que les soins étaient insuffisants.
Les soins médicaux sont mauvais.
Conduite exemplaire du clergé catholique
Jeudi, 17 juin
Remorqué par un vapeur arrivé à
Québec. Restera à bord jusqu’à samedi, et logera chez les
O’Connell’s, rue Champlain, pour 5 par jour
Boeuf et agneau 6 par livre –
La basse-ville et rues canadiennes
Malpropres, étroites, courbées.
Toutes sous les canons de la forteresse – immenses
escaliers dans la haute-ville
là où il y a des édifices de pierre et de bons magasins – trompant les Canadiens
Fortifications d’une grande stature
État exemplaire
Deux régiments insuffisants pour les armes
La population irlandaise concernée par l’Angleterre. Irlandais et
Canadiens ne s’aiment pas.
Deux compagnies de pompiers dont
L’enrôlement est volontaire. Pratiques
Occasionnelles. Exemptes d’autorités.
Protégeant les gens en cas de guerre
Pour les familles à l’intérieur des fortifications
La campagne autour de Québec est très pauvre
Pas de maïs. Paysages pittoresques.
Doux sol recouvert d’un gazon peu riche
Herbes pourvues occasionnellement de petites épinettes. C’est un bel endroit
D’une grande étendue
Les maisons canadiennes
Sont très propres – ils n’utilisent pas
De lits, mais couchent sur le sol durant l’été
Les chevaux canadiens sont petits
mais très robustes et les étalons sont calmes, généralement
Trotteurs rapides.
De bons pilotes.
Fait une plainte à Buchanan,
Capitaine Guthrie pour les erreurs dans les rations d’eau
Le Capitaine veut négocier. J’ai refusé, à moins d’être en présence
De Buchanan – accompagné par le Capitaine –
Lui ai fait payer 10£, que j’ai donné au Révérend
McMahon PP., pour les soins dédiés aux immigrants indigents. Révérend
l’a mentionné dans les journaux.
Les journaux disponibles – journaux anglais – Limerick Chronicles.
Écrit à ma mère, Mick, Stephen Aubrey – vu plusieurs
Personnes qui ont travaillé sous mes ordres, l’hiver dernier.
Tous embauchés pour environ 5 / par jour.
Très bons salaires pour charger les navires infectés.
8 à 10 / par jour.
Le prix des aliments est très élevé
– pas de travail l’hiver
Les gens partent pour
La campagne pour trouver du travail.
Au bureau de Buchanan.
Il parle de son plan qu’il a proposé
Au Gouverneur-Général pour la colonisation.
Le Gouvernement prendrait en charge les immigrants
La Capitale laisserait embarquer pour peu
Via les passages réguliers – aidés ainsi, leur donnerait
La balance du coût et des terres. Dit que 50£ serait assez pour un homme
Avec une épouse et trois enfants. Donnerait provisions pour 15 mois, des ustensiles, 50 acres de terre et des grains.
J’ai suggéré que la Capitale devrait, pour les émigrants,
Offrir aussi une contribution provenant des grands propriétaires et
Qu’au lieu de fournir des provisions et une grande terre, qu’une part de l’argent
Devrait être avancée par le gouvernement pour cultiver pendant quelques acres pendant un an auparavant & les maisons devraient être construites
Le long du chemin de fer de Halifax ou ailleurs. Offrant ainsi
Du travail tout de suite pour les travailleurs et
Leur donnant de la nourriture non pas dans leur garde-manger
Mais provenant de leurs propres terres et de l’ouvrage
Pour récolter leurs propres récoltes. Buchanan semblait
D’accord avec le projet sur chemin de fer de Halifax.
L’épouse de P. Neill est malade.
Jeudi, 24 juin 1847, 17h00
Partis de Québec sur le vapeur John Mann.
De magnifique bateaux à vapeur sur les rivières américaines.
Grand confort pour les passagers sur le pont.
Grande vitesse. Arrivés à Montréal à 6h00.
180 milles – Radeaux descendant le Fleuve
Munis de cabanes construites dessus
Plus d’agriculture à mesure que l’on monte le Fleuve
Avons pris deux chambres en banlieue de Québec pour
1£ par nuit par chambre pour une personne
À l’hôtel Daily. Présenté des lettres de recommandation à
Viger Descartiers.
Visites à McGill. Nourriture moins chère qu’à Québec
Plusieurs baraques de fortunes et dispensaires effrayants reçoivent
Les émigrants qui se meurent, partout en ville
L’épouse de Pat Neill est toujours malade
Les soins médicaux sont peu chers 2/
Soins médicaux attentionnés et respectables
Vêtements lavés – 60 à 70 chandails
Lundi, 28 juin
Avec Roger et Hanley
Visite des amis à Troy, État de New York.
Lac Champlain en bateau à vapeur, passant de
Burlington à Whitehall
(traversier à vapeur jusqu’à Laprairie et train jusqu’à Saint-Jean, difficile et lent)
Tarif de Saint-Jean ½ dollar jusqu’à Whitehall.
½ dollar de là jusqu’à Troy par le canal.
¼ dollar de Montréal à midi.
Arrivés à Whitehall à 6h00 et à Troy à 10h00
La basse partie du Lac Champlain est très bien
Et plein d’arbres – les côtes sont très basses
Et petites tiges des arbres et des broussailles
Couvertes d’eau – s’élargit en passant la frontière, à l’approche
De Burlington, Vermont, les plages deviennent plus dangereuses
& plus variées et belles îles de roches et de forêts. Burlington est
Une nouvelle ville en expansion.
Lacs étroits et sinueux et très pittoresques avant
D’arriver à Whitehall
Canal de Troy, une campagne riche en récoltes et cultures,
Aux vastes rapides peu profonds sur la rivière Husdon
Avant d’atteindre Troy, elle rejoint le canal Érié.
Trafic énorme.
Jeudi, 29 juin
Troy est très bien
Située sur la Hudson, qui la divise en deux – liée par
Un très long pont de bois – les Irlandais refusent de payer le tarif
Dans un pays libre. Une ville bien
Construite. Édifices publics et maisons blanches très propres. Rangées
De beaux arbres sur les deux côtés de la rue donnent de la belle ombre.
Nous sommes très bien accueillis.
À la maison de P. Burns. Confort extrême et très propre.
Toutes les maisons – aux horloges – diète admirable.
Gentillesse aux vieux et nouveaux immigrants, malgré la fièvre.
Entouré encore de mon peuple.
De bons vêtements, une apparaisse admirable – manières indépendantes,
affectueuses, respectueuses et gentilles.
Mercredi, 30 juin
Visite d’une usine de clous et de barres
À deux milles de Troy – énorme
Et ouvriers travaillant près de
Grands fours.
Ils travaillent en alternance, sans vêtements
À part une paire de culottes légères.
Odeurs de transpiration émanant
De leurs peaux bronzées.
Belles machineries (?) auxquelles une barre de fer
Retient l’ouverture de chacune,
Une suite de clous y sort comme du
Maïs sort des batteuses.
Jeudi, 1er juillet 1847
Visite d’une usine de papier. Retour par le canal à 23h00, nuit confortable
À bord du bateau sur le canal.
Vendredi, 2 juillet 1847
Whitehall – vendredi soir
Sur le Lac Champlain, J Hanly se plaint de frissonner – déjeuner
à Saint-Jean et arrivée à Montréal à midi samedi.
Déterminés à partir pour Toronto lundi.
L’homme propose, mais l’homme dispose.
Dimanche, 4 juillet
J. Hanly est malade – demandons pour un médecin
Qui déclare qu’il s’agit d’un rhume. Souhaitant
Qu’il soit capable de faire le voyage lundi.
Lundi, 5 juillet
Hanly ne vas pas mieux – encore pire le soir –
Maux de tête très importants et douleurs au cou et au dos.
Peur de la fièvre.
Mardi, 6 juillet
Laissé partir mon groupe pour Toronto
Je reste ici pour m’occuper du patient.
J’aide Roger en demande qu’il informe
Le reste en cas de fièvre, mais je ne
lui fais pas voir le patient – j’écris une codicille
À mon testament, adressé à Samuel (?) Gerrard,
Un vieux gentilhomme extrêmement gentil et intelligent.
Mercure de 100 degrés à l’ombre et de 125 au soleil.
Mercredi, 7 juillet
Hanly va mieux.
Le jour le plus chaud jusqu’à maintenant.
Mercure au soleil à midi qui atteint
135 degrés et qui continue de monter – pas d’air
Jeudi, 8 juillet
Hanly est presque guéri.
Lettre reçue de Mary Sue, mentionnant
Une bonne nouvelle. L’épouse de Mick a donné naissance à une fille
Et les deux vont bien.
Chaleur encore plus importante qu’hier.
Le thermomètre indique plus de 125 degrés à l’ombre.
Vendredi, 9 juillet
Hanly va mieux.
Rechute en soirée.
Samedi, 10 juillet
Hanly va mieux.
Écrit à Michael Mac.
Allons au cirque, Roger et moi en soirée.
Chaleur intense ici.
Hanly est guéri.
Peter Bridgeman est arrivé hier.
Assistons à une messe à l’église Saint-Patrick.
Sermon de l’Évêque Phelan de Toronto qui
Attribue les malheurs de l’Irlande à
L’avarice terrible des grands propriétaires.
Chaleur … quelque peu atténuée par une petite brise.
Beaucoup de morts parmi les membres du clergé catholique.
Impossible de trouver des Soeurs.
Les Soeurs Grises ne savent
pas combien il y a de morts. 48 sont malades actuellement.
Les Soeurs peuvent quitter le couvent pour
Prendre soin des orphelins malades
de Québec et Montréal sur les bateaux à vapeur.
Plusieurs sont malades de la fièvre.
Plusieurs personnes qui ont vécu toute leur vie ici
Disent qu’ils n’ont jamais connu une telle chaleur.
Lundi, 12 juillet
Trouvons des endroits à Toronto pour trois – 15 dollars
Donné 2 dollars à Peter Bridgeman pour déplacement à Troy
8 dollars à Billy Havarashik
Et le reste à M. Jackson – 11 ½ dollars.
Stop à Lachine – longue plage forestière. Le chemin de fer
Avance. Le Canal de Beauharnois.
Admirable. Travail et machinerie.
Les vapeurs descendent les rapides.
Au Canal de Cornwall en soirée.
Plus grand et beau travail – je ne peux pas
Supporter la chaleur avec le veston de fourrure.
Dors sur le pont. Après, c’est Prescott.
Je m’accommode des rapides. Plusieurs
Îles boisées bien découpées.
On dirait une série de très beaux lacs, mais la
Vitesse du courant témoigne de la force de la rivière.
Petit chenal & lacs.
Mais les forêts
du côté américain sont plus belles, parce que moins cultivées
Peupliers de Lombardie, ormes pleureurs
Sous-bois qui semblent généralement dépourvus du bon bois
Qui semble avoir déjà été coupé
À moitié brûlé et défriché
De grandes tiges sont encore visibles
Donnant ainsi aux boisés l’apparence d’une terre désolée.
Tout nous parle en Amérique,
Un pays de forêts – les routes,
Ponts de bois
Les maisons aux longs toits pointus
Aux balcons en bardeaux
Chalets, etc.
Mais le bois pour faire le feu se trouve à Montréal
L’un des articles de la maisonnée le plus dispendieux
Mardi, 13 juillet
De Brockville à Kingston
C’est un archipel d’îles
Un parfait labyrinthe. Les plus grandes
Ont de grands arbres et les plus petites
Sont couvertes de broussailles et de petits pins
Débarqué sur l’une d’entre elles. Magnifique andromède.
Chenaux très étroits où
Les bateaux à vapeur ne peuvent presque pas passer
Et soudainement, ils s’élargissent comme des mers intérieures, pour se
Rétrécirent de nouveau
Végétation luxuriante et les mêmes les rochers les plus infertiles
Comptent sur des arbres – jardins d’arbres
Avons changé de bateaux à vapeur à Kingston
Nouvelles fortifications à Kingston
Très importantes, pour protéger le port
Immense foule
D’Allemands et d’Irlandais
Émigrants à bord des
Pires bateaux
La maladie court
Avons payé pour obtenir une cabine
Tarif pour Toronto est de 6$
Sommes passés par Cobourg et Port Hope
En soirée.
Mercredi, 14 juillet
Arrivés à Toronto à
11h00 et après, de longues recherches
Pour trouver Neil, avec succès.
Ils ont trouvé 2
Chambres non-meublées dans
Un quartier aéré pour
2 ½ $ par mois.
Magnifique cathédrale catholique en construction
En briques et aux portes en pierre, etc.
Jeudi, 15 juillet
J’ai demandé à parler à M. Hidder
Comm. de la Canada Co.
Les affaires d’argent classées
Le montant de 1 300£ pour se loger à London
A augmenté, avec les intérêts et les taux d’échange à 1 583£Cd.
J’ai pris 100£cd de ce montant
Envoyé une traite à M. S. Gerrard,
D’une valeur de 26£ - 20£, pour rembourser son
Prêt qu’il m’a fait & 6£ pour payer
L’armurier Boyce. Il était écrit
Sur la traite envoyée « lettre bancaire » &
Postée vendredi.
Vendredi, 16 juillet
Journée débutée avec
P. Neill, partant pour Bradford West Gwillimbury
Simcoe
D’éclatants et magnifiques papillons
Oiseau enveloppé de noir
Au cou et à la tête écarlate.
Le pays, de Toronto jusqu’à Holland Landing
Plus au nord, là où nous nous sommes arrêtés,
témoigne de grands développements.
Vous y avez des forêts sauvages – des arbres très hauts et à la grande circonférence, mais
Aux branches courtes et assez peu nombreuses
- Bosquets de belles ciguës et de sapins baumiers et
Un riche sous-bois touffu de ciguës et de cèdres – il y a parfois
Des ormes aussi gros et grands
Que les pins – cendre, noisettes, hêtres, érables à sucre,
Sumacs aux longues feuilles, couronnées de pointes fleuries
Le sous-bois a été défriché et les tiges de
Pins géants, maintenant morts et
Noircis – partout la même scène de désolation et de fumée
Grands arbres tombés au sol –
Mais de grandes cultures de maïs
Croissent parmi les troncs dénudés.
Plus loin, les arbres ont été coupés
Jusqu’à environ 3 pieds du sol et une terre luxuriante
Jonchent le sol parmi les billots empilés pour
En faire des clôtures & des cabanes – enfin, les
Fermes aux grandes cultures (toujours, cependant
dossées aux éternelles forêts), où on y voit de grandes maisons
Blanchies & aux vergers prospères –
Le gouvernement construit
une grande route allant de Toronto jusqu’à Holland Landing – le
but des ingénieurs semble être qu’elle soit la plus directe
que possible, malgré les différences rencontrées sur les sols variés.
Les techniques semblent aussi bonnes que pour les chemins de fer d’Angleterre
C’est remarquable de constater
Qu’il n’y a pas plus 1/20 des ouvriers
Qui pourraient aider & qui y travaillent. Ce serait
Mieux et moins dispendieux d’y embaucher
Les pauvres immigrants que de les emmener
D’hôpitaux en hôpitaux.
Soupé à Holland Landing et marché jusqu’à Bradford, pendant
21 milles, parmi les nuages de moustiques. Arrivé
À 21h00. Dormi là-bas.
Samedi, 17 juillet
Parti à pied pour retrouver M. John Ross, Colonel
De la milice. Très difficile
De savoir où il habite. Un homme m’a parlé de l’endroit
Qui se trouve dans la forêt de pins adjacente. Pas de route
… ni de chemin. Je suis entré dans les bois et j’ai trouvé les pins
Y ai vu une petite cabane
Plus petite qu’un taudis irlandais
Une vieille femme malpropre, sans bas et sans chapeau
Lavait la porte.
Demandé à savoir où se trouvait la maison du Colonel Ross.
Elle m’a dit que j’y étais et qu’elle était sa femme.
Elle l’a demandé. Son fils aide un fermier voisin aujourd’hui.
Le colonel possède 200 acres ici et il en a
Défriché à peu près 30 – son épouse, son fils et lui
Ont été atteints de la fièvre – pas surprenant
Dans cette forêt de marécages, située
Près d’un grand marais et toujours couverte par
L’eau de la rivière Holland.
Je suis retourné à Bradford et j’ai marché jusqu’à Holland Landing. Entre ces deux
Endroits, la route sinueuse se trouve un chemin parmi la forêt
En traversant la rivière Holland (mot illisible) sur un long pont
D’un mille, fait de planches de bois. Il y a un sous-bois
Et des arbres morts et brûlés sur les deux côtés de la route.
Il n’y a pas d’endroit pour éviter les rayons brûlants du soleil, réfléchis
Par le sable très chaud de la route.
- pas une once d’air frais ne pénètre cette forêt, le
Sol est complètement couvert d’un lit d’épilobes rouges, de
Belles petites andromèdes roses – en route vers Holland Landing, en vacillant &
Me suis retrouvé à voire 3 ou 4 tasses du thé de Holland Landing, la meilleure
Boisson en temps chauds – de 14h à 18h – fortes pluies, tonnerre et éclairs.
À minuit, je suis arrivé à Toronto.
Fatigué mais en parfaite santé.
On peut comprendre l’état actuel de la route
En pensant que ça a pris 10 heures pour faire 32 milles,
Avec quatre chevaux.
Dimanche, 18 juillet
Messe.
Lundi, 19 juillet
J’ai écrit un texte décrivant le
Traitement réservé aux passagers
À bord des bateaux d’immigrants, suivi de
Suggestions diverses pour améliorer les choses.
Donné à Frank (?) Widder
Commissaire du Canada-Ouest qui l’a
Bien aimé et l’a bien accueilli. Bu du
Thé chez M. O’Brien – trouvé ensuite
Mardi, 20 juillet
Qu’il l’avait montré à John Marshall
De la Marshall Co.
Mercredi, 21 juillet
Toronto. Terrible orage,
Tonnerre et éclairs.
Gros incendie en ville.
Jeudi, 22 juillet
J’ai reçu avec grande joie
Une lettre de MM,
Envoyée le 27 juin, me promettant
De prendre la mer le 15 juillet.
Vendredi, 23 juillet
J’ai reçu une vieille lettre de MM,
Envoyée le 20 mai, via le bureau de l’immigration.
J’ai reçu une lettre de S. Gerrard
Me remerciant pour le remboursement de 26£ & me disant
Qu’il fallait investir à la Banque de Montréal.
Décidé à partir pour London, United Canada, lundi. Merci, mon Dieu.
