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Le journal personnel de Stephen De Vere, vol. 2

(Plusieurs phrases sont biffées)

Jeudi, 2 décembre 1847
Lettres reçues de ma mère & de Louisa Griffin. La réponse qui a été donnée (illisible) par cette dernière est toute sauf satisfaisante. Quart de mouton pesant 9 ½ livres.
Le coût en devises anglaises est de 1/9.
Vendredi, 3 décembre
Le thermomètre indique 40. La glace fond vers le milieu de la journée. Le ciel aussi boueux que le Canal.
Samedi, 4 décembre
Il neige encore. Le thermomètre indique 27. Je suis sorti marcher et
J’ai rencontré le juge (nom illisible) qui était en train de négocier, à sa clôture,
Avec un conducteur de char, pour un chargement de bois. Ils ne s’entendaient pas
Pour un six pence & le juge de s’exclamer : « bien, jeune homme, un jour je pourrais t’attraper quand tu auras commis une faute et je te ferai payer pour cela » - portrait de la
vie d’un juge de district au Canada.
Dimanche, 5 décembre
Messe. Le thermomètre indique 30.
Lundi, 6 décembre
Le thermomètre indique 35.

Mardi, 7 décembre
Le thermomètre indique 50. La neige fond rapidement.
J’ai acheté une petite quantité de foin. 2$.
J’ai acheté une petite quantité de laine. 1$.
Mercredi, 8 décembre
Selon mon ressenti, aujourd’hui fut le jour le plus froid que j’ai connu. Un fort vent, perçant, du sud-ouest, a soufflé, mais le thermomètre est resté stable autour des 45 degrés.
La neige a disparu, mais le ciel semble très menaçant. S. Goring me dit qu’il y a 13 immigrants dans le besoin et qu’ils pourraient être embauché par le gouvernement provincial s’ils veulent bien accepter l’offre à temps. Ils
demandent de meilleurs salaires.
Jeudi, 9 décembre
Petite pluie, mais dense. Très chaud. Le thermomètre indique 45. Les rhumatismes à l’épaule reviennent. Première fois depuis mon arrivée en Amérique. P. Neill a laissé tomber son
maître hier soir et il est revenu chez nous.

Un jeune garçon, apprenti chez une peintre dans les maisons, peut s’attendre à recevoir 30$ pour la première année, 40$ pour la deuxième, 60$ pour la troisième et 100$ pour la
quatrième, sans compter le logis et le lavage.
Vendredi, 10 décembre
J’ai sorti mon fusil et je suis allé marcher 6 ou 8 milles dans les bois, près de la rivière. J’ai tué deux « faisans » américains, un oiseau de la taille et de la forme d’un
tétras, mais au plumage d’une perdrix. J’ai tué deux écureuils et un spécimen de pic-bois à la grande tête écarlate.
Samedi, 11 décembre
Une petite neige est tombée durant la nuit.
Le thermomètre indique 35.
Dimanche, 12 décembre
Messe. Le thermomètre indique 50. Longue balade.
Lundi, 13 décembre
Je suis allé chasser avec Mick, Stephen & Tommy. Englouti par la neige, on n’a perdu notre chemin en forêt. Avons tué une paire de faisans, une paire de grandes cailles que l’on
appelle des perdrix, ici. Et un magnifique hibou.

Mardi, 14 décembre
Le sol est couvert de neige. Le thermomètre indique 33.
Je suis allé chasser, mais sans succès.
Mercredi, 15 décembre
Je suis encore allé chasser, toujours sans succès même si j’ai marché 20 milles, dans la neige épaisse et armé d’un compas de poche. La neige a fondu en soirée, mais nous avons
été surpris par un froid intense. La nuit fut extrêmement froide.
Jeudi, 16 décembre
Douloureusement froid. Un vent très fort venu de l’est et un gel intense. Le thermomètre indiquait bien en-deçà de 20, mais absolument plus froid que lorsqu’il indiquait 7.
Vendredi, 17 décembre
Un gel intense, mais le froid ne semble pas si vif. Le thermomètre indique 20, mais 40 lorsqu’au soleil. J’ai déplumé mon hibou.

Samedi, 18 décembre
J’ai envoyé une copie de ma lettre écrite à Elliot au Révérend J. Foley & deux journaux. Je suis allé chasser. Marché 25 milles. J’ai seulement tué une paire de cailles. Il y a
plein de rennes à Dorchester et de faisans à Biddulph. Le gel a continué, mais si chaud que j’ai pu (illisible) enlevé des couches de flanelles.
Dimanche, 19 décembre
Messe à Saint-Thomas. J’ai fait des prières pour ma famille. Une petite neige a commencé à tomber. Le thermomètre indique 30.
Lundi, 20 décembre
Le thermomètre est passé de 20 à 13. J’ai écrit une partie de ma lettre sur la colonisation.
Mardi, 21 décembre
Un gel très intense. Une petite neige couvre le sol. Le thermomètre indique 12. J’ai reçu des lettres via la poste de l’Angleterre.

Une lettre de ma mère et une autre de mon oncle, datée du 12 novembre. Elles rapportent de tristes prévisions quant à l’amélioration de la situation à la maison.
Mercredi, 22 décembre
J’ai écrit une longue lettre à mon oncle à propos de la colonisation. Fortes chutes de neige toute la journée. Le thermomètre indiquait entre 15 et 20.
Jeudi, 23 décembre
La neige continue à tomber. Le thermomètre indique 20. J’ai écrit à Aubrey.
Vendredi, 24 décembre
Une très belle journée ensoleillée. Le thermomètre indique 20. J’ai conduit mon traîneau sur 10 ½ milles sur la route de Woodstock et suis revenu deux heures après.
Samedi, 25 décembre
Jour de Noël. Gel, mais soleil.
La neige est d’une épaisseur qui varie entre 6 pouces et un pied, mais elle est dure et n’est pas mouillée & ne salit pas les bottes.

Le thermomètre indique entre 15 et 20. Ce n’est pas si froid. Je me suis promené vêtu d’une légère redingote, sans manteau. Joyeuses promenades en traîneau, déambulant à gauche et
à droite, enveloppé de partout par de confortables « robes » de fourrure généralement apprêtées dans un tissu écarlate. Chaque cheval portait un collier de cloches, bougeant leurs têtes comme s’ils aimaient le joli son que cela produisait. Puisque les traîneaux ne font pas de bruit, il y a une règle qui demande de faire porter des cloches aux chevaux. Il y a quelque chose de délirant à l’effet de glisser silencieusement sur la neige, sous un beau soleil, en respirant l’air sec mais frais. Il semblait faire plus froid à la maison, avec un thermomètre indiquant 40, qu’au Canada lorsqu’il indique 10 ; mais quand il y a un fort vent et du grand gel, c’est monstrueusement froid.

Dimanche, 26 décembre
Messe. Le gel se poursuit. Neige glacée qui craque et revole sous les pieds. Le thermomètre indique entre 10 et 15. J’ai posté des lettres à l’attention de L. Monteagle, Aubrey, J.
Gould. Chapeau 9$. Magnifiques torches ½ dollar chacune.
Lundi, 27 décembre
Fortes chutes de neige. Le thermomètre indique entre 10 et 15.
Suis allé faire du traîneau. Le foin est à 16 (illisible).
Mardi, 28 décembre
Les vents ont tourné au sud. Le thermomètre indique 30.
La neige a commencé à fondre durant la soirée.
Mercredi, 29 décembre
La neige est partie. Très chaud. Le thermomètre indique 52. M. A Faing (?) qui souhaite acheter une ferme de 200 acres, me demande un prêt de 300£ à 8 pour cent. Il m’offre sa
sécurité et celle de son frère, ainsi qu’une hypothèque sur son achat & un autre sur sa ferme

à Delaware, qui vaut 300 ou 400£ ; cette ferme serait mienne jusqu’à temps que la dette soit payée. J’ai refusé puisque je ne sais pas où je serai dans l’avenir et je ne peux
m’engager aussi loin. M. O’Dwyer m’a offert d’acheter sa ferme à Biddulph, située à 22 milles de London sur la route de Goderich. 200 acres – 75 sont défrichées – pour 500£. Si je ne veux pas
l’acheter, il m’a offert de la louer pour 30£ par année.
Jeudi, 30 décembre
Le thermomètre indique 50 à 20h00, dans mon parloir, les fenêtres ouvertes et le feu éteint. Le thermomètre indique 72.

Vendredi, 31 décembre
Une brume chaude. Je suis allé « chasser » ; autrement dit, j’avais besoin de faire de l’exercice. J’ai marché sur 30 milles. Une marche en conditions difficiles.
Samedi, 1er janvier 1848
Jour de l’an. Forte pluie. M. Widder dit que la Commission de la Santé a dépensé plus de 30,000£ pour l’hospice et ils ont survécu à de graves difficultés.
Dimanche, 2 janvier
Messe. J’ai écrit une lettre à maman, Ellen (illisible), Aubrey et C. Gould, que j’enverrai par la poste demain
Lundi, 3 janvier
Suis allé chasser. Sans succès, mais une longue marche exploratoire de 25 milles.

Noble arbuste surplombant la rivière Thames.
Poussant à 3 pieds du sol. 19 ½ pieds.
Mardi, 4 janvier
Le thermomètre indique 30. Début de gel.
Candidatures pour le comté de Middlesex. Deux candidats rivaux (illisible) facteur, de Saint-Thomas, et Notman, un ambitieux avocat ; le premier est Conservateur et l’autre est de
la Coalition Baldwin-LaFontaine du Parti de la Réforme. Habituelle rencontre entre de rudes personnages, discours remplis d’écume et déclarations des plus fallacieuses. Assez paresseux et ayant bu assez, j’y ai pris un certain plaisir. On prévoit que l’Irlandais va gagner puisque son opposant, à la dernière élection,

Avait offensé les Écossais en mentionnant irrespectueusement qu’ils avaient des poux.
Mercredi, 5 janvier
Petite neige. Le thermomètre indique 30.
Jeudi, 6 janvier
Lettres reçues de ma mère, de Mary, de Lucy & de S. Spring Rice, sur la situation de plus en plus triste qui affecte le pays. Les lettres ont été écrites et sont cachetées par la
poste du 28 novembre.
Vendredi, 7 janvier
Neige.
Samedi, 8 janvier
Neige forte. Traîneau bientôt.
Dimanche, 9 janvier
Importante épaisseur de neige, soufflée telles de denses vapeurs au-dessus d’un lac. Parti à 8h00 en traîneau, avec Stephen McDonough,

Pour la messe à Saint-Thomas. Arrivés à 10h15. 18 milles.
Repartis vers Port Stanley en après-midi – 10 milles. Il faisait si froid aujourd’hui que peu des vieux habitants sont sortis dehors, de peur d’être gelés. Le thermomètre indique
5 au-dessous de zéro et les grands vents et la poudrerie empiraient les choses. Bien emmitouflés dans des fourrures et des (illisible) irlandais, j’ai réussi à éviter toute sensation de froid. Mon poney était couvert de sa transpiration gelée – particulièrement à certains endroits de la route où nous étions plus exposés. J’ai senti parfois un léger inconfort. Le petit port de Port Stanley semble prospère. Les exportations de maïs, de porc et de farine sont importantes.

