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L'histoire de survivants et de leurs traumatismes, racontée par Mark McGowan

Prise de vue extérieure d'un homme barbu devant un garde-fou, lunettes de soleil au front, vêtu d'un chandail bleu marin sur lequel est inscrit « Canada » en rouge. Aperçu des Chutes Horseshoe du Niagara et bruine tourbillonnante, à l'arrière-plan. La rivière Niagara est visible dans le bas de l'image, vers la gauche. Le son impressionnant des Chutes est aussi audible.

Je m'appelle Mark McGowan et je suis professeur d'histoire à l' University of Toronto. Je me trouve présentement aux Chutes du Niagara.

J'aimerais que vous vous imaginiez être ici, il y a cent soixante-dix ans, dans les années 1840, à cet endroit jadis parfaitement sauvage où le seul son entendu était celui des Chutes.

C'est ce que les immigrants irlandais ont dû voir et entendre en arrivant ici, après avoir fui la Famine en Irlande en 1847 et 1848. Certains d'entre eux et d'entre elles louaient des parcelles de terrain sur le grand domaine terrien de Denis Mahon. Plus de 1 490 Irlandais et Irlandaises ont fui son domaine en 1847, traversant l'océan Atlantique dans quatre bateaux-cercueils et débarquant à Grosse-Île, pour ensuite poursuivre leur route, pour les survivants, vers Montréal, Kingston, Toronto et Niagara.

Ces Irlandais et Irlandaises savaient qu'ils venaient ici en tant que colons. Ils savaient qu'il y avait du travail au Canal Welland, qui devait servir à contourner les Chutes qui se trouvent derrière moi, en reliant le Lac Érié, ainsi que les autres Grands Lacs situés plus à l'ouest, au Lac Ontario, au Fleuve Saint-Laurent et, enfin, à l'océan Atlantique. Les immigrants allaient ainsi participer à l'une des plus grandes épopées de l'histoire économique du Canada.

Mais refaire sa vie à neuf n'était pas facile. Plusieurs ont connu un destin tragique.

De nombreux immigrants et immigrantes, partis du comté de Roscommon en Irlande, ont péri sur les bateaux-cercueils. D'autres sont morts sur Grosse-Île et à Montréal. De nouveaux drames en attendaient d'autres ici, alors qu'ils avaient pourtant réussi à s'y établir après un si long périple.

L'un des drames concernait deux familles, en particulier - la famille O'Connor et la famille Brennan de Kilmacanneny, dans le comté de Roscommon. L'épouse de Thomas Brennan, Bridget, est décédée à Grosse-Île. L'un de leurs deux enfants est aussi décédé là-bas. Thomas est arrivé à Niagara avec son adolescente en 1847 ou peut-être au tout début de l'année 1848. Ils se sont installés ici entourés de gens de Roscommon, qu'il connaissait : les O'Connor, les Hopkin, les Gleeson et d'autres familles qui avaient décidé, tout comme lui, de se refaire une vie ici.

Lorsque Mary et Patrick O'Connor ont été portés disparus, les soupçons se sont rapidement tournés vers Thomas Brennan, qu'ils connaissaient bien.

Un grand bateau et plusieurs personnes debout sur le pont sont aperçus dans le coin inférieur gauche de l'image. Le bateau remonte la rivière Niagara et se dirige près des Chutes.

Les corps ont été retrouvés dans cette gorge de la rivière Niagara. Patrick O'Connor avait été frappé à mort avec son propre marteau et Mary O'Connor avait été étranglée et son corps reposait, nu, sur le sol.

Thomas Brennan a plus tard été arrêté à Toronto alors qu'il tentait de vendre les vêtements de Mary O'Connor. On a trouvé une somme d'argent importante dans ses poches : les économies alléguées de Patrick O'Connor.

Le fils du couple O'Connor, John, avait aussi été porté disparu, mais il fut retrouvé. Il avait été poussé dans la rivière Niagara et on le croyait mort.

Les rapports de la Cour nous en apprennent sur ce drame ayant affecté les histoires canadienne et irlandaise. Tous les témoins ayant comparu au procès de Thomas Brennan venaient du grand domaine terrien de Strokestown - les Dalton, les Hopkin et les O'Connor, indiquant ainsi qu'ils avaient tous en commun l'idée d'immigrer dans la région du Niagara et d'y refaire leurs vies.

Thomas Brennan ne pourra pas, lui, y refaire sa vie puisque son destin a été scellé au moment du jugement. Il fut déclaré coupable des deux meurtres et fut pendu et ensuite inhumé non loin d'ici, dans la ville de St. Catharines, au Canada-Ouest (Ontario).

Il s'agissait là d'une fin tragique qui détonnait avec l'espoir initial de se refaire une vie à la frontière canadienne.

Caméra balayant vers la gauche sur la rivière Niagara, filmant les Chutes américaines, à Niagara Falls.

Prise de vue finale d'une étendue d'eau. Logo de l'Ireland Park Foundation à l'écran. Musique celtique.