Samedi, 24 juillet
Roger ne va pas bien. Demandé au
Médecin de venir ce soir. Il a dit
Qu’il a une attaque de la fièvre des lacs.
Peu probable que l’on parte lundi.
Avec tout ce que j’ai entendu depuis deux jours,
Il semble que Guelph serait mieux que London pour
Y séjourner temporairement. Plus sain,
Moins cher et plus facile d’accès…
Dimanche, 25 juillet
Ma fête. Ma seule
Joie fut d’écrire une longue lettre
À ma mère. La fièvre de Roger est grave.
Mardi, 27 juillet
Roger a passé une mauvaise nuit.
Décidément, en pire état.
Mercredi, 28 juillet
Roger a eu une bonne nuit
Et son pouls est meilleur
Moins fiévreux & plus reposé
Un riche fermier veut embaucher
Quelques personnes en colère.
Ils m’ont demandé ce que j’en pensais. Je leur ai dit
Que si je ne pouvais pas les embaucher une fois arrivés
À ma destination finale, ils devraient trouver un emploi temporaire.
Que s’ils le faisaient & que je pourrais plus tard les embaucher,
Je le ferais avec joie –
Ce n’est vraiment pas certain si je pourrais trouver une terre
Pour les employer cette année – mais je leur ai dit qu’ils devaient
Décider ce qu’il était le mieux pour eux, quant à l’offre du fermier.
Ils l’ont refusée.
Jeudi, 29 juillet
Roger a eu une nuit assez bonne
Mais il est très faible. J’ai été obligé
De lui donner un verre de porto à toutes
Les quatre heures. Il semble plus fort aujourd’hui, mais
La fièvre est encore très forte.
Vendredi, 30 juillet
Je suis resté avec Roger toute la nuit en
Lui donnant du vin ou du bouillon à toutes les
Deux heures. Il est décidément mieux ce matin et
La fièvre a diminué.
Samedi, 31 juillet
Roger est exceptionnellement faible.
J’ai demandé à aller chercher un prêtre, qui
Lui a donné les derniers sacrements, après sa confession.
En soirée, il semblait
Être un peu mieux – il semble plus fort
Et ses idées sont claires
Dimanche, 1er août
Messe. Roger
A passé une bonne nuit et il va mieux aujourd’hui –
Il tousse beaucoup et son manque de souffle est due,
Selon Herrick, à la congestion de ses poumons, résultat
De sa faiblesse et non de la maladie.
Lundi, 2 août
Le médecin dit que Roger va bien mieux
Aujourd’hui – la fièvre s’en va – je suis resté encore
Avec lui toute la nuit en lisant Amelia. Aujourd’hui et
Hier, il a fait très chaud et sa fièvre a remonté pendant le jour
Son pouls est à 100.
Mardi, 3 août
Roger a passé une bonne nuit et son pouls ce matin
Est à 90. Moins de fièvre pendant le jour. J. Hanly est malade des intestins.
Mercredi, 4 août
Roger a passé une nuit moins bonne, mais
Son pouls et sa forme s’améliorent aujourd’hui. Hanly est
Encore mal & très fiévreux ce soir.
Son pouls est à 160. J’ai écrit à M. Allison. Envoyé 4 dollars à W. Hunt.
Le médecin est venu et il est satisfait de la santé de Roger.
Il dit que J. H. doit savoir que la fièvre peut baisser – je lui ai demandé
Une demi-once d’huile de castor & 35 gouttes de laudanum
Jeudi, 5 août
Roger va beaucoup mieux.
Hanly a eu la diarrhée
Toute la nuit.
Vendredi, 6 août
Je suis allé à la messe à 7h00.
Roger se porte mieux. Hanly va
Un peu mieux. J’ai terminé l’histoire de Tom Jones.
L’humour de Fielding est tellement meilleur
Que celui de Sterne! Pour l’un, c’est naturel ;
Pour l’autre, ça semble être du travail et feint.
Samedi, 7 août
Je suis allé à la messe matinale. Roger se
Porte de mieux en mieux. Hanly va mieux. J’ai
Attendu toute la journée impatiemment
l’arrivée du courrier de l’Angleterre. J’espère y
Trouver une lettre de Mick qui
M’annoncera son départ prochain
Le courrier est arrivé tard ce soir. Hélas, pas de lettre.
Dimanche, 8 août
Messe du matin. Les invalides se portent mieux.
Lundi, 9 août
Messe du matin. Roger est en train de guérir.
La santé de Hanly ne change pas. Je suis allé voir
Celui qui apporte la viande au bureau de l’immigration
Qui pourrait en prendre 12. C’est 8£ pour aller à New London, pour
5 personnes et les bagages.
Mardi, 10 août
Messe matinale. Hanly va mieux. Roger va très bien.
Mercredi, 11 août
Messe matinale. Les invalides vont mieux.
Jeudi, 12 août
Messe matinale, les patients vont mieux, mais
Hanly a eu une petite rechute de dysenterie. Payé le
Médecin Henrick 10$, en plus du 2$ payé auparavant
Vendredi, 13 août
Messe matinale. Hanly va mieux aujourd’hui.
Reçu une lettre de John Burns me disant qu’il avait
Reçu une lettre de Mick, datée du 12 juillet
Samedi, 14 août
Messe matinale. Les patients vont mieux.
Mais Roger est encore très faible.
Dimanche, 15 août
Messe matinale. Les patients vont mieux. Très chaud.
Lundi, 16 août
Messe matinale. Les patients vont mieux. Discussion
avec M. Wilder – il m’a donné
Un chèque à London de 100£… Lui ai demandé ce qu’il
Pensait des perspectives sur l’immigration et M. Marshall…
London. Donné une souscription de 5£ pour le fonds d’aide aux
Veuves et aux orphelins immigrants. Très chaud.
Mardi, 17 août
Grand tonnerre et éclairs. Première journée pluvieuse
Depuis notre arrivée au Canada.
Messe matinale.
Mercredi, 18 août
Roger est encore très faible, mais sa condition s’améliore.
Ne peut pas encore se déplacer.
Jeudi, 19 août 1847
Messe matinale. Roger prend de la force.
Hanly est pratiquement bien.
Vendredi, 20 août
Pas de messe matinale. Longue marche dans la région.
Samedi, 21 août
Hanly va très bien.
Pas de messe matinale. Le prêtre est malade.
Suis allé marcher, passé le pont Dan. La terre y est
Plus fertile, mais basse et humide, propice à la fièvre.
Dimanche, 22 août
Messe matinale.
Lundi, 23 août
Pas de messe matinale. Donné une souscription
De 4$ à M. Emley pour l’orgue de la cathédrale de Toronto.
Mardi, 24 août
Pas de messe matinale. Tout le clergé est malade,
sauf l’Évêque qui va à l’hôpital et aux baraques de fortune des immigrants.
10 morts hier à l’hôpital.
J’ai hâte de recevoir le courrier de l’Angleterre. Elle est arrivée. Hélas! Hélas!
Pas de lettres de Shakespeare.
Mercredi, 25 août
Pas de messe matinale.
Hélas, hélas, hélas, pas de lettres. Shakespeare.
Jeudi, 26 août
Écrit à Vere. Je veux des journaux +
Des lettres, à être envoyées
Aux soins de E. McElderry, Toronto.
Vendredi, 27 août
Pas de messe matinale. Hélas, pas reçu de lettres.
Mme Pinder est arrivée après être quitté sa maison
Le 15 juin. Lui ai donné 2 dollars & une lettre pour McEldery,
lui demandant de lui donner du travail pour ses deux petits enfants.
Samedi, 28 août
Pas de messe matinale.
Hélas! Pas de lettres. Shakespeare.
Dimanche, 29 août
Pas de messe matinale.
Lundi, 30 août
Messe matinale. Pas de lettres reçues, pas de lettres.
Mardi, 31 août
Messe matinale. Pas de lettres reçues, pas de lettres.
Roger se plaint de maux de ventre.
J’ai décidé de partir pour Troy demain.
Mercredi, 1er septembre
(notes sur des remboursements de dettes)
Messe matinale. Roger se plaint davantage et est
Menacé de dysenterie. J’ai demandé au médecin Henrick de venir.
Je ne pense pas que Roger est assez en forme pour que je le laisse.
Hélas, hélas, hélas, pas de lettres.
Tommy a trouvé 3$ dans la rue, qu’il m’a apporté.
J’ai placé une annonce. Propriétaire demande & reçoit.
Shakespeare.
Jeudi, 2 septembre
Messe matinale. Roger va beaucoup mieux.
À bord d’un bateau à vapeur américain à 11h30.
Pour Rochester, USA… pour Troy.
Mon but premier est de voir la lettre que Mick a
Envoyée à M. John Burns, espérant que ça me donnera
Une idée du temps à prendre pour sa traversée.
Tarif de cabine est de3 ½ $. Entrepont 2$.
Arrêt au port de Windsor.
Charmant tour.
Bond Head. Port Hope. Coburg.
Le capitaine m’a dit qu’un groupe de
13 ingénieurs sont venus pour voir la valeur
Des terres voisines du canal du gouvernement
Près de Peterboro. Une semaine après, le groupe
Est revenu. L’officier-en-chef gravement malade,
Deux cadavres et deux déjà enterrés. Ce canal
Est créé par les inondations et non pas par l’excavation.
Vendredi, 3 septembre
Nous nous sommes arrêtés à la rivière (?) à 16h00,
Près de chutes magnifiques.
L’agent des douanes à 15h30 et à Rochester à 17h00 (un mille et demi
Via l’omnibus – shilling York).
J’ai mangé un déjeuner table d’hôte gargantuesque.
Pour l’instant, je trouve que les Américains sont les gens les
Plus affamés, les plus sales, les plus malhonnêtes
Ainsi que le peuple le plus méchant que je n’ai jamais vu. Ils sont si
Consacrés à l’idée de devenir riches qu’ils n’ont aucun temps
Pour afficher des valeurs comme la courtoisie et la décence.
Ils clament “O my ducats” ! sans dire « “O my daughter”! »
Ils semblent ne se préoccuper que d’eux-mêmes, sans
Prendre soin de leurs voisins. Leur
Malhonnêteté est audacieuse parce qu’ils n’essaient
Même pas de la dissimuler ; et quand ils abusent de vous, ils n’essaient
Même pas de le faire en étant gentils. Fiers de leur pays (parce qu’il leur appartient),
Ils sont fiers de leurs pires vices. On rend hommage au plus grand des fanfarons comme s’il était le plus gentil.
Ils s’habillent de façon exagérée, grossière et sans goût ;
Comme un chien courant après un os, s’ils vous croisent des yeux
Ils se pavanent ; ils vous dévisagent avec leurs yeux affamés, mais ils font semblant
Que vous ne comptez pas pour eux ; ils combinent le style du vendeur juif avec
le plus fripon des joueurs de roulette – ils ne méritent même pas
de félicitations pour leur audace commerciale, parce que cela ne dépend
jamais de la plus noble des qualités que Dieu nous a données, la langue, puisqu’ils
s’en servent pour se vanter, pour ridiculiser ou pour mentir.
O Mick, Mick, quand pourrai-je
Voir enfin ton doux et honnête visage ?
Quand pourrai-je encore entendre
ta tendre, modeste, mais ferme voix?
Parti pour Rochester par train à 11h00. Tarif jusqu’à Troy 9 1/2
Chemins de fer lents et difficiles. Descendu du train.
Splendide forêt sauvage et confortable suite de wagons.
Distance avant d’arriver à Troy est de 250 miles.
Samedi, 4 septembre
Arrivé à Troy à 7h00.
Accueil chaleureux de tous les amis qui y sont.
Dimanche, 5 septembre
Messe matinale avec John Burns.
Longue visite à Mme Howard. Chaleur étouffante.
Ai donné 4$ à John Burns.
Lundi, 6 septembre
Une note reçue de Pat Neill aujourd’hui.
J’ai une reçu une lettre de la maison à Toronto.
J’ai repris le voyage de retour à 19h00
Par train – 6 milles à l’extérieur de Troy.
On a écrasé une vache. Les moteurs ont brisé –
On aurait pu tomber dans un affreux précipice (situé à deux pieds des rails) &
(illisible) ; Merci mon Dieu, un autre moteur est arrivé – nous sommes
Repartis pour Schenectady à 23h00. Le train venant de l’Ouest pour Albany
Étant parti depuis longtemps, je suis resté là-bas, dans une chambre misérable
D’une petite auberge, que j’ai tout de même préféré à une chambre dans
Le grand Hôtel, car j’y serais resté avec 4 Yankees.
Mardi, 7 septembre
Pris le train à 8h30. Voyage exécrablement long et difficile.
Mercredi, 8 septembre
Arrivé à Rochester à 7h30. Repris le bateau à vapeur « America » à 9h00.
Rendu à Coburg à 16h.
Terrible orage dans lequel nous semblions engouffrés.
Énormes nuages qui ressemblaient à du feu. Arrivé à
Toronto au milieu de la nuit.
Jeudi, 9 septembre
Dieu merci, j’ai enfin reçu de
Belles lettres. Ma mère va bien & tout le monde
Est à la maison. Sa lettre
Est datée du 26 juillet.
Reçu une autre lettre de mon cher Mick, datée du 4 août, dans laquelle
Il dit qu’il s’embarquera dans le navire « Anne of Limerick » le 7 août.
Puisse Dieu faire en sorte qu’il fasse un heureux voyage –
J’ai vu Roger qui s’est presqu’entièrement rétabli,
Mais John est encore malade depuis dimanche, d’une attaque (?).
J’écris à ma mère puisque le courrier pour l’Angleterre part demain,
(?) j’écris aussi à John Burns.
Sans m’y attendre, j’ai reçu une longue lettre de Mary Suey
Et de ma mère datée du 15 août,
Mentionnant que Mick et Stephen ont pris la mer le lundi
9 août, sur le « Anne ».
Vendredi, 10 septembre
John Hanly a eu une mauvaise nuit, beaucoup de fièvre.
Je crois que son attaque en est une sérieuse.
Le médecin a dit qu’il avait la fièvre de la bile.
Roger sort de la maison pour la première fois.
Samedi, 11 septembre
Pas de messe matinale aujourd’hui, ni hier.
John Hanly a eu une nuit plus calme et
Il était moins fiévreux ce matin.
Pay M. Callaghan 5$ en tout pour
Le loyer du 8 septembre, qui est de 2 ½ (devises illisibles) par mois.
Payé Mme Gogarty 5$ en tout pour le bois de chauffage, le nettoyage, la couture.
Dimanche 12 septembre
35e jour.
Messe. J. H. a passé une nuit tranquille & semble plus en forme aujourd’hui.
Lundi, 13 septembre
36e jour.
Messe matinale. J. H. a passé une très mauvaise nuit.
La fièvre a diminué ce matin, son pouls est à 90, mais
Il est de plus en plus faible et maigre.
J’ai laissé ¼ de dollar à M. J. Fitzg. & un autre dollar
(illisible) pour P. Neill et que Mme Pinder (illisible) avant la fin de la journée.
Le médecin est venu & il dit que la fièvre est probablement celle de la typhoïde. Il lui a prescrit
(mots sortis du contexte : Toits en pente, pignons, galeries, orme pleureur)
Du brandy faible + et de l’eau à toutes les deux heures – Ai donné à Pat Neill un acompte de 50$
Payé William, conducteur, un acompte de 12$.
Envois pour Neill & son épouse. Hanly et Roger partent pour London, Canada-Ouest
Partis vers midi.
Le médecin est revenu.
Mardi, 14 septembre
37e jour.
Messe du matin. Hanly va mieux, je suis resté
Éveillé à ses côtés presque toute la nuit – pendant la journée,
Le diagnostic de la typhoïde semblait se confirmer – diarrhée – selon
Les instructions du médecin, je lui ai donné 5 grammes
de soupe & des pilules d’opium à 18h00.
Regardé le quai.
Écrit à P. Neill un rapport sur la santé de H.
Mercredi, 15 septembre
38e jour.
Messe matinale. Compassion & communion.
Hanly a passé une meilleure nuit. J. R.
Et moi avons été avec lui toute la nuit.
La journée s’est mieux déroulée.
Regardé le quai. Lui ai donné les pilules d’opium
Encore cette nuit. Shakespeare.
Jeudi, 16 septembre
39e jour.
Messe matinale. Hanly a décidément eu une
Plus belle nuit. Regardé le quai.
McElderry me dit qu’il suggère de construire un édifice
Permanent en briques, au lieu des baraques. Aussi,
l’an prochain, il y aura de la compétition pour les bateaux à vapeur; en
conséquence, les tarifs seront moins élevés et les bateaux moins bondés.
Il a avoué que le gouvernement est sous le contrôle d’une seule personne quant à la circulation sur les rivières. Je lui demandé la raison pour laquelle le gouvernement n’avait pas subventionné lui-même des bateaux à vapeur pour les émigrants.
Il m’a dit que si ce n’avait été de la peur de la contagion, le marché du travail aurait
Absorbé le double de la main-d’oeuvre immigrante, cette année.
Vendredi, 17 septembre
40e jour.
Messe matinale. Regardé le quai.
J.H. a passé une nuit assez tranquille. La fièvre s’en va.
Pouls à 95.
Samedi, 18 septembre
41e jour.
Messe matinale. Hanly a eu une mauvaise nuit. Beaucoup de problème avec une toux violente et son pouls à 100 l’ont fait transpirer toute la nuit. Ça s’est amélioré pendant la journée.
Regardé le quai. Mc Elderry me dit que les fermiers du coin amassent des dons pour renvoyer les immigrants à Toronto.
Dimanche, 19 septembre
Messe matinale. J. H. a passé une bonne nuit et il
Va mieux ce matin. Écrit à
Buchanan pour m’enquérir sur le bateau Anne.
Quelques passagers sont arrivés via le Jane Black
Et ils seraient partis le 7 août.
Lundi, 20 septembre
43e jour. La fièvre est presque disparue.
Messe matinale. J. H. va beaucoup mieux.
Je me suis entendu avec Callaghan pour d’autres loyers
Au tarif de 3$ par mois.
J’ai donné un dollar à Mme Pinder. J’ai été informé
Par l’un des passagers du Jane Black que le bateau Anne l’a dépassée à Kilrush.
Lettre reçue de P. Neill, grâce au retour
par train de William, disant qu’il est bien arrivé.
Payé William un compte de 5£.10.
Shakespeare.
Mardi, 21 septembre
44e jour.
Messe matinale. J. H. va beaucoup mieux.
J’ai acheté un (?) manteau pour une petite famille et un chapeau
Pour moi. Shakespeare.
Mercredi, 22 septembre
45e jour.