Deux grandes auberges s’y trouvent. Je me suis arrêté à l’auberge Thompson, propriété d’un Américain que j’ai trouvé très respectueux et affable. Il m’a parlé d’un événement
émouvant s’étant produit l’année passée. Un immigrant irlandais est arrivé à Port Stanley. Il s’agissait d’un vieil homme, accompagné de son épouse et de leurs trois filles. Ils ont continué leur route vers l’intérieur des terres et ont trouvé une maison. Peu de temps après, M. Thompson me dit qu’il a aperçu un quêteux près d’un pauvre buisson, qui s’en allait au vieux cimetière en transportant trois cercueils – un vieillard conduisait les bœufs - & une femme malade, faible et attristé était avec lui. Les cercueils étaient ceux des trois jeunes femmes qui étaient toutes mortes de la fièvre. La peur de la contagion étant si forte, aucun de leurs voisins

Ne sont allés aux funérailles. Le vieil homme a réussi à avoir deux bœufs, non sans difficulté, ainsi que deux wagons & avec l’aide de sa femme elle-même aux prises avec la
fièvre, ils ont creusé les tombes de leurs filles et les ont enterrées. Dans les jours suivants, la femme est décédée. Le vieil homme est le seul à avoir survécu. Le dernier de sa race. Un grand magasin en bois est en construction ici et le marchand est un dénommé Hoadley. Ça coûtera près de 12 000$.
Lundi, 10 janvier
Le froid continue de sévir. Nous retournons à London. L’élection est en cours à Saint-Thomas. Les polls sont ouverts – dans différents cantons.
Mardi, 11 janvier
La neige continue de tomber. Le thermomètre indique entre 15 et 20. L’élection du comté de Middlesex est en cours aujourd’hui. Aussi de celle du maire. Pas de grandes excitations,
mis à part chez les Écossais.

Mercredi, 12 janvier
Parti en traîneau pour Hamilton en passant sur la route du Niagara avec S. (illisible). Belle promenade, mais la chaleur de la journée est de mauvais présage. Nous avons parcouru
42 milles de 10h00 à 17h00. Quelques beaux champs cultivés et une belle villa de fermes à Woodstock.
Jeudi, 13 janvier
Nos peurs se sont concrétisées. Il y a eu fonte des neiges la nuit passée. Aujourd’hui, c’est boueux et chaud. Nous y sommes allés – le poney tirant le traîneau très
difficilement, à la marche. Nous marchions péniblement à l’arrière, sauf dans les pentes descendantes. Nous sommes arrivés à Ancaster à la nuit tombée. Ancaster est à 7 milles de Hamilton.

Des routes bien construites, englouties entre les montagnes et les vallées, jusqu’à la plage du Lac Ontario. Ça se prolonge de ce côté jusqu’à Niagara. Une immense de glace
surplombant les falaises, détachée par la fonte, s’écroula juste une heure avant notre passage – plusieurs ouvriers réussirent à y refaire un chemin, non sans difficulté. Nous sommes très difficilement arrivés à Hamilton, fatigués, après 40 milles de ce trajet.
Vendredi, 14 janvier
Nous sommes restés à Hamilton. Nous ne pouvons pas rien y voir, en raison de l’humidité et de l’épais brouillard. Sommes arrêtés chez le Révérend McKay, à l’hôtel et au marché.

Samedi, 15 janvier
Encore humide. J’ai loué un cheval & une carriole pour aller à Niagara, pour 2$ par jour. On me dit que je pourrai y arriver en une seule journée – 50 milles. La route est censée
être l’une des deux plus grandes artères, en hiver entre le Canada et les États-Unis, mais elle n’est formée que de terre & son état est horrible après la fonte des glaces. Nous nous sommes traînés dans la boue, épaisse de presque deux pieds et si lourde que le pauvre cheval ne pouvait parfois pas y dégager le sabot. D’une couleur rouge brique. Pour 13 milles – la carriole brisée, près d’une taverne, ça nous a pris quatre heures pour la réparer. À 16h00, nous étions encore à 37 milles de notre destination & et sur une route absolument

Impraticable. Dans les circonstances, il n’y avait rien d’autre à faire que de rebrousser chemin. Un jeune Américain du Michigan, à la taverne où nous étions, avec sa femme et
leur enfant, s’en allaient voir des amis dans l’État de New York. Ils avaient déjà voyagé 300 des 500 milles les séparant de leur destination et devaient attendre pour faire réparer leur traîneau. Il m’a entendu dire que je devais vendre mon traîneau et négocier & je comprenais sa situation. Il (illisible) une possibilité de faire de l’argent. À ma grande surprise, je l’ai vu me suivre dans un char encombré. Il a acheté mon traîneau pour 12$, ce qui était plus que ce que je ne pouvais avoir

n’importe où ailleurs, puisqu’il semble qu’il n’y avait pas de possibilité de vendre de traîneau cet hiver. Je lui ai demandé de souper avec moi. Il m’a offert de payer pour le
souper. On a traversé une colline effrayante. Longue et sinueuse, taillée d’un précipice d’une hauteur d’environ 6 pieds & aucunement clôturée. L’inclinaison est de 4 ou 5 & la route est si rocheuse et inégale que la carriole semblait à tout coup vouloir débarquer. On ne pouvait presque pas voir le cheval quand on descendait. Et ceci est la grande route de la poste ! La route de Hamilton, d’aussi loin que nous avons pu aller, passe par des reliefs bas, très humides mais sur d’assez bonnes terres, mal cultivées et défrichées à moitié entre le lac et les hautes crêtes d’environ 300 pieds de hauteur

surmontés par un plateau que nous avons descendu à Ancaster.
Dimanche, 16 janvier
Messe. Ai gravi la montagne au-dessus de Hamilton, une route bien construite. La vue à partir du sommet est très belle ; le village de Hamilton est aperçu en-dessous ; plus loin,
on aperçoit le Lac Ontario, entouré sur ses trois côtés par de grandes collines boisées – quelques voiliers postés aux quais, pris dans les glaces. Hamilton semble une ville prospère de quelque 7 000 habitants, comptant sur une grande roue et plusieurs petites autres. Il y a de bons magasins, mais les commerçants se plaignent du mauvais état des routes, qui n’aideraient pas leurs entreprises quand le réseau fluvial des bateaux à vapeur doit fermer pour l’hiver. Il n’y a pas de bons édifices publics. L’échange de devises dans les tavernes canadiennes est de 1/3 pour chacun des repas. 7 ½ pour chaque ½ dollar

pour 24 heures de livrée de chevaux – une livrée nourrit 7 ½ chevaux canadiens, qui sont habitués à boire autant d’eau qu’ils le peuvent à chaque 10 ou 12 milles. Il y a
d’excellentes tavernes tous les 3 ou 4 milles sur la route.
Lundi, 17 janvier
Froid intense. J’ai acheté une petite carriole pour 42$ & une robe en peau d’ours pour 28$. Parti de chez moi à 11h00. Arrivé à la taverne Woods à Bradford à 17h00. 39 milles.
Mardi, 18 janvier
Très froid. Grands vents et poudrerie. Parti à 8h00 – arrivé à London, 43 milles, à 15h00 (illisible) frais comme si elle n’avait jamais quitté l’écurie. Rencontré John Hanly – il
a eu la rougeole, mais il s’en remet.

Mercredi, 19 janvier
John Hanly va beaucoup mieux. Le médecin est venu le voir.
Jeudi, 20 janvier
Inclus 18$ pour R McKay, pour ce qui me restait à payer pour la carriole. J’ai envoyé une facture de 50£ pour Widder.
Le thermomètre indique de 50 à 55. 32. Limerick Chronicle.
Vendredi, 21 janvier
L’état de santé de J. H. s’améliore.
Samedi, 22 janvier
Beau temps. Chaud. Je suis allé me promener avec Dr. Goring, à Delaware. J’y ai vu quelques terres à vendre. Bien situées and sur des hauteurs surplombant la Thames. 3 milles de
Delaware et à 2 ½ milles de la route principale.

200 acres. 10 ou 12 de ces acres sont défrichées. Deux cabanes en bois. Le prix est de 400£. Le sol semble tolérable, côté fertilité.
Goring a acheté une scierie dans le coin. Si j’achetais et défrichais cette terre, ça pourrait amener « de l’eau au moulin ». Delaware est propre et c’est une belle vallée, bien
située sur la Thames, tavernes et ponts. Goring y possède une ferme pas très loin et il la vend pour 400£ - 115 acres – défrichée et cultivable. Une grande cabane. Il accepte de la laisser pour 12£ par année.

Dimanche, 23 janvier
Messe. Le thermomètre indique 40.
Lundi, 24 janvier
J’ai reçu 50£ de Widder. J’ai remboursé une dette à M. O’Dwyer, de 7.15£. J’ai donné 4£ à Mick. J’ai payé un quart du loyer pour 6.5£.
Mardi, 25 janvier
Brumeux. Beaucoup de pluie. Le thermomètre indique 50.
Mercredi, 26 janvier
Très humide. Le thermomètre indiquait 70 à 21h00 dans mon parloir, les fenêtres ouvertes et le feu éteint.
Jeudi, 27 janvier
J’ai reçu de plaisantes lettres de ma mère, de Mary Lucy & d’Ellen, en réponse aux miennes écrites le 15 novembre passé. S. Coghlan et son garçon sont en prison. Les méchants ne
doivent pas gagner. J’ai écrit à Pat Howard, John Burns et

William Hunt, à qui j’ai envoyé 4$.
Vendredi, 28 janvier 1848
Une petite neige se changeant en pluie. J’ai écrit une lettre à ma mère, lui décrivant mon voyage à Port Stanley et à Hamilton.
Samedi, 29 janvier
Envoyé les lettres à ma mère, à Mary Lucy et à Fanny Calvert. J’ai payé le chauffeur pour avoir conduit dans le bois.
Dimanche, 30 janvier 1848
Messe. Visite à M. D. O’Brien, un homme originaire du comté de Cork, arrivé ici il y a environ 40 ans. Il avait de l’argent à l’époque et il a pu la faire fructifier. Il a acheté
de grands terrains, lorsque c’était peu dispendieux. Il a construit ici l’Hôtel Great Western pour 5 000£, dit-il. Ça lui fait un loyer de 250£ par année, désormais. Il vient tout juste de se faire construire une très belle maison,

À un demi mille au sud de London. Elle lui a coûté 2 000£. Il possède une distillerie et il fait de l’agriculture extensive. Il vend son whiskey (illisible) par galon, mais il
avoue lui-même qu’il n’est pas très bon. Il m’a dit qu’après avoir bien défriché, ses terres les plus basses lui ont donné plusieurs récoltes de blé. Il dit que les profits de sa ferme servent à payer les ouvriers et les
taxes, mais qu’il va la vendre. J’ai compris, dans les faits, qu’il a de graves difficultés financières et qu’il est, à toutes fins pratiques, ruiné. Il garde son grand magasin à Goderich, mais il n’a pas été capable, cet hiver, de s’approvisionner en produits frais en raison du manque de traîneaux et de la route (illisible). Il parle des problèmes de retard des chemins de fer, ici. Hope & Birnell, les plus grands grossistes pour les produits d’épicerie, de quincaillerie et autres, ne vendent que sur
commission. Le village s’est embelli depuis

Ma dernière visite ; mais les édifices en bois et en briques ont été construits avec de l’argent prêté par les banques, qui demandent maintenant d’être remboursées. Si elles
mettent leur plan de remboursement à exécution, il y aura beaucoup de faillites. Le thermomètre indique 30.

Lundi, 31 janvier
Le thermomètre indique 40
Mardi, 1er février
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Mercredi, 2 février
Un besoin de voir des montagnes, comme le dit le pauvre dicton irlandais, fait penser que nous sommes presqu’à toucher l’âme de la terre, le ciel étant aussi proche, là où il
rencontre les forêts. Le son d’un télégraphe électrique ressemble à celui d’une belle harpe. C’est la Chandeleur, aujourd’hui.

Pat Neill a trouvé un emploi dans une écurie pour 7$ par mois.
Jeudi, 3 février
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Vendredi, 4 février
Le thermomètre indique 50.
Samedi, 5 février
Le thermomètre indique 45.
Il neige. Le thermomètre est descendu à 23.
Dimanche, 6 février
Messe à Saint-Thomas. J’ai prié pour ma famille. Le thermomètre indique 27. Vent du nord, parfois en bourrasques, faisant virevolter la neige pendant la nuit, avec grandes forces.
Pat Neill a décidé de démissionner de son nouvel emploi parce que son maître ne voulait pas qu’il rentre chez lui, le soir. Il ne m’a pas consulté.
Lundi, 7 février
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Mardi, 8 février
Fortes chutes de neige ce matin. Le thermomètre indiquait 31, pour monter ensuite à 40. Promené en traîneau.

Mercredi, 9 février
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Jeudi, 10 février
Courrier de l’Angleterre. J’ai reçu des lettres de ma mère, d’Ellen et de Mme L. Satisfaisantes.
Vendredi, 11 février
J’ai reçu une lettre d’Aubrey, qui avait été mal acheminée auparavant, à Toronto. Il me dit qu’Elliot a beaucoup aimé ma lettre ; il en a fait une copie pour Lord Grey & a dit
qu’il servira à changer les choses pour le mieux. Le thermomètre indique 15. J’ai écrit des lettres à ma mère, à Mary Lucy, à Vere et à Lord Monteagle.
Samedi, 12 février
J’ai envoyé mes lettres à Lord Monteagle, à Mère, Mary Lucy et Vere. La dernière incluait une révélation importante, qui décidera de ma destinée future dans la vie. J’ai lu un
rapport d’une réunion publique ayant eu lieu à Toronto, adoptant textuellement

Toutes mes opinions sur la nécessité d’améliorer le système d’immigration. Je suis content de voir que l’opinion publique canadienne soutient mes points de vue sur la question &
de voir que le gouvernement anglais s’apprête probablement à les adopter aussi.
Dimanche, 13 février
Messe. Beau soleil et temps chaud. Gel cette nuit. J’ai reçu une lettre de Johnny Burns.
Lundi, 14 février
J’ai écrit à John Burns, incluant dans l’enveloppe un 40$ pour lui. Je lui ai demandé de venir me voir ici.
Roger m’a fait une demande de prêt afin qu’il puisse aller rejoindre ses amis à Albany. J’ai accepté et lui ai fourni 16$ à cet effet. Le thermomètre indique 43.
M. Goodhue me dit que les actions d’une valeur de 250 000£, du chemin de fer Great Western (illisible), ont été achetées à Boston.

Mardi, 15 février
Le frère de Pat Neill est arrivé en ville, hier soir. La température est tellement belle et on sent le printemps se pointer.
Mercredi, 16 février
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Jeudi, 17 février
Il fait encore beau. Je suis allé en traîneau jusqu’à Delaware. Malgré le temps très sec des derniers temps, les routes sont marécageuses, à moitié glaiseuses et à moitié
sablonneuses.
Vendredi, 18 février
Conduit sur la route de Hamilton et me suis rendu jusqu’à la Toucher Mile House de Dorchester. Je suis passé par la grande forêt de pins. Sapins écossais aux 4 pieds. Grands,
assez beaux, excepté à la cime. D’autres portions formées d’un sous-bois de hêtres et de pousses de sapins – le sol est composé d’un sable assez pauvre, mais aussi de quelques pouces d’un (illisible) humus riche et noir.

Vous pouvez parfois croiser des bosquets de belles pruches-épinettes, dont les jeunes pousses sont absolument magnifiques. Dans les endroits plus marécageux, vous croiserez
certainement des crapauds sauvages (illisible) arbres qui peuvent parfois atteindre une taille géante (20 pieds de circonférence). Aspect général montagneux et en hauteur.
Plusieurs vieux arbres sont encore debout, là où le sol malléable est couvert de troncs de bois mort, gisant un peu partout de façon désordonnée, mais pratique puisqu’ils forment
des ponts naturels sur lesquels marcher pour éviter les marais. Ces arbres morts présentent toute l’apparence de (illisible) – parfois, vous marchez sur une sorte de bois (illisible), un arbre qui semble pourtant être vigoureux. Ces arbres
pourris sont parfois utiles pour les autres arbres, fournissant un réceptacle pour les graines & vous pouvez y voir des sapins, des épinettes et autres arbustes croître à leurs côtés et, même,

Atteindre une hauteur de 100 pieds, les branches prostrées de chacun des côtés du tronc d’arbre. Le bois mort est rapidement enterré par ces beaux érables, ces hêtres et ces
gigantesques (illisible), l’un de ceux-là épousant la forme d’un sabot, à partir d’un tronc dont la circonférence extérieure mesurait 4 ½ pieds. Les arbres poussent de façon latérale (phrase illisible) et pénètre profondément dans le sol. Le sol est généralement plat et la forêt vous cache la vue des collines & des vallées, mais vous arrivez parfois soudainement au bord d’un énorme ravin, qui a probablement été jadis formé une grande et (illisible) d’eau. Il n’y a pas de courant et derrière ceci (illisible).

Les bûcherons étaient au travail et disséminés dans toutes les directions & on pouvait entendre tomber les grands pins à toutes les quelques minutes, s’abattant fortement (
illisible) tempêtes & et faisant trembler la forêt lorsqu’ils s’écrasaient au sol. J’ai envoyé des spécimens de fougère et d’érable (illisible) je me souviens d’avoir vu à la maison, et aussi (illisible) des graines d’un sapin-épinette obtenues difficilement
malgré le grand nombre de cocottes disponibles. J’aimerais les essayer avec du lapin (illisible) et de l’engrais de feuilles. Une autre caractéristique saisonnière, dans la forêt américaine, est l’absence de petits oiseaux – à tout le moins des pic-bois.
Samedi, 19 février
Pluie. Le thermomètre indique 40.

Dimanche, 20 février 1848
Messe. Pluie et grêle.
Lundi, 21 février
Un fermier du territoire de Huron souhaite que je lui prête 70£, afin qu’il rembourse la Canada Co., pour la terre qu’il habite depuis 7 ans. Il a dit qu’il (illisible) pourrait
l’avancer sur la sécurité qu’il est prêt à m’offrir, sur une hypothèque sur la terre, à 20 pour cent.
Mardi, 22 février
Pat Neill travaille dans une écurie à Saint-Thomas, pour un salaire de 9$ par mois.

Mercredi, 23 février
J’ai écrit et envoyé une lettre à ma mère.
Jeudi, 24 février
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Vendredi, 25 février
J’ai conduit jusqu’à Dorchester pour chasser, mais je n’ai pas rien pris. Le thermomètre indique 25.
Samedi, 26 février
Reçu des lettres via le courrier de l’Angleterre. Une lettre de mon oncle. Il dit que Lord Grey voulait ma permission avant d’envoyer ma lettre à Lord Elgin & et de la soumettre
au Parlement. Que grand bien y fasse ! Je ne cherche ni gloire ni profit. J’ai eu une conversation

Avec l’employé de D. O’Brien. Il m’a dit qu’ils avaient acheté du blé tout l’hiver pour 2/6 cy par boisseau et que les prix à Hamilton et à Port Stanley étaient respectivement de
3/9 et de 4/ ; & de 5/ à St. Catharines et au Canal Welland. C’est dire l’importance d’améliorer les réseaux de communication régionale. Un boisseau de blé pèse au minimum 60 livres et souvent davantage. Un boisseau d’avoine père 36 livres.
J’ai signé une entente de location avec le propriétaire de la maison. Je peux la garder sur une base mensuelle. Je dois lui donner un mois de préavis, si je pense quitter. Ou
encore un mois de loyer supplémentaire lors d’un départ. Le thermomètre indique 24.