Messe matinale. Payé le médecin Henrick pour
Les soins prodigués à H. 10$ sont dus à
Dobler (?) pour le lait aujourd’hui. Je lui ai donné 2.4$.
Shakespeare.
Jeudi, 23 septembre
46e jour.
Messe matinale. J. H. va mieux…
Vendredi, 24 septembre
47e jour.
Messe matinale. Encaissé le chèque de Widder
À la Banque du Haut Canada. 100£.
Samedi, 26 septembre
48e jour.
Messe matinale. Hanly en train de guérir.
Dimanche, 26 septembre
49e jour.
Messe matinale. J. H. ne va pas très bien. Une petite rechute de dysenterie durant la nuit. Le temps est devenu très frais depuis les deux dernières semaines. Je m’inquiète après entendu dire que Buchanan est très malade de la fièvre à Québec. Aussi, l’Évêque Power a contracté la fièvre ici. Courrier de l’Angleterre ce soir. Un très gros orage
Avec tonnerre et éclairs toute la nuit. Je n’ai jamais vu pareille tempête. Les éclairs découpés circulaient du ciel à la terre à chacune des minutes, illuminant le ciel d’un éclat rouge ; la façon dont les éclairs descendent du ciel à la terre, de toutes les couleurs, parfois jaunes dorés, parfois violets, parfois bleus ou pourpres, parfois intensément vermillons ; et le tonnerre en simultané avec les éclairs, retentissant, s’écrasant en faisant trembler toute la ville, de son danger métallique, et parfois
Résonnant d’une simple explosion, à plus grande distance. Comme des coups retentissants d’une énorme pièce d’artillerie. Juste le son de la pluie était effrayant, déconcertant.
Lundi, 27 septembre
50e jour.
Messe matinale. Une belle journée chaude. J. H. est sorti marcher.
J’ai fait une longue marche dans les buissons et j’ai été surpris, en soirée,
Par un orage violent, et pluie diluvienne. Lobélies bleues et des cinéraires sauvages.
Mardi, 28 septembre
51e jour.
Je ne suis pas allé à la messe, par crainte de
La dysenterie – j’ai pris (illisbile) & pilule d’opium.
Orage et grands cercles d’éclair.
O mes frères, quand pourrais-je vous voir de nouveau.
O Michael, mon frère adopté.
Le bateau de Kingston n’est pas arrivé avant 22h00. Hélas, pas de frères.
Mercredi, 29 septembre
52e jour.
Messe matinale. L’Évêque Power est très malade du typhus. Le bateau de Kingston est arrivé à 14h. Pas de nouvelles de mes chers frères. Donné 25$ à John Hanly et J. Fitzgerald pour leur voyage.
Jeudi, 20 septembre
Messe matinale. Personne d’autres n’étant disponibles, j’ai dû faire le clerc. John Hanly et John Fitzgerald partis à 8h00 par bateau à vapeur, pour London via Hamilton. Le tarif pour Hamilton est de 3/9 chacun.
Le bateau de Kingston est arrivé à 15h00.
Hélas, aucune nouvelle de mes chers frères.
Au bureau de poste ce soir pour aller chercher une lettre de Québec, datée
Du 23 août. Tout va bien à la maison.
J’ai été immensément soulagé d’apprendre,
par une lettre reçue du bureau de l’immigration de Québec,
que le « Anne » est arrivé.
Vendredi, 1er octobre
54e jour.
Messe matinale. Le révérend Michael Power, DD, Évêque catholique de Toronto est mort ce matin.
C’était un humble Chrétien, un homme généreux et noble, gentil et charitable dans ce qu’il y a de plus vrai. En montrant l’exemple, par son esprit de justice, par l’exécution assidue des lourdes tâches qui lui étaient confiées et par sa discipline inébranlable,
il avait réussi à organiser un diocèse laissé auparavant à l’abandon. À l’heure où plusieurs membres du clergé tombaient malades, il a tenu à visiter le lit de tous les immigrants malades et mourants, et sa mort, selon la volonté de la Providence, est attribuable à son noble dévouement. Il n’a pas pensé à lui en premier, mais Dieu l’a empêché de vivre plus longtemps sur cette terre. Il ne faisait pas de politique partisane et n’était pas sectaire dans la religion. Il était trop intelligent pour devenir un bigot et trop sage pour faire dans la partisannerie. Il était ainsi respecté et aimé par les hommes de toutes confessions et de tous partis politiques. Puisse Dieu apporter miséricorde à son âme. »
Le bateau de Kingston est arrivé à 16h00.
Mes chers frères n’étaient pas à bord.
Samedi, 2 octobre
55e jour.
Messe matinale. J’ai reçu 2 lettres de J. Hanly et de J. Fitzgerald. Ils sont arrivés à London à 10h00 vendredi. Sains et saufs.
Bonheur de bonheur ! À 16h00, mes chers Michael et Stephen, avec la petite Catharine Biddy et le bébé sont arrivés sains et saufs. Je remercie humblement Dieu pour cela.
Ils m’ont apporté des lettres de ma chère maman, d’Ellen et Aubrey, rédigées depuis assez longtemps et de nombreux petits cadeaux et des gages d’amour. Oh, ils ne peuvent pas ne pas savoir
que mon coeur, embrasé du même amour, est heureux de les recevoir. Un des cadeaux les plus précieux fut « Mary Tudor » de mon cher père.
Dimanche, 3 octobre
Messe avec mes chers frères.
Lundi, 4 octobre
Acheté quelques vêtements d’hiver pour Mick & Stephen
Mardi, 5 octobre
Partis de Toronto à 8h00 avec Mick, Stephen, Biddy & bébé, Petit John et Mary Griffin, ainsi que Catharine, via le vapeur de Hamilton. Tarif de 3/9 chacun. Arrivés à Hamilton vers midi.
Partis d’Hamilton à 18h30. Tarif de 21 chacun.
Avant de partir de Toronto, j’ai donné 3$ à Callaghan pour le loyer et j’ai donné 5$ à Mme Fogarty.
Mercredi, 6 octobre
Atteints London vers midi. Tout y était très calme. Je suis bien content de mon chalet, qui inclut un parloir, une cuisine, un cellier, 4 bonnes pièces pour le thé, un jardin, une grange, tout pour 12£.10 pour 6 mois.
Jeudi, 7 octobre
Acheté quelques meubles. Excellent français.
Chaises à 15/. Grande table pour le parloir, en noyer pour 1£.10.0.
Le temps est pluvieux et sombre.
La terre est élevée, sur une surface plane. La rivière divise la terre du boisé; la ville semble montrer tous les défauts de la jeunesse, mais aussi une volonté évidente de s’améliorer.
Vendredi, 8 octobre
Trouvé un poêle à cuisson pour lequel j’ai payé 22$.
Samedi, 9 octobre
J’ai écrit à ma mère, Vere et aussi à Mary Sue.
Dimanche, 10 octobre
Messe matinale avec mes chers frères.
Souper avec M. Dagg.
Lundi, 11 octobre
Lettres envoyées à la maison. Le prêtre est venu me voir.
Mardi, 12 octobre
Acheté une poney jument.
Mercredi, 13 octobre
Je suis allé chasser. Une longue expédition dans les buissons – tiré seulement sur une couple d’écureuils noirs et nous en ferons une tarte.
À mon retour, la petite Catharine était malade.
Très fiévreuse. M. Goring veut me voir.
Jeudi, 14 octobre
Payé 65$ pour le poney. De la neige au sol. La fièvre de Catharine est moins pire.
Le médecin Goring est venu.
Vendredi, 15 octobre
Encore de la neige, mais doux. Me suis assis avec (illisible).
Samedi, 16 octobre
Acheté 24 boisseaux d’avoine pour 10s = 4$
Mon cher frère Mick a de la fièvre et est assez indisposé. Puisse Dieu protéger et garder de l’un de ces grands hommes qui a respiré l’air de ce monde – l’un de ceux dont mon destin est inséparablement lié.
Le médecin dit qu’il a la maladie de la fièvre de l’immigrant.
Dimanche, 17 octobre
Cher Michael est un peu mieux aujourd’hui, mais décidément fiévreux. La fièvre de la petite Catharine était très élevée aujourd’hui. J’ai lu des prières à l’église Saint-Thomas.
Lundi, 18 octobre
L’état des patients n’a pas changé. J’ai acheté une belle vache et un beau veau pour 15$ 3.0.0£
Mardi, 19 octobre 1847
Les patients vont mieux (notes de paiements pour de la farine).
Mercredi, 20 octobre
Suis resté debout toute la nuit avec Michael, qui ne va pas mieux aujourd’hui. J’ai encore plus peur pour Catharine. Elle est entrée dans une sorte de torpeur ce soir. J’ai demandé au médecin de venir qui pense qu’elle court un danger imminent. J’ai demandé au prêtre de venir. Il est venu rapidement et l’a trouvée très sensible.
Jeudi, 21 octobre
Mick est dans le même état qu’hier. Le médecin est satisfait de sa condition. Catharine est clairement plus faible même si sa tête et revenue et qu’on lui a mis des pansements de moutarde sur le ventre. Le médecin lui prescrit (illisible) et du bouillon. Suis resté éveillé toute la nuit.
Vendredi, 22 octobre
Pouls est à 120. La condition de Catharine est plus satisfaisante aujourd’hui.
Il n’y a pas d’améliorations pour Mick, mais le médecin ne prévoit pas le pire. Pouls à 110, sa peau est chaude et sa mémoire est affaiblie. Éveillé avec lui toute la nuit.
Samedi, 23 octobre
Catharine va mieux. Mick est nerveux et abattu & et tousse beaucoup, avec crachat de sang (?). Néanmoins, le médecin ne croit pas que son état s’est empiré. Première réunion en vue de commencer les travaux du Western railway, par le Colonel Talbot. Debout toute la nuit.
Dimanche, 24 octobre
Messe. Catharine va mieux. Mick a eu une bonne nuit, mais il est moins bien aujourd’hui, car il ressent des douleurs incessantes et étouffantes. Je suis resté debout toute la nuit avec Mick qui a fait beaucoup de fièvre
Tout en transpirant un peu.
Lundi, 25 octobre
Mick allait décidément plus mal aujourd’hui.
Pouls à 116. Sa peau était très chaude et sèche – plus de torpeur. Il a eu une nuit misérable.
Mardi, 26 octobre
Le prêtre est venu voir Mick dans la matinée, et il s’est mieux porté tout de suite après. Pouls qui est passé de 116 à 104 en deux heures & et ses idées se sont grandement éclaircies. Le médecin déclare que la crise est passée et le considère hors de danger. Il a prescrit du vin et d’autres stimulants. Je remercie Dieu de sa grande miséricorde. Je
N'ai pas besoin de connaître mon propre destin ; en autant que la vie de mon frère soit épargnée. Debout toute la nuit.
Mercredi, 27 octobre
La condition de Mick a continué de s’améliorer durant toute la journée. Pouls à 100. Il a passé une nuit tranquille
Jeudi, 28 octobre
Les patients sont mieux. Les traitements de stimulants, donnés à chaque heure, continuent d’être prodigués.
Vendredi, 29 octobre
Les patients vont mieux.
Samedi, 30 octobre
Les patients sont en train de guérir rapidement. Le pouls de Mick était stable, à 70.
Dimanche, 31 octobre 1847
Messe. Les deux patients vont très bien.
Pat Neill, J. Hanly & J. Fitzgerald sont allés travailler sur les rails, ce vendredi, et Roger a commencé le même travail, samedi, pour 3/? par jour.
Je leur ai dit que je m’attendais à ce qu’ils me donnent 1 dollar chacun, par semaine, pour payer les dépenses de la maison, ce qu’ils ont trouvé bien raisonnable.
1er novembre
Les patients guérissent. J’ai invité
Le prêtre à lancer une demande de souscriptions pour construire une nouvelle église, puisque celle qui existe actuellement ne répond plus aux besoins et est scandaleusement dégoûtante. J’ai donné 10$ et chacun de mes hommes ont offert 1$.
Mardi, 2 novembre
La condition des parents s’améliore. L’épouse de Michael est tombée malade et le médecin craint que ce ne soit la fièvre. Mais son état s’est amélioré en soirée.
Mercredi, 3 novembre
L’épouse de Michael va assez bien. Le temps est très chaud. L’été des Indiens. Les fenêtres sont restées ouvertes toute la nuit. Le thermomètre indiquait 70 degrés à l’ombre. Michael s’est levé et est retourné dans sa chambre.
Accepté de payer Mary Griffin 4$ par mois.
Le prix à payer pour les dix premiers milles du chemin de fer London-Windsor sera de 35,000$ par mille.
Jeudi, 4 novembre
Mes patients vont très bien.
Vendredi, 5 novembre
J’ai payé le montant complet que je devais au médecin pour ses soins et ses médicaments. 30$. Je suis content de son travail et pour sa présence. Il m’a informé à l’effet que la Commission de la Santé à été fermée, ici, par le gouvernement et qu’aucun nouveau cas ne peut être admis à l’hôpital.
(tarif de paiement) 5$ pour pouvoir être admis à l’hôpital. Le pauvre Dr. Lee est mort du typhus la semaine passée.
Samedi, 6 novembre
M. O’Dwyer et moi avons conduit jusqu’à Saint-Thomas. Le relief de la région est plat, les sols sont pauvres & non-irrigués & peu habitée. Saint-Thomas attend à être colonisé. Capital Inn. Une belle soirée. M. O’Dwyer m’a raconté la dispute qu’il a eue avec l’Évêque catholique Power qui semble l’avoir traité de haut et de manière impolie. Il lui a interdit
D’accepter un salaire de 30$ offert par le gouvernement, afin qu’il puisse aller à l’hôpital militaire. O’Dwyer a laissé l’argent s’accumuler aux mains du caissier et quelqu’un d’autre l’a réclamé. Il m’a demandé quelle est l’utilité de ces évêques – ce sont seulement que des tyrans – on peut très bien faire le travail dans le diocèse sans eux. J’ai entendu presque la même chose et les mêmes sentiments au sein du clergé irlandais. J’ai été consterné d’apprendre le décès du pauvre Mc Elderry, ayant contracté la fièvre à Toronto.
Oreglau (?), dans sa lettre écrite à Gregory Thaummaterys (?), emprunta aux philosophes païens tout ce qui tend à rendre gloire à Dieu, comme les Juifs ont fait en pillant les Égyptiens de leur temple.
« La méthode était d’instruire d’abord
Ceux qui venaient l’écouter de ce qu’il y
Avait de bon dans la philosophie païenne
Afin de les conduire par degrés à la connaissance du Christianisme »
Vt. Saint-Clément Alex.
Dect, p. 75.
« Pour le leur faire aimer et leur inspirer
Le désir de l’embrasser, il insistait sur
Certains points de morale que découvrent
Les lumières naturelles, et qui se trouvent
Semés dans les écrits des philosophes. »
Dimanche, 7 novembre
Messe à Saint-Thomas.
Discorde entre le clergé et les ouailles à propos du non-paiement des sommes dues. Une réunion a eu lieu après la messe durant laquelle il a été convenu que les sommes à récolter par le clergé devaient être versés à des fiduciaires qui évalueront individuellement l’état des choses. Les bancs seront ouverts et la location des bancs sera abandonnée comme pratique. On souhaite que le prêtre ne parle plus jamais d’argent dans son sermon à l’autel. Tout va bien.
Une phrase de marins américains
Payer sa dette avec la voile principale
Lundi, 8 novembre
Retour à London. Tout a bien été. Dieu merci.
Mardi, 9 novembre
Confession du pardon. Le jubilée commence.
Mercredi, 10 novembre
Confession du pardon. Acheté ½ tonne de foin. 3$
Jeudi, 11 novembre
L’été des Indiens tire à sa fin et la température est descendue de 70 à l’ombre jusqu’en-dessous de zéro. Les gens habitués à ce climat semblent ne jamais avoir le rhume – même pas une toux. Lettres reçues de ma mère, d’Aubrey et de Willy de Callas, datées respectivement du 13 septembre, du 27 septembre + du 9 juillet. Mick est sorti marcher. Tout va bien à la maison.
Vendredi, 12 novembre
D’autres lettres reçues de la maison. Du 12 octobre. Reçu également le rapport du Comité de l’immigration. Très froid. Température plus chaude de nouveau.
Samedi, 13 novembre
M. O’Dwyer a écouté mes conseils et a publiquement renoncé à construire sa maison en dédiant les fonds déjà souscrits pour la construction de la nouvelle église.
Dimanche, 14 novembre
Messe. J’ai écrit une longue lettre à ma mère lui décrivant les conditions morales et physiques du Canada.
Lundi, 15 novembre
Lettres envoyées à maman, Mary Suey, et à M. Foley.
Mardi, 16 novembre
Temps doux et chaud. Je suis allé rencontrer le superintendant du chemin de fer et un Yankee de Boston
Vendredi, 12 novembre
D’autres lettres reçues de la maison. Du 12 octobre. Reçu également le rapport du Comité de l’immigration. Très froid. Température plus chaude de nouveau.
Samedi, 13 novembre
M. O’Dwyer a écouté mes conseils et a publiquement renoncé à construire sa maison en dédiant les fonds déjà souscrits pour la construction de la nouvelle église.
Dimanche, 14 novembre
Messe. J’ai écrit une longue lettre à ma mère lui décrivant les conditions morales et physiques du Canada.
Lundi, 15 novembre
Lettres envoyées à maman, Mary Suey, et à M. Foley.
Mardi, 16 novembre
Temps doux et chaud. Je suis allé rencontrer le superintendant du chemin de fer et un Yankee de Boston
ont favorisé l’immigration vers l’Ouest, ce qui (illisible) a contribué grandement à stimuler le commerce. Plusieurs ont pu penser
que le Canal Érié aurait été détrôner
par le Western Railway.
Au contraire, le trafic sur le Canal a doublé.
Il y a étranglement dans le Canal
En raison de l’afflux de produits de l’Ouest
Et il devrait être élargi du double.
Les chemins de fer qui sont rapidement construits
Sur les terres inhabitées
Augmente grandement la valeur de celles-ci. Le système de rails en bois
Ne fonctionne pas bien. C’est mieux de construire les rails avec du fer. Si
Les Canadiens n’investissent pas dans les chemins de fer, les Yankees le feront.
Je suis allé visiter une ferme à vendre,
Située à 3 milles de London. Il s’agit
D’une terre de 50 acres, sur laquelle 10 acres sont défrichées et
10 autres partiellement défrichées. Il y a une très petite maison de bois, avec deux fenêtres. La terre est pauvre, humide et il y a une côte de sable –
Pas une acre ne semble vraiment arable.