Dimanche, 27 février
Je suis allé à Saint-Thomas avec Michael. Messe là-bas.
Lundi, 28 février
J’ai eu une entrevue avec M. Goodhue et je lui ai lu ma lettre écrite à Elliot. Il semble être exactement de la même opinion que moi. Il m’a expliqué aussi qu’il fallait que les
Provinces fasse pression sur le Conseil législatif pour inciter les immigrants à venir en famille, et non seuls. Je lui ai lu le projet de DM, qu’il approuve généralement. Il prend cependant ses distances à propos des principes énoncés dans l’envoi de Lord Grey. Il a dit qu’un projet limitatif fut proposé au Conseil législatif au début de l’an passé, mais fut abandonné

Parce qu’il a été conclu que toute contrecoup sur les capitaines ou les propriétaires de (illisible) tombait sur les épaules de l’immigrant (plusieurs phrases illisibles) ;
Il a aussi dit que le Canada allait profiter grandement de l’immigration de l’an passé et ce, malgré tous les problèmes et les dépenses que cela a pu encourir. Il m’a promis de
soutenir mes idées au Conseil et d’opposer vigoureusement celles contenues dans les envois de Lord Grey. (Illisible) approuve l’idée « d’envoyer (illisible) des agents »

Ce qui je crois tout à fait possible.
Je pense que je vois des mérites aux idées de Lord Grey. Il connaît les sentiments du peuple, ainsi que la pression qui sera mise sur le gouvernement de la métropole et sur celui
d’ici & ainsi que de la nécessité d’investir grandement pour que l’émigration soit plus sécuritaire et utile. Il est nerveux & inquiet, je crois, à l’effet que les Canadiens puissent céder aux peurs et aux étroits préjugés face aux immigrants (illisible). J’ai écrit un long compte rendu de la dépêche de Lord Grey sur l’émigration, à l’attention de Lord Monteagle.
Jeudi, 29 février
J’ai écrit une lettre à Lord Monteagle, dans laquelle sont inscrites mes remarques à propos de la dépêche de Lord Grey.
Très froid. Forts vents & poudrerie. Le thermomètre indique 20.

Mercredi, 1er mars 1848
John Burns est revenu de Troy. Très froid. Le thermomètre indique entre 10 et 15. M. Goodhue était satisfait des critiques que j’ai formulées à propos de l’envoi de Lord Grey. Il
m’a demandé la permission afin de pouvoir les soumettre au Conseil législatif ; ce que j’ai accepté. J’ai appris que l’hôpital – Buffalo avaient 1 600 patients qui ont maintenant été intégrés dans la main-d’œuvre locale.
Jeudi, 2 mars
Le thermomètre indique 15 à 20. Il neige. J’ai reçu une lettre très acceptable de la part d’Elliot & accusant réception de la mienne et mentionnant qu’elle aura des effets
importants et pratiques. Il m’a aussi envoyé les documents qui sont discutés au Parlement au sujet de l’émigration. Je lui ai répondu et j’ai inclus un postscriptum à ma lettre.

Vendredi, 3 mars
Il neige. Le thermomètre indique 20.
Samedi, 4 mars
Bonne épaisseur de neige au sol. Le thermomètre indique entre 15 et 20. J’ai écrit et envoyé une lettre à ma mère et je lui ai envoyé une copie de mes remarques faites à la suite
de l’envoi de Lord Grey. J’ai envoyé mes lettres à Lord Monteagle et à Elliot.
Dimanche, 5 mars
Messe. Belle promenade en traîneau. Le thermomètre indique 10.
Lundi, 6 mars
La fonte est rapide. J’ai croisé un chien fou qui est passé à verges de moi. Pas de bâton.
Mardi, 7 mars
J’ai conduit J. Burns à Dorchester. J’ai marché dans la forêt de pins et dans un immense marécage de cèdres. Un grand sapin gisait sur le sol, sa longueur de 75 pieds et sa
circonférence de 9 pieds. J’ai croisé un sentier d’ours.

Mercredi, 8 mars
C’est mercredi des cendres aujourd’hui. Messe. Prières & et petit Tom a quitté pour les États-Unis. Je ne crains rien pour Tom, même si je suis sincèrement triste. Il ira où il
voudra aller. Pluie. Le thermomètre indique 37.
Jeudi, 9 mars
---
Vendredi, 10 mars
Chien fou.
Samedi, 11 mars
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Dimanche, 12 mars
Messe. Tempête et pluie.
Lundi, 13 mars
J’ai écrit à Widder et ai inclus une facture de 50£.

Mardi, 14 mars
Courrier de l’Angleterre, mais, encore une fois, aucune lettre de la maison. Mes écrits sur mon changement de religion sont probablement à l’origine de ce silence. Que Dieu fasse
en sorte que toute nouvelle mauvaise soit de nature qu’à m’affecter seulement. Je ne serais pas digne si je ne considérais pas la souffrance comme un glorieux privilège. Très froid. Terrible vent du nord et nuages de poudrerie. Le thermomètre indiquait ce matin 8 ou 10. A grimpé à 15 et 20, avant de redescendre à 10 et à 5.
Mercredi, 15 mars
Le froid se poursuit. Le thermomètre indique 10. Est tombé à zéro pendant la soirée.
Jeudi, 16 mars
Suis allé marcher à la rivière. Coupé des bâtons de noyer. Des arbres géants surplombent l’eau.

À en examiner l’écorce écaillée, je crois qu’il s’agit d’un platane. Ils appellent ça un arbre à boutons, ici, ou un sycomore blanc. Les branches supérieures sont éloignées. Il y
a une grande quantité de petites branches, comme les noisetiers, aux fleurs mauves (illisible). Cet arbre a besoin d’espace pour s’étendre et il peut faire 30 pieds de circonférence.
Vendredi, 17 mars
Jour de la Saint-Patrick. Neige. Le thermomètre indique 50.
J’ai traversé la Thames encore glacée. Un cheval peut encore la traverser sécuritairement.
Samedi, 18 mars
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Dimanche, 19 mars
Messe à l’église Saint-James. J’y suis allé avec Johnny Burns. Nous sommes ensuite allés à Port Stanley. Plusieurs belles terres et des fermiers écossais expérimentés. Grands
chênes et érables à sucre. Les porcs qui sont laissés dans la forêt engraissent en mangeant des noix et deviennent mous et huileux. Il faut les affamer à leur retour des bois, s’ils y sont restés deux ou trois semaines, afin que la chair redevienne bonne. La chair est de piètre qualité. Curieuse (illisible).
Lundi, 20 mars
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Mardi, 21 mars
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Mercredi, 22 mars
Promenade avec mon fusil & j’ai tiré sur 4 sortes de petits oiseaux, qui reviennent à l’approche du printemps. Je suis allé voir le (domaine) à vendre de M. Killaly, sur les rives
de la Thames. Il s’agit de 400 acres, dont plus de 100 acres sont

Défrichées. Une bonne terre et bien située, à près de 5 milles de London. Des terres assez basses. Du bon bois pour la maison et susceptible de faire vivre une grande famille. (Le
prix demandé) 1 400£, mais j’estime qu’il est possible de l’acheter immédiatement si on a 1 000£ ou 1 100£ déjà en poche. Les communications avec London sont très mauvaises. Il avait un rendez-vous au Département des travaux publics, mais il a été changé pour les mines de cuivre du Lac Supérieur. L’étage de la maison est en mauvaise condition.
Jeudi, 23 mars
Il fait beau. La chaleur s’installe de jour en jour. (Illisible) ça continue. Feu toute la nuit.
Vendredi, 24 mars
Pas en forme depuis quelques jours. Souffre de cette vieille douleur dans le creux de l’estomac.

Samedi, 25 mars
Jour de la femme. Messe. Le thermomètre indique 60.
Colis du SCSR (illisible) de l’agent de l’immigration.
Dimanche, 26 mars
Le thermomètre indiquait 55 à 22h00.
J’ai répondu à la lettre de l’agent de l’immigration de Toronto.
Lundi, 27 mars
Le thermomètre indique 50. Le printemps s’en vient absolument.
Mardi, 28 mars
Courrier de l’Angleterre. Aucune lettre de la maison, mais j’ai reçu celle de Stephen disant que tout va bien à Curragh. Lettre de Boston reçue, mentionnant qu’ils ont reçu un
colis à mon nom. J’ai écrit au Consul britannique de là-bas pour qu’il me le fasse parvenir. Content d’apprendre aussi que personne, du domaine De Vere, n’est dans un hospice ou en prison.

Mercredi, 29 mars
John Burns me quitte. Je l’ai conduit à Dorchester. Faisons le sucre d’érable – une entaille profonde doit être faite – dans laquelle un petit bec est installé, qui laisse couler
la sève parfois en gouttelettes, parfois en jet continuel (illisible), dans un bac de bois. La sève est transparente, comme de l’eau, et presque sans goût. Elle est ensuite bouillie et vendue (illisible) en petits gâteaux bruns foncés (illisible) que ça commence à apparaître. L’ours, dont j’avais vu le sentier lors de ma dernière visite à Dorchester, a été tué et

Vendu pour 10$. Le blé d’hiver commence à (illisible). J’ai pris les mesures d’une écurie de 60 x 40.
Un envoi télégraphique parle de mouvements révolutionnaires en France, en Bavière, en Espagne, en Russie & mentionne l’établissement d’une nouvelle République française. À ma
surprise & celle de l’honneur éternelle de l’Irlande, il n’y a pas eu d’attaques du genre. Si elle continue comme ça, la gratitude manifestée par l’Irlande pourrait bien finir par conquérir l’Angleterre… J’ai ramassé quelques semences d’une plante inconnue, qui forme un tapis épais

Dans une partie de Dorchester (illisible) sol sablonneux mélangé avec un léger humus brun pâle. De par les feuilles, j’imagine qu’il s’agit d’une sorte de millepertuis ou
d’andromède. La rivière Thames offre un spectacle magnifique, couverte de troncs de nobles pins, d’une longueur de 12 à 14 pieds, descendant le courant jusqu’à la scierie.
La plupart des colons embauchés par la Canada Co., dans le territoire de Huron semble décidés, selon ce que j’en comprends, à rester en possession du sol sans payer un sous. Ils
ne peuvent pas

Les payer puisque le montant demandé par la Canada Co., est plus important que tous les profits faits en la défrichant. Je prévois que ce genre de choses, provoquant bien de la
désaffection chez les Hiberniens Canadiens, aura de sérieuses conséquences là-bas. J’ai été informé à l’effet que le Gouvernement a exhorté les jeunes hommes à devenir volontaires, mais que sur les 2 000 Irlandais de Montréal, (illisible) 100 l’on fait. De grands changements ont eu cours depuis le temps des rébellions canadiennes.