La ferme pourrait nourrir 5 à 6 animaux d’élevage
Pendant l’été, mais ne donne pas
De foin. Le prix est 300£.
Il y a une autre ferme près de là qui
Appartient à un Quaker, M. Wright,
Bien aménagée et incluant 4 excellents bureaux et maisons.
La terre est sablonneuse, le sous-sol est peu profond, mais correct.
On m’a dit qu’il était riche et qu’on lui avait
Demandé où il avait fait sa fortune pour acheter cette terre.
Il a répondu en riant, en ne prêtant pas son argent
À 20 pourcent.
Jeudi, 18 novembre
Vendredi, 19 novembre
Beau temps.
Samedi, 20 novembre
Très froid. Le thermomètre indiquait 22 à 9h00.
À 10h00, il était rendu à 36.
M. O’Dwyer m’a raconté une anecdote d’un homme du Tipperary, qui est venu ici et qui a acheté 100 acres d’une terre sauvage et éloignée, sur laquelle il a bâti une misérable chaumière. Il a ensuite écrit à ses sœurs, confortables à la maison, de venir ici, là où elles pourraient trouver un autre Comte Dallen (?). En arrivant ici cette année, elles espéraient trouver de l’espoir, pour finalement n’arriver que sur cette terre qui ne compte que cette chaumière, lui qui l’avait vendue encore pour profiter du pain de l’oisiveté (?).
Elles ont passé la semaine à « bouillir » et à rugir contre cette cabane
Et elles sont retournées à London. Elles sont contentes d’avoir été embauchées par deux fermiers pour 4$ par mois.
Cette année, une famille du Mayo est aussi arrivée ici dans la plus abjecte des pauvretés. Il s’agissait d’un père, d’une mère, d’un oncle et d’un petit garçon d’environ 12 ans. Ils ont été transférés à Toronto, aux frais du gouvernement. La mère a été emmenée rapidement à l’hôpital en raison d’un fulgurant cancer du sein. Elle est morte rapidement. Le père, l’oncle et le petit garçon ont pris loyer dans une pauvre demeure près de la mienne. Je les ai vus fréquemment et le père se plaignait qu’il avait la dysenterie. J’ai lui ai dit qu’un médecin devrait le voir, mais il m’a dit qu’il était trop pauvre. Il s’est au moins rendu à l’hôpital, mais il y est mort parce qu’il n’a pas reçu les soins requis au commencement de sa maladie, laissant ainsi
300 souverains, cachés dans un vieux torchon, à son petit garçon. Ce chiffon avait été gardé par la mère pendant tout le voyage, sur sa poitrine et a été à l’origine du cancer du sein qui l’a tuée.
Dimanche, 21 novembre
Messe. Le thermomètre indique 52 à l’ombre.
Lundi, 22 novembre
Mick ne va pas encore bien … Le thermomètre indique 65 à l’ombre, à 14h00.
Mardi, 23 novembre
Le médecin est venu. La femme de Mick ne pas va bien. Le médecin a peur que ce ne soit la fièvre. J’ai acheté un très beau traîneau, ainsi qu’une peau d’ours pour 8£ et une bonne paire de harnais pour 3.10£.
Dans la soirée, P. Neill qu’un fermier l’a embauché pour conduire ses travailleurs
Et pour demeurer dans sa maison, au salaire de 10$ par mois. Il ira chez lui demain. Je lui ai dit que sa conduite et cette décision soudaine de quitter ma maison, sans me consulter et d’une manière très irrespectueuse, changent notre entente dans notre ménage. Il m’a répondu froidement et de manière insolente. Depuis quelques temps, les manières de P. O’Neill, J. Hanly et R. Kennedy ont été très irrespectueuses à mon endroit. Ils disaient aux autres qu’ils étaient décidés de ne plus travailler pour moi à moins de 10$ par mois et que dès qu’ils pourraient avoir assez d’argent
Ils quitteraient. Heureusement que je n’ai pas acheté une ferme en m’attendant à ce qu’ils respectent leur contrat.
Mercredi, 24 novembre
Mick et son épouse sont en meilleure forme.
P. Neill est parti chez son nouveau maitre. Je suis allé chasser et j’ai tué un pic-bois et une oie. J’ai vu comment on procédait pour brûler du charbon. D’immenses billots sont empilés, en forme de cône et sont ensuite couverts de sable. On y met ensuite le feu. Le prêtre peut compter sur plusieurs ouvriers pour transporter la pierre pour la nouvelle église catholique, à partir d’un lot d’environ 10 acres acheté par le gouvernement et situé à près de 2 milles de la ville. Il y avait, parmi ces ouvriers,
Quelque 30 soldats confiés par le Colonel. N. B. Il autorise ses soldats à travailler après la parade (illisible) et leur salaire (illisible).
Les pierres sont des masses arrondies de granite, pas très grosses et proviennent d’une terre arable, pas d’une carrière. (illisible). Thermomètre indique 55.
Jeudi, 25 novembre
Petite neige voilée. Thermomètre indique 37.
J’ai écrit à Widder pour le 50£ - le reçu a été joint.
Vendredi, 26 novembre
Importantes chutes de neige toute la journée. Thermomètre indique 25.
J’ai encadré une fenêtre de verre. Étagères dans le pressoir. Et bâti un abri pour le traîneau.
À 20h, le thermomètre indiquait 10. – cadre de verre 10 x 8. Prix 2/3.
Roger J. Hanly & J. Fitzgerald ont été emmenés ce soir, au chemin de fer. Le nombre d’hommes est réduit
Pour cet hiver. Je crains que le travail ne soit une forme de démonstration pour y emmener un courtier de la bourse.
C’est l’anniversaire de ma chère mère, aujourd’hui.
Samedi, 27 novembre
Il neige fortement.
Thermomètre indique, ce matin, 25.
Le lait que les ouvriers du chemin de fer
Avaient apporté pour leur souper d’hier, a gelé (12 onces).
Fait du traîneau, normalement.
Dimanche, 28 novembre
Forte neige. Thermomètre indique 26. J’ai informé P. Neill
À l’effet que c’est peu probable que j’achète une terre, c’est trop cher,
et je ne le ferai certainement pas cet hiver. Pour les autres gars, s’ils
ne peuvent pas se trouver du travail quotidiennement, ils devraient
se faire embaucher par des fermiers puisque
je ne peux pas les garder ici, à ne rien faire.
J’ai payé tout ce que je devais à P. Neill pour son avoine, soit 7£.
À 14h00, le thermomètre indiquait 20. Je suis allé en traîneau vers le nord,
Mais je ne ressentais pas le froid.
Lundi, 29 novembre 1847
Thermomètre indiquait 7 à 10h00 – une chute de 58 degrés depuis la semaine passée. La glace a pris dans mon verre ce matin. J’ai fait conduit le traîneau.
Mardi, 30 novembre
J’ai dit aux gars qu’ils devaient se chercher un emploi. P. Neill m’a demandé de garder son épouse, ici, en me payant 1$ par semaine pour la garder. J’ai refusé.
Je prépare un envoi pour Elliot. Ça a commencé à fondre pendant la nuit.
Mercredi, 1er décembre
J’ai envoyé ma lettre à Elliot, ainsi qu’une copie à ma mère, avec une note (nom illisible) pour donner 4$ à Mary Grattin.
Thermomètre indique 24.
Fin du volume I du journal personnel (p. 118 à 168)
Lettres reçues de ma mère & de Louisa Griffin. La réponse qui a été donnée (illisible) par cette dernière est toute sauf satisfaisante. Quart de mouton pesant 9 ½ livres.
Le coût en devises anglaises est de 1/9.
Vendredi, 3 décembre
Le thermomètre indique 40. La glace fond vers le milieu de la journée. Le ciel aussi boueux que le Canal.
Samedi, 4 décembre
Il neige encore. Le thermomètre indique 27. Je suis sorti marcher et
J’ai rencontré le juge (nom illisible) qui était en train de négocier, à sa clôture,
Avec un conducteur de char, pour un chargement de bois. Ils ne s’entendaient pas
Pour un six pence & le juge de s’exclamer : « bien, jeune homme, un jour je pourrais t’attraper quand tu auras commis une faute et je te ferai payer pour cela » - portrait de la vie d’un juge de district au Canada.
Dimanche, 5 décembre
Messe. Le thermomètre indique 30.
Lundi, 6 décembre
Le thermomètre indique 35.
Mardi, 7 décembre
Le thermomètre indique 50. La neige fond rapidement.
J’ai acheté une petite quantité de foin. 2$.
J’ai acheté une petite quantité de laine. 1$.
Mercredi, 8 décembre
Selon mon ressenti, aujourd’hui fut le jour le plus froid que j’ai connu. Un fort vent, perçant, du sud-ouest, a soufflé, mais le thermomètre est resté stable autour des 45 degrés. La neige a disparu, mais le ciel semble très menaçant.
S. Goring me dit qu’il y a 13 immigrants dans le besoin et qu’ils pourraient être embauché par le gouvernement provincial s’ils veulent bien accepter l’offre à temps. Ils demandent de meilleurs salaires.
Jeudi, 9 décembre
Petite pluie, mais dense. Très chaud. Le thermomètre indique 45. Les rhumatismes à l’épaule reviennent. Première fois depuis mon arrivée en Amérique. P. Neill a laissé tomber son maître hier soir et il est revenu chez nous.
Un jeune garçon, apprenti chez une peintre dans les maisons, peut s’attendre à recevoir 30$ pour la première année, 40$ pour la deuxième, 60$ pour la troisième et 100$ pour la quatrième, sans compter le logis et le lavage.
Vendredi, 10 décembre
J’ai sorti mon fusil et je suis allé marcher 6 ou 8 milles dans les bois, près de la rivière. J’ai tué deux « faisans » américains, un oiseau de la taille et de la forme d’un tétras, mais au plumage d’une perdrix. J’ai tué deux écureuils et un spécimen de pic-bois à la grande tête écarlate.
Samedi, 11 décembre
Une petite neige est tombée durant la nuit.
Le thermomètre indique 35.
Dimanche, 12 décembre
Messe. Le thermomètre indique 50. Longue balade.
Lundi, 13 décembre
Je suis allé chasser avec Mick, Stephen & Tommy. Englouti par la neige, on n’a perdu notre chemin en forêt. Avons tué une paire de faisans, une paire de grandes cailles que l’on appelle des perdrix, ici. Et un magnifique hibou.
Mardi, 14 décembre
Le sol est couvert de neige. Le thermomètre indique 33.
Je suis allé chasser, mais sans succès.
Mercredi, 15 décembre
Je suis encore allé chasser, toujours sans succès même si j’ai marché 20 milles, dans la neige épaisse et armé d’un compas de poche. La neige a fondu en soirée, mais nous avons été surpris par un froid intense. La nuit fut extrêmement froide.
Jeudi, 16 décembre
Douloureusement froid. Un vent très fort venu de l’est et un gel intense. Le thermomètre indiquait bien en-deçà de 20, mais absolument plus froid que lorsqu’il indiquait 7.
Vendredi, 17 décembre
Un gel intense, mais le froid ne semble pas si vif. Le thermomètre indique 20, mais 40 lorsqu’au soleil. J’ai déplumé mon hibou.
Samedi, 18 décembre
J’ai envoyé une copie de ma lettre écrite à Elliot au Révérend J. Foley & deux journaux. Je suis allé chasser. Marché 25 milles. J’ai seulement tué une paire de cailles. Il y a plein de rennes à Dorchester et de faisans à Biddulph. Le gel a continué, mais si chaud que j’ai pu (illisible) enlevé des couches de flanelles.
Dimanche, 19 décembre
Messe à Saint-Thomas. J’ai fait des prières pour ma famille. Une petite neige a commencé à tomber. Le thermomètre indique 30.
Lundi, 20 décembre
Le thermomètre est passé de 20 à 13. J’ai écrit une partie de ma lettre sur la colonisation.
Mardi, 21 décembre
Un gel très intense. Une petite neige couvre le sol. Le thermomètre indique 12. J’ai reçu des lettres via la poste de l’Angleterre.
Une lettre de ma mère et une autre de mon oncle, datée du 12 novembre. Elles rapportent de tristes prévisions quant à l’amélioration de la situation à la maison.
Mercredi, 22 décembre
J’ai écrit une longue lettre à mon oncle à propos de la colonisation. Fortes chutes de neige toute la journée. Le thermomètre indiquait entre 15 et 20.
Jeudi, 23 décembre
La neige continue à tomber. Le thermomètre indique 20. J’ai écrit à Aubrey.
Vendredi, 24 décembre
Une très belle journée ensoleillée. Le thermomètre indique 20. J’ai conduit mon traîneau sur 10 ½ milles sur la route de Woodstock et suis revenu deux heures après.
Samedi, 25 décembre
Jour de Noël. Gel, mais soleil.
La neige est d’une épaisseur qui varie entre 6 pouces et un pied, mais elle est dure et n’est pas mouillée & ne salit pas les bottes.
Le thermomètre indique entre 15 et 20. Ce n’est pas si froid. Je me suis promené vêtu d’une légère redingote, sans manteau. Joyeuses promenades en traîneau, déambulant à gauche et à droite, enveloppé de partout par de confortables « robes » de fourrure généralement apprêtées dans un tissu écarlate. Chaque cheval portait un collier de cloches, bougeant leurs têtes comme s’ils aimaient le joli son que cela produisait. Puisque les traîneaux ne font pas de bruit, il y a une règle qui demande de faire porter des cloches aux chevaux. Il y a quelque chose de délirant à l’effet de glisser silencieusement sur la neige, sous un beau soleil, en respirant l’air sec mais frais. Il semblait faire plus froid à la maison, avec un thermomètre indiquant 40, qu’au Canada lorsqu’il indique 10 ; mais quand il y a un fort vent et du grand gel, c’est monstrueusement froid.
Dimanche, 26 décembre
Messe. Le gel se poursuit. Neige glacée qui craque et revole sous les pieds. Le thermomètre indique entre 10 et 15. J’ai posté des lettres à l’attention de L. Monteagle, Aubrey, J. Gould. Chapeau 9$. Magnifiques torches ½ dollar chacune.
Lundi, 27 décembre
Fortes chutes de neige. Le thermomètre indique entre 10 et 15.
Suis allé faire du traîneau. Le foin est à 16 (illisible).
Mardi, 28 décembre
Les vents ont tourné au sud. Le thermomètre indique 30.
La neige a commencé à fondre durant la soirée.
Mercredi, 29 décembre
La neige est partie. Très chaud. Le thermomètre indique 52. M. A Faing (?) qui souhaite acheter une ferme de 200 acres, me demande un prêt de 300£ à 8 pour cent. Il m’offre sa sécurité et celle de son frère, ainsi qu’une hypothèque sur son achat & un autre sur sa ferme
à Delaware, qui vaut 300 ou 400£ ; cette ferme serait mienne jusqu’à temps que la dette soit payée. J’ai refusé puisque je ne sais pas où je serai dans l’avenir et je ne peux m’engager aussi loin.
M. O’Dwyer m’a offert d’acheter sa ferme à Biddulph, située à 22 milles de London sur la route de Goderich. 200 acres – 75 sont défrichées – pour 500£. Si je ne veux pas l’acheter, il m’a offert de la louer pour 30£ par année.
Jeudi, 30 décembre
Le thermomètre indique 50 à 20h00, dans mon parloir, les fenêtres ouvertes et le feu éteint. Le thermomètre indique 72.
Vendredi, 31 décembre
Une brume chaude. Je suis allé « chasser » ; autrement dit, j’avais besoin de faire de l’exercice. J’ai marché sur 30 milles. Une marche en conditions difficiles.
Samedi, 1er janvier 1848
Jour de l’an. Forte pluie. M. Widder dit que la Commission de la Santé a dépensé plus de 30,000£ pour l’hospice et ils ont survécu à de graves difficultés.
Dimanche, 2 janvier
Messe. J’ai écrit une lettre à maman, Ellen (illisible), Aubrey et C. Gould, que j’enverrai par la poste demain
Lundi, 3 janvier
Suis allé chasser. Sans succès, mais une longue marche exploratoire de 25 milles.
Noble arbuste surplombant la rivière Thames.
Poussant à 3 pieds du sol. 19 ½ pieds.
Mardi, 4 janvier
Le thermomètre indique 30. Début de gel.
Candidatures pour le comté de Middlesex. Deux candidats rivaux (illisible) facteur, de Saint-Thomas, et Notman, un ambitieux avocat ; le premier est Conservateur et l’autre est de la Coalition Baldwin-LaFontaine du Parti de la Réforme. Habituelle rencontre entre de rudes personnages, discours remplis d’écume et déclarations des plus fallacieuses. Assez paresseux et ayant bu assez, j’y ai pris un certain plaisir. On prévoit que l’Irlandais va gagner puisque son opposant, à la dernière élection,
Avait offensé les Écossais en mentionnant irrespectueusement qu’ils avaient des poux.
Mercredi, 5 janvier
Petite neige. Le thermomètre indique 30.
Jeudi, 6 janvier
Lettres reçues de ma mère, de Mary, de Lucy & de S. Spring Rice, sur la situation de plus en plus triste qui affecte le pays. Les lettres ont été écrites et sont cachetées par la poste du 28 novembre.
Vendredi, 7 janvier
Neige.
Samedi, 8 janvier
Neige forte. Traîneau bientôt.
Dimanche, 9 janvier
Importante épaisseur de neige, soufflée telles de denses vapeurs au-dessus d’un lac. Parti à 8h00 en traîneau, avec Stephen McDonough,
Pour la messe à Saint-Thomas. Arrivés à 10h15. 18 milles.
Repartis vers Port Stanley en après-midi – 10 milles. Il faisait si froid aujourd’hui que peu des vieux habitants sont sortis dehors, de peur d’être gelés. Le thermomètre indique 5 au-dessous de zéro et les grands vents et la poudrerie empiraient les choses. Bien emmitouflés dans des fourrures et des (illisible) irlandais, j’ai réussi à éviter toute sensation de froid. Mon poney était couvert de sa transpiration gelée – particulièrement à certains endroits de la route où nous étions plus exposés. J’ai senti parfois un léger inconfort. Le petit port de Port Stanley semble prospère. Les exportations de maïs, de porc et de farine sont importantes.
Deux grandes auberges s’y trouvent. Je me suis arrêté à l’auberge Thompson, propriété d’un Américain que j’ai trouvé très respectueux et affable. Il m’a parlé d’un événement émouvant s’étant produit l’année passée. Un immigrant irlandais est arrivé à Port Stanley. Il s’agissait d’un vieil homme, accompagné de son épouse et de leurs trois filles. Ils ont continué leur route vers l’intérieur des terres et ont trouvé une maison. Peu de temps après, M. Thompson me dit qu’il a aperçu un quêteux près d’un pauvre buisson, qui s’en allait au vieux cimetière en transportant trois cercueils – un vieillard conduisait les boeufs - & une femme malade, faible et attristé était avec lui. Les cercueils étaient ceux des trois jeunes femmes qui étaient toutes mortes de la fièvre. La peur de la contagion étant si forte, aucun de leurs voisins
Ne sont allés aux funérailles. Le vieil homme a réussi à avoir deux boeufs, non sans difficulté, ainsi que deux wagons & avec l’aide de sa femme elle-même aux prises avec la fièvre, ils ont creusé les tombes de leurs filles et les ont enterrées. Dans les jours suivants, la femme est décédée. Le vieil homme est le seul à avoir survécu. Le dernier de sa race.
Un grand magasin en bois est en construction ici et le marchand est un dénommé Hoadley. Ça coûtera près de 12 000$.
Lundi, 10 janvier
Le froid continue de sévir. Nous retournons à London. L’élection est en cours à Saint-Thomas. Les polls sont ouverts – dans différents cantons.
Mardi, 11 janvier
La neige continue de tomber. Le thermomètre indique entre 15 et 20. L’élection du comté de Middlesex est en cours aujourd’hui. Aussi de celle du maire. Pas de grandes excitations, mis à part chez les Écossais.
Mercredi, 12 janvier
Parti en traîneau pour Hamilton en passant sur la route du Niagara avec S. (illisible). Belle promenade, mais la chaleur de la journée est de mauvais présage. Nous avons parcouru 42 milles de 10h00 à 17h00. Quelques beaux champs cultivés et une belle villa de fermes à Woodstock.
Jeudi, 13 janvier
Nos peurs se sont concrétisées. Il y a eu fonte des neiges la nuit passée. Aujourd’hui, c’est boueux et chaud. Nous y sommes allés – le poney tirant le traîneau très difficilement, à la marche. Nous marchions péniblement à l’arrière, sauf dans les pentes descendantes. Nous sommes arrivés à Ancaster à la nuit tombée. Ancaster est à 7 milles de Hamilton.
Des routes bien construites, englouties entre les montagnes et les vallées, jusqu’à la plage du Lac Ontario. Ça se prolonge de ce côté jusqu’à Niagara. Une immense de glace surplombant les falaises, détachée par la fonte, s’écroula juste une heure avant notre passage – plusieurs ouvriers réussirent à y refaire un chemin, non sans difficulté. Nous sommes très difficilement arrivés à Hamilton, fatigués, après 40 milles de ce trajet.
Vendredi, 14 janvier
Nous sommes restés à Hamilton. Nous ne pouvons pas rien y voir, en raison de l’humidité et de l’épais brouillard. Sommes arrêtés chez le Révérend McKay, à l’hôtel et au marché.
Samedi, 15 janvier
Encore humide. J’ai loué un cheval & une carriole pour aller à Niagara, pour 2$ par jour. On me dit que je pourrai y arriver en une seule journée – 50 milles. La route est censée être l’une des deux plus grandes artères, en hiver entre le Canada et les États-Unis, mais elle n’est formée que de terre & son état est horrible après la fonte des glaces. Nous nous sommes traînés dans la boue, épaisse de presque deux pieds et si lourde que le pauvre cheval ne pouvait parfois pas y dégager le sabot. D’une couleur rouge brique. Pour 13 milles – la carriole brisée, près d’une taverne, ça nous a pris quatre heures pour la réparer. À 16h00, nous étions encore à 37 milles de notre destination & et sur une route absolument
Impraticable. Dans les circonstances, il n’y avait rien d’autre à faire que de rebrousser chemin. Un jeune Américain du Michigan, à la taverne où nous étions, avec sa femme et leur enfant, s’en allaient voir des amis dans l’État de New York. Ils avaient déjà voyagé 300 des 500 milles les séparant de leur destination et devaient attendre pour faire réparer leur traîneau. Il m’a entendu dire que je devais vendre mon traîneau et négocier & je comprenais sa situation. Il (illisible) une possibilité de faire de l’argent. À ma grande surprise, je l’ai vu me suivre dans un char encombré. Il a acheté mon traîneau pour 12$, ce qui était plus que ce que je ne pouvais avoir
n’importe où ailleurs, puisqu’il semble qu’il n’y avait pas de possibilité de vendre de traîneau cet hiver. Je lui ai demandé de souper avec moi. Il m’a offert de payer pour le souper. On a traversé une colline effrayante. Longue et sinueuse, taillée d’un précipice d’une hauteur d’environ 6 pieds & aucunement clôturée. L’inclinaison est de 4 ou 5 & la route est si rocheuse et inégale que la carriole semblait à tout coup vouloir débarquer. On ne pouvait presque pas voir le cheval quand on descendait. Et ceci est la grande route de la poste ! La route de Hamilton, d’aussi loin que nous avons pu aller, passe par des reliefs bas, très humides mais sur d’assez bonnes terres, mal cultivées et défrichées à moitié entre le lac et les hautes crêtes d’environ 300 pieds de hauteur
surmontés par un plateau que nous avons descendu à Ancaster.
Dimanche, 16 janvier
Messe. Ai gravi la montagne au-dessus de Hamilton, une route bien construite. La vue à partir du sommet est très belle ; le village de Hamilton est aperçu en-dessous ; plus loin, on aperçoit le Lac Ontario, entouré sur ses trois côtés par de grandes collines boisées – quelques voiliers postés aux quais, pris dans les glaces. Hamilton semble une ville prospère de quelque 7 000 habitants, comptant sur une grande roue et plusieurs petites autres. Il y a de bons magasins, mais les commerçants se plaignent du mauvais état des routes, qui n’aideraient pas leurs entreprises quand le réseau fluvial des bateaux à vapeur doit fermer pour l’hiver. Il n’y a pas de bons édifices publics. L’échange de devises dans les tavernes canadiennes est de 1/3 pour chacun des repas. 7 ½ pour chaque ½ dollar
pour 24 heures de livrée de chevaux – une livrée nourrit 7 ½ chevaux canadiens, qui sont habitués à boire autant d’eau qu’ils le peuvent à chaque 10 ou 12 milles. Il y a d’excellentes tavernes tous les 3 ou 4 milles sur la route.
Lundi, 17 janvier
Froid intense. J’ai acheté une petite carriole pour 42$ & une robe en peau d’ours pour 28$. Parti de chez moi à 11h00. Arrivé à la taverne Woods à Bradford à 17h00. 39 milles.
Mardi, 18 janvier
Très froid. Grands vents et poudrerie. Parti à 8h00 – arrivé à London, 43 milles, à 15h00 (illisible) frais comme si elle n’avait jamais quitté l’écurie. Rencontré John Hanly – il a eu la rougeole, mais il s’en remet.
Mercredi, 19 janvier
John Hanly va beaucoup mieux. Le médecin est venu le voir.
Jeudi, 20 janvier
Inclus 18$ pour R McKay, pour ce qui me restait à payer pour la carriole. J’ai envoyé une facture de 50£ pour Widder.
Le thermomètre indique de 50 à 55. 32. Limerick Chronicle.
Vendredi, 21 janvier
L’état de santé de J. H. s’améliore.
Samedi, 22 janvier
Beau temps. Chaud. Je suis allé me promener avec Dr. Goring, à Delaware. J’y ai vu quelques terres à vendre. Bien situées and sur des hauteurs surplombant la Thames. 3 milles de Delaware et à 2 ½ milles de la route principale.
200 acres. 10 ou 12 de ces acres sont défrichées. Deux cabanes en bois. Le prix est de 400£. Le sol semble tolérable, côté fertilité.
Goring a acheté une scierie dans le coin. Si j’achetais et défrichais cette terre, ça pourrait amener « de l’eau au moulin ». Delaware est propre et c’est une belle vallée, bien située sur la Thames, tavernes et ponts. Goring y possède une ferme pas très loin et il la vend pour 400£ - 115 acres – défrichée et cultivable. Une grande cabane. Il accepte de la laisser pour 12£ par année.
Dimanche, 23 janvier
Messe. Le thermomètre indique 40.
Lundi, 24 janvier
J’ai reçu 50£ de Widder. J’ai remboursé une dette à M. O’Dwyer, de 7.15£. J’ai donné 4£ à Mick. J’ai payé un quart du loyer pour 6.5£.
Mardi, 25 janvier
Brumeux. Beaucoup de pluie. Le thermomètre indique 50.
Mercredi, 26 janvier
Très humide. Le thermomètre indiquait 70 à 21h00 dans mon parloir, les fenêtres ouvertes et le feu éteint.
Jeudi, 27 janvier
J’ai reçu de plaisantes lettres de ma mère, de Mary Lucy & d’Ellen, en réponse aux miennes écrites le 15 novembre passé. S. Coghlan et son garçon sont en prison. Les méchants ne doivent pas gagner. J’ai écrit à Pat Howard, John Burns et
William Hunt, à qui j’ai envoyé 4$.
Vendredi, 28 janvier 1848
Une petite neige se changeant en pluie. J’ai écrit une lettre à ma mère, lui décrivant mon voyage à Port Stanley et à Hamilton.
Samedi, 29 janvier
Envoyé les lettres à ma mère, à Mary Lucy et à Fanny Calvert. J’ai payé le chauffeur pour avoir conduit dans le bois.
Dimanche, 30 janvier 1848
Messe. Visite à M. D. O’Brien, un homme originaire du comté de Cork, arrivé ici il y a environ 40 ans. Il avait de l’argent à l’époque et il a pu la faire fructifier. Il a acheté de grands terrains, lorsque c’était peu dispendieux. Il a construit ici l’Hôtel Great Western pour 5 000£, dit-il. Ça lui fait un loyer de 250£ par année, désormais. Il vient tout juste de se faire construire une très belle maison,
À un demi mille au sud de London. Elle lui a coûté 2 000£. Il possède une distillerie et il fait de l’agriculture extensive. Il vend son whiskey (illisible) par galon, mais il avoue lui-même qu’il n’est pas très bon.
Il m’a dit qu’après avoir bien défriché, ses terres les plus basses lui ont donné plusieurs récoltes de blé. Il dit que les profits de sa ferme servent à payer les ouvriers et les taxes, mais qu’il va la vendre. J’ai compris, dans les faits, qu’il a de graves difficultés financières et qu’il est, à toutes fins pratiques, ruiné. Il garde son grand magasin à Goderich, mais il n’a pas été capable, cet hiver, de s’approvisionner en produits frais en raison du manque de traîneaux et de la route (illisible).
Il parle des problèmes de retard des chemins de fer, ici. Hope & Birnell, les plus grands grossistes pour les produits d’épicerie, de quincaillerie et autres, ne vendent que sur commission. Le village s’est embelli depuis
Ma dernière visite ; mais les édifices en bois et en briques ont été construits avec de l’argent prêté par les banques, qui demandent maintenant d’être remboursées. Si elles mettent leur plan de remboursement à exécution, il y aura beaucoup de faillites. Le thermomètre indique 30.
Lundi, 31 janvier
Le thermomètre indique 40
Mardi, 1er février
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Mercredi, 2 février
Un besoin de voir des montagnes, comme le dit le pauvre dicton irlandais, fait penser que nous sommes presqu’à toucher l’âme de la terre, le ciel étant aussi proche, là où il rencontre les forêts. Le son d’un télégraphe électrique ressemble à celui d’une belle harpe. C’est la Chandeleur, aujourd’hui.
at Neill a trouvé un emploi dans une écurie pour 7$ par mois.
Jeudi, 3 février
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Vendredi, 4 février
Le thermomètre indique 50.
Samedi, 5 février
Le thermomètre indique 45.
Il neige. Le thermomètre est descendu à 23.
Dimanche, 6 février
Messe à Saint-Thomas. J’ai prié pour ma famille. Le thermomètre indique 27. Vent du nord, parfois en bourrasques, faisant virevolter la neige pendant la nuit, avec grandes forces. Pat Neill a décidé de démissionner de son nouvel emploi parce que son maître ne voulait pas qu’il rentre chez lui, le soir. Il ne m’a pas consulté.
Lundi, 7 février
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Mardi, 8 février
Fortes chutes de neige ce matin. Le thermomètre indiquait 31, pour monter ensuite à 40. Promené en traîneau.
Mercredi, 9 février
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Jeudi, 10 février
Courrier de l’Angleterre. J’ai reçu des lettres de ma mère, d’Ellen et de Mme L. Satisfaisantes.
Vendredi, 11 février
J’ai reçu une lettre d’Aubrey, qui avait été mal acheminée auparavant, à Toronto. Il me dit qu’Elliot a beaucoup aimé ma lettre ; il en a fait une copie pour Lord Grey & a dit qu’il servira à changer les choses pour le mieux. Le thermomètre indique 15. J’ai écrit des lettres à ma mère, à Mary Lucy, à Vere et à Lord Monteagle.
Samedi, 12 février
J’ai envoyé mes lettres à Lord Monteagle, à Mère, Mary Lucy et Vere. La dernière incluait une révélation importante, qui décidera de ma destinée future dans la vie. J’ai lu un rapport d’une réunion publique ayant eu lieu à Toronto, adoptant textuellement
Toutes mes opinions sur la nécessité d’améliorer le système d’immigration. Je suis content de voir que l’opinion publique canadienne soutient mes points de vue sur la question & de voir que le gouvernement anglais s’apprête probablement à les adopter aussi.
Dimanche, 13 février
Messe. Beau soleil et temps chaud. Gel cette nuit. J’ai reçu une lettre de Johnny Burns.
Lundi, 14 février
J’ai écrit à John Burns, incluant dans l’enveloppe un 40$ pour lui. Je lui ai demandé de venir me voir ici.
Roger m’a fait une demande de prêt afin qu’il puisse aller rejoindre ses amis à Albany. J’ai accepté et lui ai fourni 16$ à cet effet. Le thermomètre indique 43.
M. Goodhue me dit que les actions d’une valeur de 250 000£, du chemin de fer Great Western (illisible), ont été achetées à Boston.
Mardi, 15 février
Le frère de Pat Neill est arrivé en ville, hier soir. La température est tellement belle et on sent le printemps se pointer.
Mercredi, 16 février
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Jeudi, 17 février
Il fait encore beau. Je suis allé en traîneau jusqu’à Delaware. Malgré le temps très sec des derniers temps, les routes sont marécageuses, à moitié glaiseuses et à moitié sablonneuses.
Vendredi, 18 février
Conduit sur la route de Hamilton et me suis rendu jusqu’à la Toucher Mile House de Dorchester. Je suis passé par la grande forêt de pins. Sapins écossais aux 4 pieds. Grands, assez beaux, excepté à la cime. D’autres portions formées d’un sous-bois de hêtres et de pousses de sapins – le sol est composé d’un sable assez pauvre, mais aussi de quelques pouces d’un (illisible) humus riche et noir.
Vous pouvez parfois croiser des bosquets de belles pruches-épinettes, dont les jeunes pousses sont absolument magnifiques. Dans les endroits plus marécageux, vous croiserez certainement des crapauds sauvages (illisible) arbres qui peuvent parfois atteindre une taille géante (20 pieds de circonférence).
Aspect général montagneux et en hauteur.
Plusieurs vieux arbres sont encore debout, là où le sol malléable est couvert de troncs de bois mort, gisant un peu partout de façon désordonnée, mais pratique puisqu’ils forment des ponts naturels sur lesquels marcher pour éviter les marais.
Ces arbres morts présentent toute l’apparence de (illisible) – parfois, vous marchez sur une sorte de bois (illisible), un arbre qui semble pourtant être vigoureux. Ces arbres pourris sont parfois utiles pour les autres arbres, fournissant un réceptacle pour les graines & vous pouvez y voir des sapins, des épinettes et autres arbustes croître à leurs côtés et, même,
Atteindre une hauteur de 100 pieds, les branches prostrées de chacun des côtés du tronc d’arbre. Le bois mort est rapidement enterré par ces beaux érables, ces hêtres et ces gigantesques (illisible), l’un de ceux-là épousant la forme d’un sabot, à partir d’un tronc dont la circonférence extérieure mesurait 4 ½ pieds. Les arbres poussent de façon latérale (phrase illisible) et pénètre profondément dans le sol. Le sol est généralement plat et la forêt vous cache la vue des collines & des vallées, mais vous arrivez parfois soudainement au bord d’un énorme ravin, qui a probablement été jadis formé une grande et (illisible) d’eau. Il n’y a pas de courant et derrière ceci (illisible).
Les bûcherons étaient au travail et disséminés dans toutes les directions & on pouvait entendre tomber les grands pins à toutes les quelques minutes, s’abattant fortement (illisible) tempêtes & et faisant trembler la forêt lorsqu’ils s’écrasaient au sol.
J’ai envoyé des spécimens de fougère et d’érable (illisible) je me souviens d’avoir vu à la maison, et aussi (illisible) des graines d’un sapin-épinette obtenues difficilement malgré le grand nombre de cocottes disponibles. J’aimerais les essayer avec du lapin (illisible) et de l’engrais de feuilles. Une autre caractéristique saisonnière, dans la forêt américaine, est l’absence de petits oiseaux – à tout le moins des pic-bois.
Samedi, 19 février
Pluie. Le thermomètre indique 40.
Dimanche, 20 février 1848
Messe. Pluie et grêle.
Lundi, 21 février
Un fermier du territoire de Huron souhaite que je lui prête 70£, afin qu’il rembourse la Canada Co., pour la terre qu’il habite depuis 7 ans. Il a dit qu’il (illisible) pourrait l’avancer sur la sécurité qu’il est prêt à m’offrir, sur une hypothèque sur la terre, à 20 pour cent.
Mardi, 22 février
Pat Neill travaille dans une écurie à Saint-Thomas, pour un salaire
de 9$ par mois.
Mercredi, 23 février
J’ai écrit et envoyé une lettre à ma mère.
Jeudi, 24 février
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Vendredi, 25 février
J’ai conduit jusqu’à Dorchester pour chasser, mais je n’ai pas rien pris. Le thermomètre indique 25.
Samedi, 26 février
Reçu des lettres via le courrier de l’Angleterre. Une lettre de mon oncle. Il dit que Lord Grey voulait ma permission avant d’envoyer ma lettre à Lord Elgin & et de la soumettre au Parlement. Que grand bien y fasse ! Je ne cherche ni gloire ni profit. J’ai eu une conversation
Avec l’employé de D. O’Brien. Il m’a dit qu’ils avaient acheté du blé tout l’hiver pour 2/6 cy par boisseau et que les prix à Hamilton et à Port Stanley étaient respectivement de 3/9 et de 4/ ; & de 5/ à St. Catharines et au Canal Welland. C’est dire l’importance d’améliorer les réseaux de communication régionale.