Statistiques sur l’immigration au Canada des années 1833-1847.
Pour 1847 :
Nombre d’immigrants arrivés : 98 106
Nombre d’immigrants admis à l’hôpital : 8 691
Pourcentage d’admission : 8.86
Nombre de morts : 3238
Pourcentage de morts : 37.26
Cholera : (290 morts en 1833 ; aucun en 1847)
Pourcentage d’enfants : pas recensé en 1847

Fièvre et dysenterie : 8 574
Pourcentage de fièvre et dysenterie : 8.74
Variole : 92
Pourcentage de variole : 0.09
Autres maladies : 25
Pourcentage des autres maladies : 0.33
Total : 8691

Tableau 2
Énumérant le nombre de membres du clergé, des équipes médicales, des soignants à l’hôpital & autres, qui ont contracté la fièvre & qui sont morts en la saison de 1847, en prenant
les immigrants malades de Grosse-Île en charge.
Nombre de ceux qui ont donné des soins à l’hôpital.
Nombre de ceux qui ont contracté la fièvre.
Nombre de morts.
Prêtres catholiques romains : 42 / 19 / 4
Prêtres de l’Église Unie d’Angleterre : 17 / 7 / 2
Médecins : 26 / 22 / 4
Intendants à l’hôpital : 29 / 21 / 3
Infirmières, aides-soignants et chefs-cuisiniers : 186* / 76 / 22
Policiers : 10 / 8 / 3
Charretiers : 6 / 5 / 2
Malades & mourants ou décédés :
Les clercs, boulangers et servantes : 15 / 3

Département des agents de l’immigration : 1 / 1
Clercs : 1 / 1
Officiers de la Douane qui examinaient les bagages : 2 / 1
Servantes des membres du clergé catholiques romains : 8 / 4 / 1
* Plusieurs des aides-soignants, des infirmières et des chefs-cuisiniers étaient eux-mêmes des immigrants, affectés par la fièvre et qui furent embauchés après leur convalescence
; autrement, la proportion du nombre de malades aurait été grandement supérieure puisque presque tous ceux et celles qui ont été embauchés et qui sont venus de Montréal ou de Québec ont contracté la fièvre, soit à Grosse-Île ou juste après l’avoir quittée.

Tableau 3
Immigrants admis, ayant reçu leur congé et décédés à la Station de la quarantaine de Grosse-Île, pendant la saison se terminant le 3 novembre 1847.
Admis.
Congé obtenu.
Décédés.
Fièvre.
Dysenterie.
Autres maladies.
Hommes : 3 524 / 2 713 / 1 361 / 3 514 / 15 / 4
Femmes : 2 763 / 1 744 / 969 / 2 730 / 20 / 13
Enfants : 2 394 / 1 486 / 908 / 2 329 / 57 / 8
Total : 8 691 / 5 433 / 3 238 / 8 754 / 92 / 25

Tableau 4
La moyenne quotidienne du nombre de malades, selon chacun des mois de la saison :
15 au 31 mai – 451
Juin – 1 508 ½
Juillet – 1 454 ¾
Août – 2 021 1/3
Septembre – 1 330
1er au 24 octobre – 346
La moyenne quotidienne du nombre de malades pendant la saison : 1 307
Les statistiques de ce tableau #4 nous ont été fournies par le médecin, Dr. Douglas, superintendant-médical de la Station de la quarantaine de Grosse-Île.

Jeudi, 30 mars 1848
J’ai visité les chaumières en bois ronds au chemin de fer, construites de billots empilés les uns sur les autres et légèrement taillés dans les coins. Les interstices sont bouchés
par de la glaise. L’une de ces cabanes, d’une grandeur de 16 x 8, abrite un homme, sa femme et sa famille & 16 pensionnaires. C’est un orangiste du nord de l’Irlande et ses pensionnaires sont surnommés des « gens du sud profond ». Les Irlandais du Sud sont généralement surnommés des « Corkonians ». Les lits sont empilés au fond de la cabane, il y a un grand poêle dans le milieu de la pièce, des étagères rudimentaires sur les côtés, pour les assiettes et les tasses, & ça fait drôle à dire, mais on y ressent quand même un certain confort (illisible). Il est propriétaire de 200 acres dans le territoire de Huron. Ses pensionnaires lui donnent 1 ½ dollar par semaine et reçoivent de la nourriture acceptable et de la viande à chaque jour.

Comme il y a du retard dans les travaux du chemin de fer, presque tous les employés sans travail vont travailler pour le chemin de fer du Michigan, où ils reçoivent 3/6 (illisible)
par jour. Climat misérable. Il y a eu plusieurs cas graves de fièvre et de typhus récemment, là-bas. J’ai tué un bel oiseau que l’on appelle ici un « Wake Up » ou un « High Holder ». Le thermomètre indique 60 à l’ombre et 85 au soleil.
Vendredi 31 mars
Chaudes et fortes pluies. La végétation sort comme par magie.
Samedi, 1er avril
Petite neige au sol. Le thermomètre indique 30.
Je suis allé assister à une séance de la cour présidée par le chapelier, M. Dixon. Assidu, mais il ne connaît pas très bien la loi. Décisions tout à fait à l’encontre de la loi.
J’ai lu, via les journaux, que le Gouvernement a adopté mes suggestions à propos des agents d’immigration sur les bateaux.
Dimanche, 2 avril 1848
Messe. J. Burns m’écrit que la route de Hamilton jusqu’à St. Catharines n’a jamais été en aussi mauvais état.
Le thermomètre indique 50. J’ai écrit une lettre à Vere, que j’enverrai demain par la poste. (Illisible) mare grise. J’inclus les sommes convenues. Mentionne l’intention d’aller
visiter les provinces basses du Canada. Tommy Hanly de Troy a été embauché par un médecin, au salaire de 7$ par mois.
Lundi, 3 avril 1848
---
Mardi, 4 avril 1848
Envoyé la lettre à Vere, l’avertissant à l’avance de mes prochains déplacements et lui demandant d’expédier (le courrier) aux soins de John Burns, à Troy, après le 20 du mois.

Vendu un lit fait de plumes (illisible) 3.5£ et une paire de couvertures, 1.5£.
Assisté à des séances de la cour.
Une scène extraordinaire, celle de l’avocat Beecher, qui doit prouver que les charges qu’il avance sont justes et raisonnables.
Ce faisant, il a tendu le livre au juge (illisible) qui refuse d’être retiré de l’affaire… (illisible) examine finalement son propre assistant & le juge a détruit la preuve. Le
jury ayant des doutes sur la décision à rendre, le juge les a enfermés en ajournant la séance à 16h00. C’est nécessaire de prouver (illisible) le coût de la facture (plusieurs phrases illisibles) Le juge a demandé au jury de demander la somme entière, au plaignant, en leur disant qu’il approuve

L’endossement de la facture et la signature d’un homme respectable qu’il connaît bien (illisible).
Pluie ininterrompue. Le thermomètre indique 50.
Mercredi, 5 avril
Ensoleillé. Le thermomètre indique 55.
Je suis all à Dorchester pour une excursion de chasse.
Jeudi, 6 avril
Dorchester. Parti chasser. J’ai tué 3 faisans & deux lièvres blancs. Marécages très mouillés, difficiles à franchir à la marche. De l’eau jusqu’aux genoux pendant plus d’un mille.
Couché à Dorchester.
Vendredi, 7 avril
Dorchester. Encore à la chasse. Traversé la rivière dans un petit canot. Le courant était très rapide.

Pas d’écume. J’ai tiré sur un lièvre blanc. J’ai manqué un ours de très peu.
J’ai marché dans une belle forêt, assez extraordinaire et d’une sombre beauté. Tous les arbres sont des pins écossais et sont bien ancrés au sol (illisible) ne laissent pas passer
les rayons du soleil (illisible) pendant le jour. Ils sont d’une taille habituelle, leur circonférence peut atteindre 30 à 40 pieds ; les premiers cinquante pieds des troncs poussent en zigzaguant et révélant diverses formes, parfois grotesques ; pour ensuite s’élever, tout en droiture, à une hauteur de plus de 200 pieds. Contrairement à d’autres (illisible), le sous-bois est composé d’hêtres et tous semblent dépourvus d’écorce, comme si (illisible)

Aussi, il n’y avait pas d’arbres par terre & la hache ne semble jamais avoir été utilisée ici.
J’ai croisé une couleuvre de près de 2 ½ pieds de longueur. Je l’ai tuée. Sur le chemin du retour pour London, en après-midi. Le courrier anglais est arrivé & m’a apporté de
belles lettres de ma mère et de Vere. Elles sont datées du 27 février, mais Michael en a reçue une datée du 8 mars. En marchant sur ma rue, j’ai été surpris d’y voir une grande maison de briques, de deux étages et munie d’une cheminée, au beau milieu de la rue. C’est comme si elle était apparue soudainement

Tel le palais d’Alibaba… (phrases illisibles) En l’examinant, je me suis aperçu qu’elle se déplace à l’aide de roulettes & et est tirée par un câble attaché (illisible) très loin
par (illisible) des chevaux. Très chaud.
Samedi, 8 avril
Le thermomètre indique 73 à l’ombre, à midi. Indications reçues qu’il y a de l’agitation révolutionnaire en Irlande.
Dimanche, 9 avril
Messe à Saint-Thomas. J’ai prié pour ma famille. Le thermomètre indique une température très élevée de 80 à l’ombre, à 14h00.
Une dépêche télégraphique de New York parle d’agitations sérieuses à Dublin

Où 2 000 personnes auraient été tuées, mais ne parle pas de l’issue.
Lundi, 10 avril
Très chaud. Le thermomètre indique 80. Une grosse pêche dans la rivière, 1 livre de poisson. Pas du bon poisson. On les appelle des meuniers.
Mardi, 11 avril
Pluie et tonnerre. Le thermomètre indique 60. J’ai commencé à rédiger une longue lettre à ma mère – description des forêts américaines.
Mercredi, 12 avril
Le thermomètre indique 60. Dépêche télégraphique qui contredit complètement les rapports précédents sur le massacre de Dublin, qui ont dû faire l’objet d’erreurs au Bureau de
télégraphie.
Jeudi, 13 avril
Changement soudain de température. Le thermomètre indique 37.

Vendredi, 14 avril
J’ai vendu quelques livres à l’encan. 12.9.1 £
J’ai vendu une selle à M. O’Dwyer. 3£
Une bride au Dr. Goring. 2£
Lit fait de plumes à M. O’Dwyer. 3.5£
Couvertures 1.5£
Samedi, 15 avril
---
Dimanche, 16 avril
Messe. Dimanche des rameaux.
Lundi, 17 avril
P. Neill et sa femme quittent pour Troy. Je lui ai donné 6.5.0¢ & des vêtements en cadeau. Payé un mois de loyer pour la maison, dû pour aujourd’hui & j’ai signifié mon intention
de quitter dans un mois.
Mardi, 18 avril
J’attends du courrier de l’Angleterre, mais il n’arrive pas. Le thermomètre indique 40. Grands vents de l’est. L’air est voilé par le sable virevoltant. Givre en soirée. Très froid
.

Mercredi, 19 avril 1848
Trois ou quatre pouces de neige sont tombés. Le thermomètre indique 30. Il y a deux jours, il indiquait 80 ou 90.
Jeudi, 20 avril
Temps plus chaud et ensoleillé, mais ça reste un peu froid… Reçu le courrier de l’Angleterre. Une longue lettre joyeuse reçue de ma mère, ainsi que de Mary Lucy & Ellen, datée du
15 mars. J’ai terminé celle que j’écrivais pour ma mère. Je ne vais pas bien. Estomac à l’envers.
Vendredi, 21 avril
Vendredi Saint. J’ai entendu dire que le colis de Boston est arrivé à Hamilton. J’ai demandé qu’il me parvienne via M. Murphy. Encore mal en point, fièvre et dysenterie.
Samedi, 22 avril
Envoyé ma lettre à ma mère, lui décrivant la situation politique. Envoyé aussi une note à Mary Sue. Loin d’avoir recouvré la santé.

Dimanche, 23 avril
Jour de Pâques. Je suis incapable d’aller à la messe. Aucun soulagement après avoir pris trois doses successives d’huile de castor.
Lundi, 24 avril
Très malade et au lit. Demandé au médecin, Dr. Goring, de venir. Il m’a prescrit des doses importantes de calomel, à toutes les trois heures. Me sentais bien mieux au cours de la
soirée. Rapports d’insurrection en Irlande.
Mardi, 25 avril
Merci mon Dieu, je vais bien mieux aujourd’hui, mais encore exceptionnellement faible. J’ai essayé en vain, de m’assoir.
Mercredi, 26 avril
Plus en forme et plus vigoureux, mais l’estomac est à l’envers et je ne peux manger de nourriture sous forme solide. Un homme de Limerick, un soldat et notre intendant, a été
mordu par le chien que j’ai pu éviter providentiellement il y a quelques temps. L’homme est mort de la rage après avoir été malade pendant deux jours. Tous ses effets personnels ont été brûlés à la demande du colonel. J’ai écrit Oberon & Titania pour mon petit filleul Aubrey O’Brien. Dépêche télégraphique confirme les rumeurs d’agitations à Dublin.

Jeudi, 27 avril 1848
Le médecin me prescrit des exercices et des tonifiants. Je suis allé marcher, mais je suis revenu bien épuisé. Ma digestion semble avoir arrêté de fonctionner naturellement. J’ai
écrit un poème, Oberon & Titania. J’ai eu des nouvelles de P. O’Neill qui est à Buffalo. Il peut gagner 18 dollars par mois, là-bas. Un ouvrier ordinaire comme Johnny Purcil peut gagner 14$. Il y a beaucoup de travail. Tout est peu cher.
Vendredi, 28 avril
Je vais mieux aujourd’hui. J’ai écrit à John Burns, lui joignant 15$ afin que Ned McDonagh puisse venir se faire soigner ici.
J’ai écrit à Ellen.
Le thermomètre indique 65. Pluie forte en soirée.
Samedi, 29 avril
Je vais mieux. Journée froide et pluvieuse. 50 chiens ont été tués dans les rues hier & grand nombre ont été tués sous les ordres du maire.

Dimanche, 30 avril
Messe à Saint-Thomas. J’ai prié pour ma famille. J’ai cueilli quelques spécimens de fleurs du printemps, que je ferai sécher.
Lundi, 1er mai
Fortes et chaudes pluies. La végétation pousse rapidement, mais il n’y a pas encore de feuilles aux arbres. M. O’Dwyer dit qu’il achètera mon cheval, ma carriole mes trappes,
selon mes estimations de leur valeur, si j’ai de la difficulté à m’installer. Je lui ai mentionné que ça vaudrait 100$ et il a accepté.
Mercredi, 3 mai
J’ai reçu des lettres de Vere et de ma mère. Le premier m’a dit qu’il n’avait pas encore parlé de ma conversion religieuse à ma mère. La deuxième me dit que Vere pense traverser
l’Atlantique. J’ai écrit tout de suite à Vere en lui demandant d’informer maman

De ma conversion & en lui disant de ne pas venir ici, à moins que ses affaires l’en obligent absolument.
Jeudi, 4 mai
Parti pour Toronto avec Smt à 6h00. On a atteint Bradford, 57 milles, à 16h30, voyageant sous la pluie pendant 7 ½ heures.
Vendredi, 5 mai
Nous avons quitté Bradford à 6h30. On a atteint Hamilton à 10h00 (25 milles). Déjeuner là-bas. Partis à 15h30 via la route de Dundas. Route en partie enfoncée dans un sable blanc
et en partie dans la glaise. Les routes sont maintenant bien dures et formées d’ornières. J’ai croisé et tué un gros serpent noir de 4 pieds de longueur & dix (illisible). On dit ici qu’ils sont venimeux. Rattrapé en soirée

Par un orage incroyable. Pour l’éviter, nous sommes arrêtés dans une petite place nommée le Palermo. Y sommes arrivés à 19h00. 17 milles. Une campagne fort bien cultivée.
Samedi, 6 mai
Partis à 6h30. Déjeuner et ravitaillements à la taverne de la poste. 5 milles. Confortable. Collines affreuses. Arrivés à Toronto. 30 milles. 13h00.
Dimanche, 7 mai
Messe. Pris le thé avec M. Widder. Je lui ai lu ma lettre au sujet de l’immigration. Il l’approuve complètement. Il

Est d’accord avec moi sur deux points principaux – un plan sur l’immigration aiderait à la colonisation & le meilleur moyen d’aider à l’immigration et à la colonie serait de
développer un système local de communications soutenu par le Gouvernement. Je lui ai lu sa lettre pour Gladstone en 1845, dans laquelle il en appelle au développement des chemins de fer dans l’Ouest, garantis aux colonies par le Gouvernement. Il propose que le prochain bureau de poste soit assigné aux soins de la compagnie de chemins de fer & que le gouvernement signe un contrat de quinze ans avec elle pour prendre en
charge le transport militaire et du courrier.

Il propose que 25 000 par année soit alloué par le Gouvernement et la même somme par le Parlement provincial, ou encore que le 50 000 soit garanti seulement par l’Angleterre et le
Canada s’engage à la rembourser avec intérêts. De tels travaux sont, selon lui, nécessaires d’un point de vue militaire, social et commercial. Une route en bois coûte entre 500£ et 700£ par mille.
Une route en macadam coûte entre 1 200£ et 1 800£.
Cette dernière dure environ 5 ans.
Les dépenses pour maintenir la première s’élèvent à 15£ par année, après les deux premières années de vie.

Le projet de chemins de fer de Widder voudrait dire de réserver 2 000 000 acres, par le gouvernement, des terres situées au nord du territoire de Huron. Elles resteraient sous
juridiction gouvernementale jusqu’au moment où les colons pourraient s’y établir. Le gouvernement colonial offrirait des titres de la moitié de la valeur, garantis par le gouvernement impérial pour l’autre moitié, pour les terres au nord de Huron (50 à 100 acres), vendues à prix fixe. Vaut la peine de payer la moitié en argent comptant et l’autre moitié en titres (illisible).

Les profits nets du chemin de fer devraient aller au (illisible) paiement de la dette seulement.
Il est proposé que les travaux soient menés seulement par la compagnie.

Chemin de fer – No. 2
Diffère principalement du projet No. 1 puisque ce serait le gouvernement qui assumerait entièrement sa construction et les travaux de maintenance ; réservant 2 000 000 d’acres &
certaines clauses permettant aux compagnies actuelles de faire du profit selon certaines conditions. Il dit que la main-d’œuvre dans les chemins de fer serait plus qu’assurée.

(phrases illisibles) ensuite, par les conseils de districts.

Les immigrants pauvres
Le Gouvernement donnerait une somme d’argent à toute personne intéressée à installer 1 à 3 familles sur sa ferme pour la construction d’un chalet & l’achat de deux vaches lorsque
la maison serait bâtie & des acres pour cultiver le sol. La personne qui procéderait à des bonifications aurait le pouvoir de nommer une famille d’immigrants (illisible) rester pendant 5 ans ; les 5 prochaines années seraient en location = avec une dette à rembourser pour la construction et le défrichage, mais une possibilité d’achat. Aucune spéculation permise. Les familles

Seraient prises en charge par le Gouvernement. Frais à payer au Gouvernement jusqu’à remboursement total de la dette.
Déménagement ou sous-location seraient interdits. Pas de maisons ne pourraient être construites si moins de 20 acres défrichées sur le total de 200 acres fournies.
Après 5 ans de résidence et approbation du clergé, possibilité de payer la terre en argent comptant.