Un boisseau de blé pèse au minimum 60 livres et souvent davantage. Un boisseau d’avoine père 36 livres.
J’ai signé une entente de location avec le propriétaire de la maison. Je peux la garder sur une base mensuelle. Je dois lui donner un mois de préavis, si je pense quitter. Ou encore un mois de loyer supplémentaire lors d’un départ. Le thermomètre indique 24.
Dimanche, 27 février
Je suis allé à Saint-Thomas avec Michael. Messe là-bas.
Lundi, 28 février
J’ai eu une entrevue avec M. Goodhue et je lui ai lu ma lettre écrite à Elliot. Il semble être exactement de la même opinion que moi. Il m’a expliqué aussi qu’il fallait que les Provinces fasse pression sur le Conseil législatif pour inciter les immigrants à venir en famille, et non seuls. Je lui ai lu le projet de DM, qu’il approuve généralement. Il prend cependant ses distances à propos des principes énoncés dans l’envoi de Lord Grey. Il a dit qu’un projet limitatif fut proposé au Conseil législatif au début de l’an passé, mais fut abandonné
Parce qu’il a été conclu que toute contrecoup sur les capitaines ou les propriétaires de (illisible) tombait sur les épaules de l’immigrant (plusieurs phrases illisibles) ;
Il a aussi dit que le Canada allait profiter grandement de l’immigration de l’an passé et ce, malgré tous les problèmes et les dépenses que cela a pu encourir. Il m’a promis de soutenir mes idées au Conseil et d’opposer vigoureusement celles contenues dans les envois de Lord Grey.
(Illisible) approuve l’idée « d’envoyer (illisible) des agents »
Ce qui je crois tout à fait possible.
Je pense que je vois des mérites aux idées de Lord Grey. Il connaît les sentiments du peuple, ainsi que la pression qui sera mise sur le gouvernement de la métropole et sur celui d’ici & ainsi que de la nécessité d’investir grandement pour que l’émigration soit plus sécuritaire et utile. Il est nerveux & inquiet, je crois, à l’effet que les Canadiens puissent céder aux peurs et aux étroits préjugés face aux immigrants (illisible).
J’ai écrit un long compte rendu de la dépêche de Lord Grey sur l’émigration, à l’attention de Lord Monteagle.
Jeudi, 29 février
J’ai écrit une lettre à Lord Monteagle, dans laquelle sont inscrites mes remarques à propos de la dépêche de Lord Grey.
Très froid. Forts vents & poudrerie. Le thermomètre indique 20.
Mercredi, 1er mars 1848
John Burns est revenu de Troy. Très froid. Le thermomètre indique entre 10 et 15. M. Goodhue était satisfait des critiques que j’ai formulées à propos de l’envoi de Lord Grey. Il m’a demandé la permission afin de pouvoir les soumettre au Conseil législatif ; ce que j’ai accepté.
J’ai appris que l’hôpital – Buffalo avaient 1 600 patients qui ont maintenant été intégrés dans la main-d’oeuvre locale.
Jeudi, 2 mars
Le thermomètre indique 15 à 20. Il neige. J’ai reçu une lettre très acceptable de la part d’Elliot & accusant réception de la mienne et mentionnant qu’elle aura des effets importants et pratiques. Il m’a aussi envoyé les documents qui sont discutés au Parlement au sujet de l’émigration.
Je lui ai répondu et j’ai inclus un postscriptum à ma lettre.
Vendredi, 3 mars
Il neige. Le thermomètre indique 20.
Samedi, 4 mars
Bonne épaisseur de neige au sol. Le thermomètre indique entre 15 et 20. J’ai écrit et envoyé une lettre à ma mère et je lui ai envoyé une copie de mes remarques faites à la suite de l’envoi de Lord Grey.
J’ai envoyé mes lettres à Lord Monteagle et à Elliot.
Dimanche, 5 mars
Messe. Belle promenade en traîneau. Le thermomètre indique 10.
Lundi, 6 mars
La fonte est rapide. J’ai croisé un chien fou qui est passé à verges de moi. Pas de bâton.
Mardi, 7 mars
J’ai conduit J. Burns à Dorchester. J’ai marché dans la forêt de pins et dans un immense marécage de cèdres. Un grand sapin gisait sur le sol, sa longueur de 75 pieds et sa circonférence de 9 pieds. J’ai croisé un sentier d’ours.
Mercredi, 8 mars
C’est mercredi des cendres aujourd’hui. Messe. Prières & et petit Tom a quitté pour les États-Unis. Je ne crains rien pour Tom, même si je suis sincèrement triste. Il ira où il voudra aller.
Pluie. Le thermomètre indique 37.
Jeudi, 9 mars
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Vendredi, 10 mars
Chien fou.
Samedi, 11 mars
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Dimanche, 12 mars
Messe. Tempête et pluie.
Lundi, 13 mars
J’ai écrit à Widder et ai inclus une facture de 50£.
Mardi, 14 mars
Courrier de l’Angleterre, mais, encore une fois, aucune lettre de la maison. Mes écrits sur mon changement de religion sont probablement à l’origine de ce silence. Que Dieu fasse en sorte que toute nouvelle mauvaise soit de nature qu’à m’affecter seulement. Je ne serais pas digne si je ne considérais pas la souffrance comme un glorieux privilège.
Très froid. Terrible vent du nord et nuages de poudrerie. Le thermomètre indiquait ce matin 8 ou 10. A grimpé à 15 et 20, avant de redescendre à 10 et à 5.
Mercredi, 15 mars
Le froid se poursuit. Le thermomètre indique 10. Est tombé à zéro pendant la soirée.
Jeudi, 16 mars
Suis allé marcher à la rivière. Coupé des bâtons de noyer. Des arbres géants surplombent l’eau.
À en examiner l’écorce écaillée, je crois qu’il s’agit d’un platane. Ils appellent ça un arbre à boutons, ici, ou un sycomore blanc. Les branches supérieures sont éloignées. Il y a une grande quantité de petites branches, comme les noisetiers, aux fleurs mauves (illisible). Cet arbre a besoin d’espace pour s’étendre et il peut faire 30 pieds de circonférence.
Vendredi, 17 mars
Jour de la Saint-Patrick. Neige. Le thermomètre indique 50.
J’ai traversé la Thames encore glacée. Un cheval peut encore la traverser sécuritairement.
Samedi, 18 mars
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Dimanche, 19 mars
Messe à l’église Saint-James. J’y suis allé avec Johnny Burns. Nous sommes ensuite allés à Port Stanley. Plusieurs belles terres et des fermiers écossais expérimentés. Grands chênes et érables à sucre. Les porcs qui sont laissés dans la forêt engraissent en mangeant des noix et deviennent mous et huileux. Il faut les affamer à leur retour des bois, s’ils y sont restés deux ou trois semaines, afin que la chair redevienne bonne. La chair est de piètre qualité. Curieuse (illisible).
Lundi, 20 mars
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Mardi, 21 mars
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Mercredi, 22 mars
Promenade avec mon fusil & j’ai tiré sur 4 sortes de petits oiseaux, qui reviennent à l’approche du printemps. Je suis allé voir le (domaine) à vendre de M. Killaly, sur les rives de la Thames. Il s’agit de 400 acres, dont plus de 100 acres sont
Défrichées. Une bonne terre et bien située, à près de 5 milles de London. Des terres assez basses. Du bon bois pour la maison et susceptible de faire vivre une grande famille. (Le prix demandé) 1 400£, mais j’estime qu’il est possible de l’acheter immédiatement si on a 1 000£ ou 1 100£ déjà en poche. Les communications avec London sont très mauvaises. Il avait un rendez-vous au Département des travaux publics, mais il a été changé pour les mines de cuivre du Lac Supérieur. L’étage de la maison est en mauvaise condition.
Jeudi, 23 mars
Il fait beau. La chaleur s’installe de jour en jour. (Illisible) ça continue. Feu toute la nuit.
Vendredi, 24 mars
Pas en forme depuis quelques jours. Souffre de cette vieille douleur dans le creux de l’estomac.
Samedi, 25 mars
Jour de la femme. Messe. Le thermomètre indique 60.
Colis du SCSR (illisible) de l’agent de l’immigration.
Dimanche, 26 mars
Le thermomètre indiquait 55 à 22h00.
J’ai répondu à la lettre de l’agent de l’immigration de Toronto.
Lundi, 27 mars
Le thermomètre indique 50. Le printemps s’en vient absolument.
Mardi, 28 mars
Courrier de l’Angleterre. Aucune lettre de la maison, mais j’ai reçu celle de Stephen disant que tout va bien à Curragh. Lettre de Boston reçue, mentionnant qu’ils ont reçu un colis à mon nom. J’ai écrit au Consul britannique de là-bas pour qu’il me le fasse parvenir.
Content d’apprendre aussi que personne, du domaine De Vere, n’est dans un hospice ou en prison.
Mercredi, 29 mars
John Burns me quitte. Je l’ai conduit à Dorchester. Faisons le sucre d’érable – une entaille profonde doit être faite – dans laquelle un petit bec est installé, qui laisse couler la sève parfois en gouttelettes, parfois en jet continuel (illisible), dans un bac de bois. La sève est transparente, comme de l’eau, et presque sans goût. Elle est ensuite bouillie et vendue (illisible) en petits gâteaux bruns foncés (illisible) que ça commence à apparaître.
L’ours, dont j’avais vu le sentier lors de ma dernière visite à Dorchester, a été tué et
Vendu pour 10$. Le blé d’hiver commence à (illisible). J’ai pris les mesures d’une écurie de 60 x 40.
Un envoi télégraphique parle de mouvements révolutionnaires en France, en Bavière, en Espagne, en Russie & mentionne l’établissement d’une nouvelle République française. À ma surprise & celle de l’honneur éternelle de l’Irlande, il n’y a pas eu d’attaques du genre. Si elle continue comme ça, la gratitude manifestée par l’Irlande pourrait bien finir par conquérir l’Angleterre…
J’ai ramassé quelques semences d’une plante inconnue, qui forme un tapis épais
Dans une partie de Dorchester (illisible) sol sablonneux mélangé avec un léger humus brun pâle. De par les feuilles, j’imagine qu’il s’agit d’une sorte de millepertuis ou d’andromède.
La rivière Thames offre un spectacle magnifique, couverte de troncs de nobles pins, d’une longueur de 12 à 14 pieds, descendant le courant jusqu’à la scierie.
La plupart des colons embauchés par la Canada Co., dans le territoire de Huron semble décidés, selon ce que j’en comprends, à rester en possession du sol sans payer un sous. Ils ne peuvent pas
Les payer puisque le montant demandé par la Canada Co., est plus important que tous les profits faits en la défrichant. Je prévois que ce genre de choses, provoquant bien de la désaffection chez les Hiberniens Canadiens, aura de sérieuses conséquences là-bas. J’ai été informé à l’effet que le Gouvernement a exhorté les jeunes hommes à devenir volontaires, mais que sur les 2 000 Irlandais de Montréal, (illisible) 100 l’on fait. De grands changements ont eu cours depuis le temps des rébellions canadiennes.
Statistiques sur l’immigration au Canada des années 1833-1847.
Pour 1847 :
Nombre d’immigrants arrivés : 98 106
Nombre d’immigrants admis à l’hôpital : 8 691
Pourcentage d’admission : 8.86
Nombre de morts : 3238
Pourcentage de morts : 37.26
Cholera : (290 morts en 1833 ; aucun en 1847)
Pourcentage d’enfants : pas recensé en 1847
Fièvre et dysenterie : 8 574
Pourcentage de fièvre et dysenterie : 8.74
Variole : 92
Pourcentage de variole : 0.09
Autres maladies : 25
Pourcentage des autres maladies : 0.33
Total : 8691
Tableau 2
Énumérant le nombre de membres du clergé, des équipes médicales, des soignants à l’hôpital & autres, qui ont contracté la fièvre & qui sont morts en la saison de 1847, en prenant les immigrants malades de Grosse-Île en charge.
Nombre de ceux qui ont donné des soins à l’hôpital.
Nombre de ceux qui ont contracté la fièvre.
Nombre de morts.
Prêtres catholiques romains : 42 / 19 / 4
Prêtres de l’Église Unie d’Angleterre : 17 / 7 / 2
Médecins : 26 / 22 / 4
Intendants à l’hôpital : 29 / 21 / 3
Infirmières, aides-soignants et chefs-cuisiniers : 186* / 76 / 22
Policiers : 10 / 8 / 3
Charretiers : 6 / 5 / 2
Malades & mourants ou décédés :
Les clercs, boulangers et servantes : 15 / 3
Département des agents de l’immigration : 1 / 1
Clercs : 1 / 1
Officiers de la Douane qui examinaient les bagages : 2 / 1
Servantes des membres du clergé catholiques romains : 8 / 4 / 1
* Plusieurs des aides-soignants, des infirmières et des chefs-cuisiniers étaient eux-mêmes des immigrants, affectés par la fièvre et qui furent embauchés après leur convalescence ; autrement, la proportion du nombre de malades aurait été grandement supérieure puisque presque tous ceux et celles qui ont été embauchés et qui sont venus de Montréal ou de Québec ont contracté la fièvre, soit à Grosse-Île ou juste après l’avoir quittée.
Tableau 3
Immigrants admis, ayant reçu leur congé et décédés à la Station de la quarantaine de Grosse-Île, pendant la saison se terminant le 3 novembre 1847.
Admis.
Congé obtenu.
Décédés.
Fièvre.
Dysenterie.
Autres maladies.
Hommes : 3 524 / 2 713 / 1 361 / 3 514 / 15 / 4
Femmes : 2 763 / 1 744 / 969 / 2 730 / 20 / 13
Enfants : 2 394 / 1 486 / 908 / 2 329 / 57 / 8
Total : 8 691 / 5 433 / 3 238 / 8 754 / 92 / 25
Tableau 4
La moyenne quotidienne du nombre de malades, selon chacun des mois de la saison :
15 au 31 mai – 451
Juin – 1 508 ½
Juillet – 1 454 ¾
Août – 2 021 1/3
Septembre – 1 330
1er au 24 octobre – 346
La moyenne quotidienne du nombre de malades pendant la saison : 1 307
Les statistiques de ce tableau #4 nous ont été fournies par le médecin, Dr. Douglas, superintendant-médical de la Station de la quarantaine de Grosse-Île.
Jeudi, 30 mars 1848
J’ai visité les chaumières en bois ronds au chemin de fer, construites de billots empilés les uns sur les autres et légèrement taillés dans les coins. Les interstices sont bouchés par de la glaise. L’une de ces cabanes, d’une grandeur de 16 x 8, abrite un homme, sa femme et sa famille & 16 pensionnaires. C’est un orangiste du nord de l’Irlande et ses pensionnaires sont surnommés des « gens du sud profond ». Les Irlandais du Sud sont généralement surnommés des « Corkonians ». Les lits sont empilés au fond de la cabane, il y a un grand poêle dans le milieu de la pièce, des étagères rudimentaires sur les côtés, pour les assiettes et les tasses, & ça fait drôle à dire, mais on y ressent quand même un certain confort (illisible). Il est propriétaire de 200 acres dans le territoire de Huron. Ses pensionnaires lui donnent 1 ½ dollar par semaine et reçoivent de la nourriture acceptable et de la viande à chaque jour.
Comme il y a du retard dans les travaux du chemin de fer, presque tous les employés sans travail vont travailler pour le chemin de fer du Michigan, où ils reçoivent 3/6 (illisible) par jour. Climat misérable. Il y a eu plusieurs cas graves de fièvre et de typhus récemment, là-bas. J’ai tué un bel oiseau que l’on appelle ici un « Wake Up » ou un « High Holder ».
Le thermomètre indique 60 à l’ombre et 85 au soleil.
Vendredi 31 mars
Chaudes et fortes pluies. La végétation sort comme par magie.
Samedi, 1er avril
Petite neige au sol. Le thermomètre indique 30.
Je suis allé assister à une séance de la cour présidée par le chapelier, M. Dixon. Assidu, mais il ne connaît pas très bien la loi. Décisions tout à fait à l’encontre de la loi.
J’ai lu, via les journaux, que le Gouvernement a adopté mes suggestions à propos des agents d’immigration sur les bateaux.
Dimanche, 2 avril 1848
Messe. J. Burns m’écrit que la route de Hamilton jusqu’à St. Catharines n’a jamais été en aussi mauvais état.
Le thermomètre indique 50. J’ai écrit une lettre à Vere, que j’enverrai demain par la poste. (Illisible) mare grise. J’inclus les sommes convenues. Mentionne l’intention d’aller visiter les provinces basses du Canada. Tommy Hanly de Troy a été embauché par un médecin, au salaire de 7$ par mois.
Lundi, 3 avril 1848
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Mardi, 4 avril 1848
Envoyé la lettre à Vere, l’avertissant à l’avance de mes prochains déplacements et lui demandant d’expédier (le courrier) aux soins de John Burns, à Troy, après le 20 du mois.
Vendu un lit fait de plumes (illisible) 3.5£ et une paire de couvertures, 1.5£.
Assisté à des séances de la cour.
Une scène extraordinaire, celle de l’avocat Beecher, qui doit prouver que les charges qu’il avance sont justes et raisonnables.
Ce faisant, il a tendu le livre au juge (illisible) qui refuse d’être retiré de l’affaire… (illisible) examine finalement son propre assistant & le juge a détruit la preuve. Le jury ayant des doutes sur la décision à rendre, le juge les a enfermés en ajournant la séance à 16h00. C’est nécessaire de prouver (illisible) le coût de la facture (plusieurs phrases illisibles)
Le juge a demandé au jury de demander la somme entière, au plaignant, en leur disant qu’il approuve
L’endossement de la facture et la signature d’un homme respectable qu’il connaît bien (illisible).
Pluie ininterrompue. Le thermomètre indique 50.
Mercredi, 5 avril
Ensoleillé. Le thermomètre indique 55.
Je suis all à Dorchester pour une excursion de chasse.
Jeudi, 6 avril
Dorchester. Parti chasser. J’ai tué 3 faisans & deux lièvres blancs. Marécages très mouillés, difficiles à franchir à la marche. De l’eau jusqu’aux genoux pendant plus d’un mille. Couché à Dorchester.
Vendredi, 7 avril
Dorchester. Encore à la chasse. Traversé la rivière dans un petit canot. Le courant était très rapide.