Prêts de 10£ et de 20£ seraient octroyés par le Gouvernement aux familles d’immigrants…
Remises de la Canada Co., pour les amis des immigrants, en petites coupures.
Lundi, 8 mai
Je suis allé au bureau de la Canada Co., et j’ai réglé mon compte.
Mon crédit : 1 233£ & intérêts de 44£.
Mardi, 9 mai
Chèque (pour le prêt de M. O’Dwyer) – 100
Argent comptant – 40
Traite de New York – 60

Je suis retourné à Windsor.
Souper avec M. Widder. Une soirée plaisante. Première fois qu’il y a de la musique depuis mon arrivée en Amérique. J’ai rencontré M. Warburton, le cousin d’Elliot, qui vient tout
juste d’obtenir un emploi d’inspecteur au bureau de poste & M. Todd, dont la sœur est mariée à Ham (?) Lane, ainsi que le vice-chancelier Jameson. Époux de l’auteure. Elle lutte pour le droit des femmes et préfère vivre en Angleterre. Estimation de la valeur de ma carriole 7$
Écurie ½ dollar par jour.
Mercredi, 10 mai
Reparti par la

Route du Lac. Une route argileuse. Belle vue du lac. Un pauvre coin de pays. Du pin et du bouleau. Port Credit 14 milles. Un petit port en difficulté, misérables quais. Ruines.
Couché à Wellington Square, 36 milles. Me suis perdu. 4 milles de détour. Confortable.
Jeudi, 11 mai
Très humide et froid. N’ai pas pu partir avant 10h00. La route est très raboteuse et faite de pierres fraîchement installées. La vue de la portion nord de la baie de Burlington
est très belle. Elle est entourée de grands arbres et on aperçoit la ville de Hamilton au loin

Du côté opposé. Couché à la taverne Phelan (Cartwood) à Bradford – très confortable. Arrivé vers 19h00. 47 milles.
Vendredi, 12 mai
Parti à 8h00. Arrivé à London à 17h00. J’ai reçu des lettres de ma mère et d’Aubrey. Ils me suggèrent fortement de rester ici, en m’avertissant que mon retour, à l’heure actuelle,
pourrait me placer dans une position inconfortable. En ce qui concerne les agitations, mon frère et d’autres prennent parti pour le Gouvernement et ils savent que je ne pourrais pas soutenir la même position qu’eux. Ned (?) revient de Troy. Son (?) là-bas ne m’incite pas à passer du temps

Avec eux. J’ai donc décidé de rester ici pour un autre mois. Je n’ai pas réussi à renouveler mon bail pour un mois puisqu’un nouveau locataire emménage dans ma maison.
Samedi, 13 mai
Chasse. Sans succès.
Dimanche, 14 mai
Messe. J’ai écrit à Aubrey. Courrier du soir. Pas de lettres reçues. J’ai écrit à Widder, lui renvoyant le chèque de 100£ (illisible) que je voulais (illisible) à être restitué
dans mon compte).
Lundi, 15 mai
M. O’Dwyer envoie du courrier

Et prétend qu’une somme de 7.11.6£ lui est due. Il la demande (notes illisibles) et il refuse de prendre ou de payer la selle qu’il m’avait promis d’acheter pour 3£. Je lui ai
donné 7.11.6£ que je lui ai envoyé par (illisible). Il m’avait aussi promis d’acheter…

Mardi, 16 mai
J’ai réussi à avoir une maison pour 2 mois à 8$ par mois. Je dois aviser, 14 jours à l’avance, dans l’éventualité où j’ai l’intention de quitter après les deux mois de loyer.
Les assises se poursuivent. Le conseiller de la Couronne a parlé à quelques témoins, avant d’en appeler un autre, à qui il a dit : « vous avez vu l’examen de témoin précédent, est-
ce que vous corroborez ? » Il a encore demandé au juge ce qu’il devait faire si jamais un prisonnier est présentement en prison. Aucune information – aucun engagement – le geôlier était d’accord (illisible) commis ou pour lequel des crimes commis. Le juge n’a fait qu’émettre des remarques (illisible) sur les points de procédure.
Mercredi, 17 mai
J’ai répondu à Widder à propos de ses (illisible) projets sur l’immigration & la colonisation, dans une longue

Lettre truffée de questions et de commentaires.
Jeudi, 18 mai
Très chaud aujourd’hui. Le thermomètre indiquait 80 à l’ombre. J’ai reçu une lettre de Widder, me disant qu’il avait remis les 100£, dans mon compte, que je lui avais envoyées.
Vendredi, 19 mai
Déménagé dans la nouvelle maison. Payé M. Smith au complet pour le loyer de 2.1.9£ & payé un mois de loyer pour la nouvelle maison, en avance. 2£. Excessivement chaud.
Samedi, 20 mai
Forte pluie. J’ai pris mon fusil et j’ai tiré sur plusieurs beaux spécimens d’oiseaux. Fleurs printanières. De grands géraniums violets. Des violettes sauvages, plus petites qu’à
la maison, aux touches de blanc & de jaune clair, qui pourraient bien être des pensées. De beaux phlox de couleur mauve – pas de marguerites ni de primevères. Divers types de poissons abondent dans la rivière. J’en ai tué plusieurs

Sortes en les attrapant dans un filet ou avec des crochets & harpons – meuniers, mulets, achigans à grande bouche. De belles fougères – marais jaunâtre. Des centaines de beaux
écureuils au pelage gris, plus petits qu’un rat, et des tamias noirs.
Dimanche, 21 mai
Messe. Chaud. Sombre, avec orages et fortes averses.
Lundi, 22 mai
Parti pour le Niagara à 8h00. Je suis arrêté à la taverne Phelan à Bradford à 16h00. J’ai remarqué la présence (illisible) mauve.
J’ai visité une scierie – moteurs à 16 chevaux & deux scies. Ça fonctionne sans (illisible) du lundi à 13h00 jusqu’au samedi, à 22h00.
L’ingénieur est un jeune Écossais. Ils

Brûlent la sciure de bois (illisible)
Fera marcher le moteur seulement que 14 heures sur 24. Huit mains pour manœuvrer, pour un salaire de 11 à 16 dollars par mois.
Ils scient seulement le pin. Le produit va principalement aux États-Unis. Ils emploieront la machinerie pour moudre le grain de maïs lorsque tous les arbres, dans les 2 ou 3
milles aux alentours, seront sciés. C’est trop cher de faire venir le bois sur une plus grande distance. Ceux qui ont construit la scierie, ainsi que le propriétaire sont maintenant (illisible) et la scierie
fonctionnait (illisible).
Mardi, 23 mai
Parti à 7h00. Arrivé à Hamilton à 15h00. 39 milles. Marché de l’autre côté de la baie, pour montrer la vue splendide à Mick. La scène, sans les montagnes, est plus belle qu’à

La baie de Burlington. Nous sommes allés écouter Langrishe en soirée. C’est un chanteur comique, un improvisateur et un acteur talentueux, qui joue parfois des pièces irlandaises.
Mercredi, 24 mai
Parti pour Hamilton à 9h00. La route était effrayante – en fait, il n’y avait pas de route. Nous nous sommes arrêtés pour se reposer et manger pendant deux heures & nous sommes
arrivés à St. Catharines. 35 milles. St. Catharines est à 4 milles au nord du Canal Welland. Une ville qui se développe bien. Très irlandaise. De gros moulins, un excellent hôtel et un superbe marché à maïs. La campagne, entre Hamilton et St. Catharines, est très bien – sol argileux. Une grande colonie – 4 belles églises. L’église catholique a été construite par les ouvriers irlandais du Canal Welland. Une portion de la route a été bien construite, mais elle est misérablement entretenue.

Jeudi, 25 mai
Quitté St. Catharines à 9h00. La route jusqu’à Saint-David est dans un meilleur état. 8 milles. Laissé du courrier ici & nous avons croisé une belle route dans la colline,
pittoresque, menant aux Chutes. 6 milles de Saint-David. Ce serait probablement insuffisant de décrire les Chutes comme l’une des « merveilles » du monde. Elles ne vous font pas peur, ni vous terrifient ou vous stupéfient, mais elles
obligent quiconque à rester là, dans l’admiration la plus enthousiaste. La hauteur des cataractes n’est pas si importante : 160 pieds, au maximum & et leur hauteur apparente

N’est en rien comparable à leur largeur prodigieuse & leur élévation, sur laquelle vous vous tenez, perce votre âme en vous abreuvant de son éclatante beauté. Les Chutes en elles-
mêmes ne forment qu’une partie de cette toile harmonieuse. Les eaux du Lac Érié dévalent en une grande masse, l’écume et les bulles s’entrechoquant de rocher en rocher. Le torrent dérive grâce à une magnifique île boisée, écumée de chacun de ses côtés, mais dont l’extrémité audacieuse se tient près de la grande falaise où s’engouffre l’eau. Les eaux culbutent à mesure qu’elles atteignent le bord de l’île. La cataracte est en elle-même indescriptible.

Elle doit être vue de ses yeux. On peut en peindre une toile, mais, encore là, il est impossible pour le peintre de bien la décrire, ses couleurs changeant soudainement à mesure
que les eaux dégringolent, parfois portant sur le vert foncé, parfois blanches comme du lait ; la couleur de la bruine, incessante et jaillissant très haut dans les airs (illisible). Les eaux convergent vers le great horse shoe et dévalent soudainement, parfois transparentes comme l’air, parfois opaques comme de la mousse, réfléchissant les rayons du soleil & incrustées des arcs-en-ciel les plus vifs ; le torrent, comme sorti d’une caverne inconnue prend parfois de la force en sautant en bas

et ressemblent à de grands câbles de mousse, parfois usés, se retirant et dévoilant une forme de saillie, dévalant une fois de plus en une nouvelle cataracte. Et le son, parfois
entendu comme un gémissement, éclate ensuite comme un furieux rugissement assourdissant. Tout cela dépasse les compétences du peintre. Mais, en bas de la falaise, le tourment du peintre disparaît. Les courants d’eau filent dans l’étroit canal rocheux de la rivière Niagara et les remous verts foncés des cascades charriant des serpents de mousse blanche, marqués par ces falaises rocheuses de 200 pieds de hauteur dominées de forêts magnifiques. J’ai visité le nouveau pont suspendu (illisible) de 850 pieds de longueur et fixé à 250 pieds au-dessus des eaux. À environ 1 ½ sous les Chutes. Capitol des Américains et des
Canadiens. Musée Barnett. Suis allé derrière les Chutes. Déçu de l’affaire (?) Traversé la frontière américaine pour saisir les plus belles vues des Chutes. Les bruines sont davantage difformes (illisible) ou leur effet. Auberge Chapter. Confortable et bonne vue des Chutes.

Vendredi, 26 mai
Quitté les Chutes à 15h00 et arrivé à 20h00 dans un petit village. Jordan. 21 milles – hébergement vraiment mauvais. Pas de foin. On ne peut pas demander ou avoir de l’avoine.
Piqué par les insectes & pas dormi de la nuit, me promenant de long en large dans la chambre.
Samedi, 27 mai
Parti à 6h00. Arrivé à Hamilton à 14h00. Rencontré la veuve Swifter et sa famille, par hasard, aux quais. Des gens respectables et heureux. Tout va bien pour eux. Ils m’ont dit
que leur bateau fut le premier à naviguer après l’adoption de l’ordonnance. Parfaitement sain et confortable. Tout le monde à bord me remerciait. Je suis entré dans un beau magasin et j’y ai trouvé mon vieil ami Evans, de Limerick, derrière le comptoir. Il fait de bonnes affaires et il a un magasin splendide aussi sur la rue King. Il loue pour 120£. L’encanteur et le libraire Burke m’a dit qu’il a lu un compte rendu très favorable du livre d’Aubrey, dans

la revue Bronsom’s Quarterly, publiée à Boston.
Dimanche, 28 mai
Quitté Hamilton à 8h00. Le jour le plus chaud de l’année jusqu’à maintenant. Passé quatre heures à Bradford, au milieu de la chaude journée. Arrivé à l’hôtel Phelan à 20h00.
Lundi, 29 mai
Quitté le Phelan à 6h00. Arrivé à London vers midi. Tout a bien été, merci mon Dieu.
Mardi, 30 mai
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Mercredi, 31 mai
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Jeudi, 1er juin
Parti chasser. J’ai ajouté des spécimens d’oiseaux américains à ma collection.
Samedi, 3 juin
J’ai reçu une très belle lettre de ma chère mère, écrite dans les meilleures dispositions, avec vigueur. Elle me dit qu’il est fort possible que Ned, Vere et elle passent quelques
semaines en Angleterre. Le thermomètre indiquait 100, sous le soleil, à 19h00.
Dimanche, 4 juin
Messe. J’ai écrit une longue lettre à maman.

Lundi, 5 juin
Parti chasser & ajouté des spécimens d’oiseaux, pour empailler.
Mardi, 6 juin
Cueillette et préservation de spécimens botaniques.
Mercredi, 7 juin
Repris la chasse. Température parfaite pour la baignade. Chaleur magnifique et brise splendide.
Jeudi, 8 juin
J’ai écrit à M. Widder à propos de l’immigration, lui expliquant certaines parties de ma longue lettre à Elliot, qui fut publiée dans les journaux. M. Goodhue m’informe que les
chemins de fer du Buffalo Railroad ne peuvent soutenir des cargaisons durant les mois d’été.

Les cargaisons passent habituellement par le Canal Érié. Cependant, le trafic dans le Canal est trop élevé présentement et le Gouvernement s’apprêterait à permettre le transport
de cargaisons sur les rails, moyennant un paiement au Gouvernement à la hauteur du paiement que font les compagnies de transport lorsqu’elles envoient leurs marchandises par le Canal.
Vendredi, 9 juin
Courrier de l’Angleterre. Pas de lettres.
Le thermomètre indique 100 au soleil.
Samedi, 10 juin
J’ai écrit un article au sujet de la politique gouvernementale anglaise et des dépenses en matière d’émigration. Gratitude envers le Western Canadian qui le mettra en valeur dans
ses pages, comme article principal.
Dimanche, 11 juin
Messe.

Lundi, 12 juin
J’ai entendu dire que la sœur de P. Neill est malade. J’ai envoyé le médecin, Dr. Goring, la voir.
Mardi, 13 juin
Demandé au maire s’il approuvait le fait atroce et inhumain de ne pas pouvoir compter sur un hôpital permanent, dans cette grande ville. Il n’y a même pas de dispensaire pour
contrer les maladies contagieuses. Le maire est totalement d’accord avec moi, mais il croit qu’il sera difficile de convaincre le conseil municipal. J’ai aussi fait part de mes vues à M. Goodhue. Dr. Goring me dit que la ville est aux prises avec des questions pécuniaires embarrassantes et qu’ils devraient (illisible) un rabais de 50 pour cent. Malhonnêteté et patronage. Aucun progrès public. Les trois derniers jours ont été froids. Un fort vent du nord-ouest.

Mercredi, 14 juin 1848
J’ai mis les oiseaux et les fourrures dans mes bagages – j’ai vendu mon poney, ma carriole, mon harnais à Dr. Goring, pour 100$. Je lui ai vendu la selle pour 12$. J’ai accepté de
lui envoyer le petit Johnny Pindar pour 2 ans. Il le paiera 2$ par mois pour la première année et 4$ par mois pour la deuxième. J’ai vendu mes meubles à M. Clarke, de qui je les avais achetés, au tiers du prix acheté.
Coffre en noyer noir – 5$
Jeudi, 15 juin
Publication du journal « Western Canadian », avec mon poème Oberon & Titania, & mon article sur les dépenses encourues l’an passé en raison de l’immigration. Quelques commentaires
aussi sur l’inefficacité des programmes de charité médicale. Dr. Goring me dit que

Que des médecins veulent traverser l’Atlantique comme « agents » sur les bateaux d’émigrants et ne demandent pas de salaire, si le voyage leur est payé.
La situation est importante pour ces hommes (illisible) paiement régulier des salaires gouvernementaux. Très chaud. Le thermomètre indiquait 114 au soleil, à 9h00 – 98 à l’ombre à
17h00 – 88 à 22h00.
Vendredi, 16 juin
À 9h00, le thermomètre indique 123 au soleil et 95 à l’ombre. Soirée plaisante chez les Allen. Le jeune M. Allen nous a donné quelques beaux spécimens d’oiseaux. La morsure d’un
serpent à sonnette ne dérange pas les cochons, qui les mangent. Foin de trèfles. 1 ½ tonne. C’est considéré comme une bonne récolte.

Samedi, 17 juin
Curieusement, une large proportion des écureuils noirs que l’on attrape ont été castrés par l’écureuil roux.
Dimanche, 18 juin
Messe à Saint-Thomas. J’ai prié pour la maison. Dr. Goring me parle d’un drôle de mets : les serpents nourrissent leurs petits (illisible) en les avalant.
Lundi, 19 juin
Envoyé une dépêche et une facture de 70£ à M. Widder.
Mardi, 20 juin
Préparation au voyage.
Mercredi, 21 juin
Un énorme ouragan. Des grêlons de 7 pouces de circonférences.

Jeudi, 22 juin
Reçu 70£ de M. Widder. Je me suis promené dans la campagne avec M. O’Dwyer et son frère. Soirée plaisante. Musique.
Vendredi, 23 juin
Soirée en compagnie de Dr. Goring & nous sommes allés village indien Munsee Town, des Chippewaya & Munsees. 10 (illisible) Delaware sur la rivière Thames. Soupé avec le Révérend
Peter Jones, le Chef indien & et un missionnaire Wesleyen marié à la fille d’un patron anglais, qui est tombée en amour avec lui à Londres et qui l’a suivi en Amérique. Cinq enfants (illisible) & opération très douloureuse, avec le stoïcisme indien. Les robes des chefs indiens sont magnifiques. Un tomahawk a été présenté (illisible), une grosse médaille par Wellington.

C’est un très grand homme, à l’allure intelligente. Très éduqué. Il a écrit des livres sur les hymnes, en indien et en anglais, qu’il m’a offerts. En Angleterre, il a récemment
amassé 1 000£ afin de construire une école ayant pour objectif d’éduquer les Indiens à l’agriculture et aux autres matières générales. Les Munsee et Chippewaya ont fourni 200 acres afin d’y construire l’école, pour laquelle ils se sont entendus à fournir tout le nécessaire. Les tribus indiennes se sont alignées (illisible). Quelques tribus sont encore païennes – pas de cannibalisme – pas de polygamie.

Meurtre de gens âgés. (illisible) Révérend Jones. Un grand conseil s’est réuni lorsqu’il a mentionné vouloir quitter sa demeure. Ils ont demandé à organiser les préparatifs et la
nourriture nécessaires pour la chasse. Quand il leur a demandé la raison de tout cela, ils ont répondu « Nous mangeons avant et nous pleurons ensuite pour vous ». Il (illisible) coutumes indiennes & son portrait selon la méthode indienne pour traiter la peau d’un renne. Trempée dans l’eau, les poils se ramollissent. Ensuite, elle est polie à l’aide d’un couteau. Plongée dans l’eau avec le cerveau du renne qui reste infusé pendant plusieurs jours. Séchage ensuite. Enfin, on l’accroche sur du bois (illisible)

Feu dans un trou fait à même le sol. J’ai vu les récoltes et j’ai visité Oneida, une tribu plus civilisée et plus avancée (illisible) en matière d’agriculture, qui est venue des
États-Unis et a acheté des terres ici. J’ai rencontré leur chef. Une bonne maison, mais un territoire malpropre. J’ai rencontré un jeune couple d’enfants, mariés à l’âge de 14 ans. Elle doit peser 16 stones. La langue des Oneida est complètement différente de celle des Chippewaya. Jones doit prêcher et leur parler à l’aide d’un interprète. Le nombre de tribus indiennes décline. Immobilisme des Oneida – très triste et vie éprouvante. De grandes familles. La moyenne (illisible) 3

Jones n’approuve pas le système gouvernemental qui devrait soutenir les Indiens – ils deviennent ainsi paresseux et dépensiers.

Femme ! La plus belle beauté de la race humaine.
Sois prudente lorsqu’à cet endroit dangereux.
Parce que mademoiselle Rugg s’est endormie
Pour l’éternité à l’âge de 23 ans.
Les Chutes Niagara
25 mai 1848
Hauteur du nouveau pont, 250 pieds
Le nouveau pont suspendu du Niagara fait 850 pieds de long
Les lys bien droits de la vallée sont ébranlés par les Chutes.
Bruines. L’eau s’élèvent au-dessus les Chutes.

DOM
Et sub invorations beate Catherine
Very et Mart
Hor fidele ae pietates inonumenture
Erexsuent
Hibernici in Canal Welland laborantes
1844
St. Catharines
24 mai 1848.
(Fin du journal personnel).