Pas d’écume. J’ai tiré sur un lièvre blanc. J’ai manqué un ours de très peu.
J’ai marché dans une belle forêt, assez extraordinaire et d’une sombre beauté. Tous les arbres sont des pins écossais et sont bien ancrés au sol (illisible) ne laissent pas passer les rayons du soleil (illisible) pendant le jour. Ils sont d’une taille habituelle, leur circonférence peut atteindre 30 à 40 pieds ; les premiers cinquante pieds des troncs poussent en zigzaguant et révélant diverses formes, parfois grotesques ; pour ensuite s’élever, tout en droiture, à une hauteur de plus de 200 pieds. Contrairement à d’autres (illisible), le sous-bois est composé d’hêtres et tous semblent dépourvus d’écorce, comme si (illisible)
Aussi, il n’y avait pas d’arbres par terre & la hache ne semble jamais avoir été utilisée ici.
J’ai croisé une couleuvre de près de 2 ½ pieds de longueur. Je l’ai tuée. Sur le chemin du retour pour London, en après-midi. Le courrier anglais est arrivé & m’a apporté de belles lettres de ma mère et de Vere. Elles sont datées du 27 février, mais Michael en a reçue une datée du 8 mars. En marchant sur ma rue, j’ai été surpris d’y voir une grande maison de briques, de deux étages et munie d’une cheminée, au beau milieu de la rue. C’est comme si elle était apparue soudainement
Tel le palais d’Alibaba… (phrases illisibles) En l’examinant, je me suis aperçu qu’elle se déplace à l’aide de roulettes & et est tirée par un câble attaché (illisible) très loin par (illisible) des chevaux.
Très chaud.
Samedi, 8 avril
Le thermomètre indique 73 à l’ombre, à midi. Indications reçues qu’il y a de l’agitation révolutionnaire en Irlande.
Dimanche, 9 avril
Messe à Saint-Thomas. J’ai prié pour ma famille. Le thermomètre indique une température très élevée de 80 à l’ombre, à 14h00.
Une dépêche télégraphique de New York parle d’agitations sérieuses à Dublin
Où 2 000 personnes auraient été tuées, mais ne parle pas de l’issue.
Lundi, 10 avril
Très chaud. Le thermomètre indique 80. Une grosse pêche dans la rivière, 1 livre de poisson. Pas du bon poisson. On les appelle des meuniers.
Mardi, 11 avril
Pluie et tonnerre. Le thermomètre indique 60. J’ai commencé à rédiger une longue lettre à ma mère – description des forêts américaines.
Mercredi, 12 avril
Le thermomètre indique 60. Dépêche télégraphique qui contredit complètement les rapports précédents sur le massacre de Dublin, qui ont dû faire l’objet d’erreurs au Bureau de télégraphie.
Jeudi, 13 avril
Changement soudain de température. Le thermomètre indique 37.
Vendredi, 14 avril
J’ai vendu quelques livres à l’encan. 12.9.1 £
J’ai vendu une selle à M. O’Dwyer. 3£
Une bride au Dr. Goring. 2£
Lit fait de plumes à M. O’Dwyer. 3.5£
Couvertures 1.5£
Samedi, 15 avril
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Dimanche, 16 avril
Messe. Dimanche des rameaux.
Lundi, 17 avril
P. Neill et sa femme quittent pour Troy. Je lui ai donné 6.5.0¢ & des vêtements en cadeau. Payé un mois de loyer pour la maison, dû pour aujourd’hui & j’ai signifié mon intention de quitter dans un mois.
Mardi, 18 avril
J’attends du courrier de l’Angleterre, mais il n’arrive pas. Le thermomètre indique 40. Grands vents de l’est. L’air est voilé par le sable virevoltant. Givre en soirée. Très froid.
Mercredi, 19 avril 1848
Trois ou quatre pouces de neige sont tombés. Le thermomètre indique 30. Il y a deux jours, il indiquait 80 ou 90.
Jeudi, 20 avril
Temps plus chaud et ensoleillé, mais ça reste un peu froid… Reçu le courrier de l’Angleterre. Une longue lettre joyeuse reçue de ma mère, ainsi que de Mary Lucy & Ellen, datée du 15 mars. J’ai terminé celle que j’écrivais pour ma mère. Je ne vais pas bien. Estomac à l’envers.
Vendredi, 21 avril
Vendredi Saint. J’ai entendu dire que le colis de Boston est arrivé à Hamilton. J’ai demandé qu’il me parvienne via M. Murphy. Encore mal en point, fièvre et dysenterie.
Samedi, 22 avril
Envoyé ma lettre à ma mère, lui décrivant la situation politique. Envoyé aussi une note à Mary Sue. Loin d’avoir recouvré la santé.
Dimanche, 23 avril
Jour de Pâques. Je suis incapable d’aller à la messe. Aucun soulagement après avoir pris trois doses successives d’huile de castor.
Lundi, 24 avril
Très malade et au lit. Demandé au médecin, Dr. Goring, de venir. Il m’a prescrit des doses importantes de calomel, à toutes les trois heures. Me sentais bien mieux au cours de la soirée. Rapports d’insurrection en Irlande.
Mardi, 25 avril
Merci mon Dieu, je vais bien mieux aujourd’hui, mais encore exceptionnellement faible. J’ai essayé en vain, de m’assoir.
Mercredi, 26 avril
Plus en forme et plus vigoureux, mais l’estomac est à l’envers et je ne peux manger de nourriture sous forme solide. Un homme de Limerick, un soldat et notre intendant, a été mordu par le chien que j’ai pu éviter providentiellement il y a quelques temps. L’homme est mort de la rage après avoir été malade pendant deux jours. Tous ses effets personnels ont été brûlés à la demande du colonel. J’ai écrit Oberon & Titania pour mon petit filleul Aubrey O’Brien. Dépêche télégraphique confirme les rumeurs d’agitations à Dublin.
Jeudi, 27 avril 1848
Le médecin me prescrit des exercices et des tonifiants. Je suis allé marcher, mais je suis revenu bien épuisé. Ma digestion semble avoir arrêté de fonctionner naturellement. J’ai écrit un poème, Oberon & Titania. J’ai eu des nouvelles de P. O’Neill qui est à Buffalo. Il peut gagner 18 dollars par mois, là-bas. Un ouvrier ordinaire comme Johnny Purcil peut gagner 14$. Il y a beaucoup de travail. Tout est peu cher.
Vendredi, 28 avril
Je vais mieux aujourd’hui. J’ai écrit à John Burns, lui joignant 15$ afin que Ned McDonagh puisse venir se faire soigner ici.
J’ai écrit à Ellen.
Le thermomètre indique 65. Pluie forte en soirée.
Samedi, 29 avril
Je vais mieux. Journée froide et pluvieuse. 50 chiens ont été tués dans les rues hier & grand nombre ont été tués sous les ordres du maire.
Dimanche, 30 avril
Messe à Saint-Thomas. J’ai prié pour ma famille. J’ai cueilli quelques spécimens de fleurs du printemps, que je ferai sécher.
Lundi, 1er mai
Fortes et chaudes pluies. La végétation pousse rapidement, mais il n’y a pas encore de feuilles aux arbres. M. O’Dwyer dit qu’il achètera mon cheval, ma carriole mes trappes, selon mes estimations de leur valeur, si j’ai de la difficulté à m’installer. Je lui ai mentionné que ça vaudrait 100$ et il a accepté.
Mercredi, 3 mai
J’ai reçu des lettres de Vere et de ma mère. Le premier m’a dit qu’il n’avait pas encore parlé de ma conversion religieuse à ma mère. La deuxième me dit que Vere pense traverser l’Atlantique. J’ai écrit tout de suite à Vere en lui demandant d’informer maman
De ma conversion & en lui disant de ne pas venir ici, à moins que ses affaires l’en obligent absolument.
Jeudi, 4 mai
Parti pour Toronto avec Smt à 6h00. On a atteint Bradford, 57 milles, à 16h30, voyageant sous la pluie pendant 7 ½ heures.
Vendredi, 5 mai
Nous avons quitté Bradford à 6h30. On a atteint Hamilton à 10h00 (25 milles). Déjeuner là-bas. Partis à 15h30 via la route de Dundas. Route en partie enfoncée dans un sable blanc et en partie dans la glaise. Les routes sont maintenant bien dures et formées d’ornières. J’ai croisé et tué un gros serpent noir de 4 pieds de longueur & dix (illisible). On dit ici qu’ils sont venimeux. Rattrapé en soirée
Par un orage incroyable. Pour l’éviter, nous sommes arrêtés dans une petite place nommée le Palermo. Y sommes arrivés à 19h00. 17 milles. Une campagne fort bien cultivée.
Samedi, 6 mai
Partis à 6h30. Déjeuner et ravitaillements à la taverne de la poste. 5 milles. Confortable. Collines affreuses. Arrivés à Toronto. 30 milles. 13h00.
Dimanche, 7 mai
Messe. Pris le thé avec M. Widder. Je lui ai lu ma lettre au sujet de l’immigration. Il l’approuve complètement. Il
Est d’accord avec moi sur deux points principaux – un plan sur l’immigration aiderait à la colonisation & le meilleur moyen d’aider à l’immigration et à la colonie serait de développer un système local de communications soutenu par le Gouvernement. Je lui ai lu sa lettre pour Gladstone en 1845, dans laquelle il en appelle au développement des chemins de fer dans l’Ouest, garantis aux colonies par le Gouvernement.
Il propose que le prochain bureau de poste soit assigné aux soins de la compagnie de chemins de fer & que le gouvernement signe un contrat de quinze ans avec elle pour prendre en charge le transport militaire et du courrier.
Il propose que 25 000 par année soit alloué par le Gouvernement et la même somme par le Parlement provincial, ou encore que le 50 000 soit garanti seulement par l’Angleterre et le Canada s’engage à la rembourser avec intérêts. De tels travaux sont, selon lui, nécessaires d’un point de vue militaire, social et commercial.
Une route en bois coûte entre 500£ et 700£ par mille.
Une route en macadam coûte entre 1 200£ et 1 800£.
Cette dernière dure environ 5 ans.
Les dépenses pour maintenir la première s’élèvent à 15£ par année, après les deux premières années de vie.
Le projet de chemins de fer de Widder voudrait dire de réserver 2 000 000 acres, par le gouvernement, des terres situées au nord du territoire de Huron. Elles resteraient sous juridiction gouvernementale jusqu’au moment où les colons pourraient s’y établir. Le gouvernement colonial offrirait des titres de la moitié de la valeur, garantis par le gouvernement impérial pour l’autre moitié, pour les terres au nord de Huron (50 à 100 acres), vendues à prix fixe.
Vaut la peine de payer la moitié en argent comptant et l’autre moitié en titres (illisible).
Les profits nets du chemin de fer devraient aller au (illisible) paiement de la dette seulement.
Il est proposé que les travaux soient menés seulement par la compagnie.
Chemin de fer – No. 2
Diffère principalement du projet No. 1 puisque ce serait le gouvernement qui assumerait entièrement sa construction et les travaux de maintenance ; réservant 2 000 000 d’acres & certaines clauses permettant aux compagnies actuelles de faire du profit selon certaines conditions.
Il dit que la main-d’oeuvre dans les chemins de fer serait plus qu’assurée.
(phrases illisibles) ensuite, par les conseils de districts.
Les immigrants pauvres
Le Gouvernement donnerait une somme d’argent à toute personne intéressée à installer 1 à 3 familles sur sa ferme pour la construction d’un chalet & l’achat de deux vaches lorsque la maison serait bâtie & des acres pour cultiver le sol. La personne qui procéderait à des bonifications aurait le pouvoir de nommer une famille d’immigrants (illisible) rester pendant 5 ans ; les 5 prochaines années seraient en location = avec une dette à rembourser pour la construction et le défrichage, mais une possibilité d’achat.
Aucune spéculation permise. Les familles
Seraient prises en charge par le Gouvernement. Frais à payer au Gouvernement jusqu’à remboursement total de la dette.
Déménagement ou sous-location seraient interdits. Pas de maisons ne pourraient être construites si moins de 20 acres défrichées sur le total de 200 acres fournies.
Après 5 ans de résidence et approbation du clergé, possibilité de payer la terre en argent comptant.
Prêts de 10£ et de 20£ seraient octroyés par le Gouvernement aux familles d’immigrants…
Remises de la Canada Co., pour les amis des immigrants, en petites coupures.
Lundi, 8 mai
Je suis allé au bureau de la Canada Co., et j’ai réglé mon compte.
Mon crédit : 1 233£ & intérêts de 44£.
Mardi, 9 mai
Chèque (pour le prêt de M. O’Dwyer) – 100
Argent comptant – 40
Traite de New York – 60
Je suis retourné à Windsor.
Souper avec M. Widder. Une soirée plaisante. Première fois qu’il y a de la musique depuis mon arrivée en Amérique. J’ai rencontré M. Warburton, le cousin d’Elliot, qui vient tout juste d’obtenir un emploi d’inspecteur au bureau de poste & M. Todd, dont la sœur est mariée à Ham (?) Lane, ainsi que le vice-chancelier Jameson. Époux de l’auteure. Elle lutte pour le droit des femmes et préfère vivre en Angleterre.
Estimation de la valeur de ma carriole 7$
Écurie ½ dollar par jour.
Mercredi, 10 mai
Reparti par la
Route du Lac. Une route argileuse. Belle vue du lac. Un pauvre coin de pays. Du pin et du bouleau. Port Credit 14 milles. Un petit port en difficulté, misérables quais. Ruines. Couché à Wellington Square, 36 milles. Me suis perdu. 4 milles de détour. Confortable.
Jeudi, 11 mai
Très humide et froid. N’ai pas pu partir avant 10h00. La route est très raboteuse et faite de pierres fraîchement installées. La vue de la portion nord de la baie de Burlington est très belle. Elle est entourée de grands arbres et on aperçoit la ville de Hamilton au loin
Du côté opposé. Couché à la taverne Phelan (Cartwood) à Bradford – très confortable. Arrivé vers 19h00. 47 milles.
Vendredi, 12 mai
Parti à 8h00. Arrivé à London à 17h00. J’ai reçu des lettres de ma mère et d’Aubrey. Ils me suggèrent fortement de rester ici, en m’avertissant que mon retour, à l’heure actuelle, pourrait me placer dans une position inconfortable. En ce qui concerne les agitations, mon frère et d’autres prennent parti pour le Gouvernement et ils savent que je ne pourrais pas soutenir la même position qu’eux.
Ned (?) revient de Troy. Son (?) là-bas ne m’incite pas à passer du temps
Avec eux. J’ai donc décidé de rester ici pour un autre mois. Je n’ai pas réussi à renouveler mon bail pour un mois puisqu’un nouveau locataire emménage dans ma maison.
Samedi, 13 mai
Chasse. Sans succès.
Dimanche, 14 mai
Messe. J’ai écrit à Aubrey. Courrier du soir. Pas de lettres reçues. J’ai écrit à Widder, lui renvoyant le chèque de 100£ (illisible) que je voulais (illisible) à être restitué dans mon compte.
Lundi, 15 mai
M. O’Dwyer envoie du courrier
Et prétend qu’une somme de 7.11.6£ lui est due. Il la demande (notes illisibles) et il refuse de prendre ou de payer la selle qu’il m’avait promis d’acheter pour 3£. Je lui ai donné 7.11.6£ que je lui ai envoyé par (illisible).
Il m’avait aussi promis d’acheter…
Mardi, 16 mai
J’ai réussi à avoir une maison pour 2 mois à 8$ par mois. Je dois aviser, 14 jours à l’avance, dans l’éventualité où j’ai l’intention de quitter après les deux mois de loyer.
Les assises se poursuivent. Le conseiller de la Couronne a parlé à quelques témoins, avant d’en appeler un autre, à qui il a dit : « vous avez vu l’examen de témoin précédent, est-ce que vous corroborez ? » Il a encore demandé au juge ce qu’il devait faire si jamais un prisonnier est présentement en prison. Aucune information – aucun engagement – le geôlier était d’accord (illisible) commis ou pour lequel des crimes commis. Le juge n’a fait qu’émettre des remarques (illisible) sur les points de procédure.
Mercredi, 17 mai
J’ai répondu à Widder à propos de ses (illisible) projets sur l’immigration & la colonisation, dans une longue
Lettre truffée de questions et de commentaires.
Jeudi, 18 mai
Très chaud aujourd’hui. Le thermomètre indiquait 80 à l’ombre. J’ai reçu une lettre de Widder, me disant qu’il avait remis les 100£, dans mon compte, que je lui avais envoyées.
Vendredi, 19 mai
Déménagé dans la nouvelle maison. Payé M. Smith au complet pour le loyer de 2.1.9£ & payé un mois de loyer pour la nouvelle maison, en avance. 2£. Excessivement chaud.
Samedi, 20 mai
Forte pluie. J’ai pris mon fusil et j’ai tiré sur plusieurs beaux spécimens d’oiseaux. Fleurs printanières. De grands géraniums violets. Des violettes sauvages, plus petites qu’à la maison, aux touches de blanc & de jaune clair, qui pourraient bien être des pensées. De beaux phlox de couleur mauve – pas de marguerites ni de primevères. Divers types de poissons abondent dans la rivière. J’en ai tué plusieurs
Sortes en les attrapant dans un filet ou avec des crochets & harpons – meuniers, mulets, achigans à grande bouche. De belles fougères – marais jaunâtre. Des centaines de beaux écureuils au pelage gris, plus petits qu’un rat, et des tamias noirs.
Dimanche, 21 mai
Messe. Chaud. Sombre, avec orages et fortes averses.
Lundi, 22 mai
Parti pour le Niagara à 8h00. Je suis arrêté à la taverne Phelan à Bradford à 16h00. J’ai remarqué la présence (illisible) mauve.
J’ai visité une scierie – moteurs à 16 chevaux & deux scies. Ça fonctionne sans (illisible) du lundi à 13h00 jusqu’au samedi, à 22h00.
L’ingénieur est un jeune Écossais. Ils
Brûlent la sciure de bois (illisible)
Fera marcher le moteur seulement que 14 heures sur 24. Huit mains pour manoeuvrer, pour un salaire de 11 à 16 dollars par mois.
Ils scient seulement le pin. Le produit va principalement aux États-Unis. Ils emploieront la machinerie pour moudre le grain de maïs lorsque tous les arbres, dans les 2 ou 3 milles aux alentours, seront sciés.
C’est trop cher de faire venir le bois sur une plus grande distance. Ceux qui ont construit la scierie, ainsi que le propriétaire sont maintenant (illisible) et la scierie fonctionnait (illisible).
Mardi, 23 mai
Parti à 7h00. Arrivé à Hamilton à 15h00. 39 milles. Marché de l’autre côté de la baie, pour montrer la vue splendide à Mick. La scène, sans les montagnes, est plus belle qu’à
La baie de Burlington. Nous sommes allés écouter Langrishe en soirée. C’est un chanteur comique, un improvisateur et un acteur talentueux, qui joue parfois des pièces irlandaises.
Mercredi, 24 mai
Parti pour Hamilton à 9h00. La route était effrayante – en fait, il n’y avait pas de route. Nous nous sommes arrêtés pour se reposer et manger pendant deux heures & nous sommes arrivés à St. Catharines. 35 milles. St. Catharines est à 4 milles au nord du Canal Welland. Une ville qui se développe bien. Très irlandaise. De gros moulins, un excellent hôtel et un superbe marché à maïs. La campagne, entre Hamilton et St. Catharines, est très bien – sol argileux. Une grande colonie – 4 belles églises. L’église catholique a été construite par les ouvriers irlandais du Canal Welland. Une portion de la route a été bien construite, mais elle est misérablement entretenue.
Jeudi, 25 mai
Quitté St. Catharines à 9h00. La route jusqu’à Saint-David est dans un meilleur état. 8 milles. Laissé du courrier ici & nous avons croisé une belle route dans la colline, pittoresque, menant aux Chutes. 6 milles de Saint-David.
Ce serait probablement insuffisant de décrire les Chutes comme l’une des « merveilles » du monde. Elles ne vous font pas peur, ni vous terrifient ou vous stupéfient, mais elles obligent quiconque à rester là, dans l’admiration la plus enthousiaste. La hauteur des cataractes n’est pas si importante : 160 pieds, au maximum & et leur hauteur apparente
N’est en rien comparable à leur largeur prodigieuse & leur élévation, sur laquelle vous vous tenez, perce votre âme en vous abreuvant de son éclatante beauté. Les Chutes en elles-mêmes ne forment qu’une partie de cette toile harmonieuse. Les eaux du Lac Érié dévalent en une grande masse, l’écume et les bulles s’entrechoquant de rocher en rocher. Le torrent dérive grâce à une magnifique île boisée, écumée de chacun de ses côtés, mais dont l’extrémité audacieuse se tient près de la grande falaise où s’engouffre l’eau.
Les eaux culbutent à mesure qu’elles atteignent le bord de l’île. La cataracte est en elle-même indescriptible.
Elle doit être vue de ses yeux. On peut en peindre une toile, mais, encore là, il est impossible pour le peintre de bien la décrire, ses couleurs changeant soudainement à mesure que les eaux dégringolent, parfois portant sur le vert foncé, parfois blanches comme du lait ; la couleur de la bruine, incessante et jaillissant très haut dans les airs (illisible). Les eaux convergent vers le great horse shoe et dévalent soudainement, parfois transparentes comme l’air, parfois opaques comme de la mousse, réfléchissant les rayons du soleil & incrustées des arcs-en-ciel les plus vifs ; le torrent, comme sorti d’une caverne inconnue prend parfois de la force en sautant en bas
et ressemblent à de grands câbles de mousse, parfois usés, se retirant et dévoilant une forme de saillie, dévalant une fois de plus en une nouvelle cataracte. Et le son, parfois entendu comme un gémissement, éclate ensuite comme un furieux rugissement assourdissant. Tout cela dépasse les compétences du peintre. Mais, en bas de la falaise, le tourment du peintre disparaît. Les courants d’eau filent dans l’étroit canal rocheux de la rivière Niagara et les remous verts foncés des cascades charriant des serpents de mousse blanche, marqués par ces falaises rocheuses de 200 pieds de hauteur dominées de forêts magnifiques.
J’ai visité le nouveau pont suspendu (illisible) de 850 pieds de longueur et fixé à 250 pieds au-dessus des eaux. À environ 1 ½ sous les Chutes. Capitol des Américains et des Canadiens. Musée Barnett. Suis allé derrière les Chutes. Déçu de l’affaire (?) Traversé la frontière américaine pour saisir les plus belles vues des Chutes. Les bruines sont davantage difformes (illisible) ou leur effet. Auberge Chapter. Confortable et bonne vue des Chutes.
Vendredi, 26 mai
Quitté les Chutes à 15h00 et arrivé à 20h00 dans un petit village. Jordan. 21 milles – hébergement vraiment mauvais. Pas de foin. On ne peut pas demander ou avoir de l’avoine. Piqué par les insectes & pas dormi de la nuit, me promenant de long en large dans la chambre.
Samedi, 27 mai
Parti à 6h00. Arrivé à Hamilton à 14h00. Rencontré la veuve Swifter et sa famille, par hasard, aux quais. Des gens respectables et heureux. Tout va bien pour eux. Ils m’ont dit que leur bateau fut le premier à naviguer après l’adoption
de l’ordonnance. Parfaitement sain et confortable. Tout le monde à bord me remerciait. Je suis entré dans un beau magasin et j’y ai trouvé mon vieil ami Evans, de Limerick, derrière le comptoir. Il fait de bonnes affaires et il a un magasin splendide aussi sur la rue King. Il loue pour 120£. L’encanteur et le libraire Burke m’a dit qu’il a lu un compte rendu très favorable du livre d’Aubrey, dans
la revue Bronsom’s Quarterly, publiée à Boston.
Dimanche, 28 mai
Quitté Hamilton à 8h00. Le jour le plus chaud de l’année jusqu’à maintenant. Passé quatre heures à Bradford, au milieu de la chaude journée. Arrivé à l’hôtel Phelan à 20h00.
Lundi, 29 mai
Quitté le Phelan à 6h00. Arrivé à London vers midi. Tout a bien été, merci mon Dieu.
Mardi, 30 mai
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Mercredi, 31 mai
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Jeudi, 1er juin
Parti chasser. J’ai ajouté des spécimens d’oiseaux américains à ma collection.
Sa medi, 3 juin
J’ai reçu une très belle lettre de ma chère mère, écrite dans les meilleures dispositions, avec vigueur. Elle me dit qu’il est fort possible que Ned, Vere et elle passent quelques semaines en Angleterre.
Le thermomètre indiquait 100, sous le soleil, à 19h00.
Dimanche, 4 juin
Messe. J’ai écrit une longue lettre à maman.
Lundi, 5 juin
Parti chasser & ajouté des spécimens d’oiseaux, pour empailler.
Mardi, 6 juin
Cueillette et préservation de spécimens botaniques.
Mercredi, 7 juin
Repris la chasse. Température parfaite pour la baignade. Chaleur magnifique et brise splendide.
Jeudi, 8 juin
J’ai écrit à M. Widder à propos de l’immigration, lui expliquant certaines parties de ma longue lettre à Elliot, qui fut publiée dans les journaux. M. Goodhue m’informe que les chemins de fer du Buffalo Railroad ne peuvent soutenir des cargaisons durant les mois d’été.
Les cargaisons passent habituellement par le Canal Érié. Cependant, le trafic dans le Canal est trop élevé présentement et le Gouvernement s’apprêterait à permettre le transport de cargaisons sur les rails, moyennant un paiement au Gouvernement à la hauteur du paiement que font les compagnies de transport lorsqu’elles envoient leurs marchandises par le Canal.
Vendredi, 9 juin
Courrier de l’Angleterre. Pas de lettres.
Le thermomètre indique 100 au soleil.
Samedi, 10 juin
J’ai écrit un article au sujet de la politique gouvernementale anglaise et des dépenses en matière d’émigration. Gratitude envers le Western Canadian qui le mettra en valeur dans ses pages, comme article principal.
Dimanche, 11 juin
Messe.
Lundi, 12 juin
J’ai entendu dire que la sœur de P. Neill est malade. J’ai envoyé le médecin, Dr. Goring, la voir.
Mardi, 13 juin
Demandé au maire s’il approuvait le fait atroce et inhumain de ne pas pouvoir compter sur un hôpital permanent, dans cette grande ville. Il n’y a même pas de dispensaire pour contrer les maladies contagieuses. Le maire est totalement d’accord avec moi, mais il croit qu’il sera difficile de convaincre le conseil municipal. J’ai aussi fait part de mes vues à M. Goodhue. Dr. Goring me dit que la ville est aux prises avec des questions pécuniaires embarrassantes et qu’ils devraient (illisible) un rabais de 50 pour cent. Malhonnêteté et patronage. Aucun progrès public.
Les trois derniers jours ont été froids. Un fort vent du nord-ouest.
Mercredi, 14 juin 1848
J’ai mis les oiseaux et les fourrures dans mes bagages – j’ai vendu mon poney, ma carriole, mon harnais à Dr. Goring, pour 100$. Je lui ai vendu la selle pour 12$. J’ai accepté de lui envoyer le petit Johnny Pindar pour 2 ans. Il le paiera 2$ par mois pour la première année et 4$ par mois pour la deuxième.
J’ai vendu mes meubles à M. Clarke, de qui je les avais achetés, au tiers du prix acheté.
Coffre en noyer noir – 5$
Jeudi, 15 juin
Publication du journal « Western Canadian », avec mon poème Oberon & Titania, & mon article sur les dépenses encourues l’an passé en raison de l’immigration. Quelques commentaires aussi sur l’inefficacité des programmes de charité médicale.
Dr. Goring me dit que
Que des médecins veulent traverser l’Atlantique comme « agents » sur les bateaux d’émigrants et ne demandent pas de salaire, si le voyage leur est payé.
La situation est importante pour ces hommes (illisible) paiement régulier des salaires gouvernementaux. Très chaud. Le thermomètre indiquait 114 au soleil, à 9h00 – 98 à l’ombre à 17h00 – 88 à 22h00.
Vendredi, 16 juin
À 9h00, le thermomètre indique 123 au soleil et 95 à l’ombre. Soirée plaisante chez les Allen. Le jeune M. Allen nous a donné quelques beaux spécimens d’oiseaux. La morsure d’un serpent à sonnette ne dérange pas les cochons, qui les mangent.
Foin de trèfles. 1 ½ tonne. C’est considéré comme une bonne récolte.
Samedi, 17 juin
Curieusement, une large proportion des écureuils noirs que l’on attrape ont été castrés par l’écureuil roux.
Dimanche, 18 juin
Messe à Saint-Thomas. J’ai prié pour la maison. Dr. Goring me parle d’un drôle de mets : les serpents nourrissent leurs petits (illisible) en les avalant.
Lundi, 19 juin
Envoyé une dépêche et une facture de 70£ à M. Widder.
Mardi, 20 juin
Préparation au voyage.
Mercredi, 21 juin
Un énorme ouragan. Des grêlons de 7 pouces de circonférences.
Jeudi, 22 juin
Reçu 70£ de M. Widder. Je me suis promené dans la campagne avec M. O’Dwyer et son frère. Soirée plaisante. Musique.
Vendredi, 23 juin
Soirée en compagnie de Dr. Goring & nous sommes allés village indien Munsee Town, des Chippewaya & Munsees. 10 (illisible) Delaware sur la rivière Thames. Soupé avec le Révérend Peter Jones, le Chef indien & et un missionnaire Wesleyen marié à la fille d’un patron anglais, qui est tombée en amour avec lui à Londres et qui l’a suivi en Amérique. Cinq enfants (illisible) & opération très douloureuse, avec le stoïcisme indien. Les robes des chefs indiens sont magnifiques. Un tomahawk a été présenté (illisible), une grosse médaille par Wellington.
C’est un très grand homme, à l’allure intelligente. Très éduqué. Il a écrit des livres sur les hymnes, en indien et en anglais, qu’il m’a offerts. En Angleterre, il a récemment amassé 1 000£ afin de construire une école ayant pour objectif d’éduquer les Indiens à l’agriculture et aux autres matières générales. Les Munsee et Chippewaya ont fourni 200 acres afin d’y construire l’école, pour laquelle ils se sont entendus à fournir tout le nécessaire. Les tribus indiennes se sont alignées (illisible).
Quelques tribus sont encore païennes – pas de cannibalisme – pas de polygamie.
Meurtre de gens âgés. (illisible) Révérend Jones. Un grand conseil s’est réuni lorsqu’il a mentionné vouloir quitter sa demeure. Ils ont demandé à organiser les préparatifs et la nourriture nécessaires pour la chasse. Quand il leur a demandé la raison de tout cela, ils ont répondu « Nous mangeons avant et nous pleurons ensuite pour vous ». Il (illisible) coutumes indiennes & son portrait selon la méthode indienne pour traiter la peau d’un renne. Trempée dans l’eau, les poils se ramollissent. Ensuite, elle est polie à l’aide d’un couteau. Plongée dans l’eau avec le cerveau du renne qui reste infusé pendant plusieurs jours. Séchage ensuite. Enfin, on l’accroche sur du bois (illisible)
Feu dans un trou fait à même le sol. J’ai vu les récoltes et j’ai visité Oneida, une tribu plus civilisée et plus avancée (illisible) en matière d’agriculture, qui est venue des États-Unis et a acheté des terres ici. J’ai rencontré leur chef. Une bonne maison, mais un territoire malpropre. J’ai rencontré un jeune couple d’enfants, mariés à l’âge de 14 ans. Elle doit peser 16 stones. La langue des Oneida est complètement différente de celle des Chippewaya. Jones doit prêcher et leur parler à l’aide d’un interprète. Le nombre de tribus indiennes décline. Immobilisme des Oneida – très triste et vie éprouvante. De grandes familles.
La moyenne (illisible) 3
Jones n’approuve pas le système gouvernemental qui devrait soutenir les Indiens – ils deviennent ainsi paresseux et dépensiers.
Femme ! La plus belle beauté de la race humaine.
Sois prudente lorsqu’à cet endroit dangereux.
Parce que mademoiselle Rugg s’est endormie
Pour l’éternité à l’âge de 23 ans.
Les Chutes Niagara
25 mai 1848
Hauteur du nouveau pont, 250 pieds
Le nouveau pont suspendu du Niagara fait 850 pieds de long
Les lys bien droits de la vallée sont ébranlés par les Chutes.
Stephen De Vere, Plumes sacrées (Peter Jones) et les pensionnats autochtones
Le 23 juin 1848, Stephen va à la rencontre du prêtre méthodiste et chef Ojibwa Peter Jones, aussi nommé Kahkewaquonaby (Plumes sacrées) dans le « village indien de Munsee Town », dans le sud-ouest de l’Ontario. Il rapporte qu’il a « soupé avec le Révérend Peter Jones, le Chef indien & et un missionnaire Wesleyen marié à la fille d’un patron anglais, qui est tombée en amour avec lui à Londres et qui l’a suivi en Amérique. » Un an plus tôt, alors chef des Mississauga de la Rivière au Crédit, Peter Jones avait souscrit £12.10 « au fonds d’aide pour les Irlandais et Écossais de la Famine », au nom des « tribus indiennes du Canada-Ouest ». De Vere a ainsi décrit Peter Jones dans son journal : « Il est très éduqué. Il a écrit des livres sur les hymnes, en indien et en anglais, qu’il m’a offerts. En Angleterre, il a récemment amassé 1 000£ afin de construire une école ayant pour objectif d’éduquer les Indiens à l’agriculture et aux autres matières générales. »
Dans les faits, De Vere a constaté la fondation des premiers pensionnats scolaires autochtones au Canada. Il écrit que « les Munsee et les Chippewaya ont fourni 200 acres afin d’y construire l’école, pour laquelle ils se sont entendus à fournir tout le nécessaire. » Peter Jones a déménagé à Munceytown en 1848, afin de superviser la construction du pensionnat scolaire Mount Elgin, étant aussi désigné comme son intendant. Mais Peter Jones avait déjà démissionné de ce poste lorsque Stephen De Vere le visitera. Tombé malade, Peter Jones a démissionné puisque la direction du pensionnat n’allait pas être sous contrôle autochtone. D’ailleurs, De Vere mentionne que « Jones n’approuve pas le système gouvernemental qui devrait soutenir les Indiens – ils deviennent ainsi paresseux et dépensiers. » En somme, De Vere note que Peter Jones a fini par finalement répudier le système de pensionnant scolaire autochtone qu’il aida pourtant à mettre sur pied.
La couverture journalistique canadienne du voyage de Stephen De Vere : « Un homme tenace et dévoué »
En bout de ligne, Stephen De Vere a laissé l’héritage suivant : celui d’aider à protéger les immigrants irlandais en mer en plus de livrer un témoignage contemporain des souffrances qu’ils ont vécues. Il était un « homme fortuné et le propriétaire de plusieurs grands domaines terriens dans le sud de l’Irlande », comme le rapportait le British Canadian (20 mai 1848), mais il a tenu à accompagner ses anciens locataires lors du voyage transatlantique :
« Il a lui-même décidé de tenter l’expérience… Il a choisi une douzaine de volontaires parmi ceux et celles qui auraient voulu l’accompagner avec plaisir. Avec eux, il a pris la mer pour Québec, dans l’entrepont de l’un de ces bateaux ordinaires de passagers. Grand propriétaire terrien et locataires ont voyagé ensemble ; le premier tenant un carnet pour noter ce qui se passait durant la traversée. »
Avant de retourner en Irlande en 1848, un journal catholique, le Church de Toronto, a pris le soin de le présenter comme « un homme tenace et dévoué ». « À Toronto, il a régulièrement visité les hôpitaux, là où la fièvre et la contagion faisaient rage. Accompagné de l’Agent de l’immigration (McElderry), il est monté sur les bateaux à vapeur remplis de passagers et il a aussi inspecté les baraques de fortune érigées pour les immigrants », écrira, de son côté, le Toronto Patriot, le 23 mai 1848.
En fin de compte, Stephen De Vere a été inspiré par les soignants canadiens qui s’occupèrent des Irlandais et des Irlandaises de la Famine, tels qu’Edward McElderry et l’Évêque Michael Power, tous deux commémorés dans l’Ireland Park de Toronto, ainsi que du médecin, le Dr. George Robert Grasett. Il a travaillé aux côtés d’eux, en se souciant des immigrants malades et en montrant les sacrifices que ces derniers ont dû faire. Le journal personnel, et encore jamais publié, qu’a écrit De Vere est une source inestimable de l’histoire de l’immigration des Irlandais et des Irlandaises de la Famine au Canada, ainsi que de leur établissement en Ontario en 1847-1848.
Une biographie de Stephen De Vere
Le journal personnel, et encore jamais publié, qu’a écrit De Vere est une source inestimable de l’histoire de l’immigration des Irlandais et des Irlandaises de la Famine au Canada, ainsi que de leur établissement en Ontario en 1847-1848.